" Mademoiselle Goh Suk Hee ?
- Oui. C'est moi.
- Ici l'hopital de Séoul, nous savons que vous êtes à l'étranger à ce jour, mais votre frère Goh Shin Gook a eu un terrible accident de voiture.
- Co... Comment ? Shin Gook ? Il va bien j'espère.
- Nous vous rappellerons.
- Atten.. dez. "

Communication coupé. Battement de coeur. C'est quoi cette connerie ?
Je crois bien que sur le coup je n'y crus pas. Et pourtant, c'était réel. Et pourtant, je m'effondrais en larmes dans le hall de l'hôtel sous le regard du personnel surpris. L'une des femmes de ménage m'aida même à me relever et m'emmener jusqu'à ma chambre. Quand je fus arrivé, je me retrouvais déjà sur mon lit, en larmes, seule. Quatre heures du matin et rien d'autre à faire que d'appeler mes amis. Ceux qui pourront peut-être trouver la force de me réconforter ou de me laisser croupir. Aenah. Puis Mi Sun. Puis Hyun Ki qui a bien des égards connaissaient légèrement mon frère. Min Ah. Layla qui n'était pas dans la chambre à cette heure là. Et enfin Jae Young, car, malgré le fait que j'avais passé la soirée avec lui, malgré le fait qu'il m'attire physiquement, malgré le fait qu'il me rend dingue, je me sentais obligé de l'appeler, je savais qu'il serait là, pour moi. Allongée de tout mon long sur mon lit, les larmes redoublaient. Comment Shin Gook pouvait avoir eu un accident. Comment... Pire... Non...

Cinq heures du matin.
Je ne dors toujours pas.

Six heures du matin.
Je ne dors toujours pas.

Sept heures du matin.
Toujours encore pas.

Huit heures du matin.
Je vais mourir.

Neuf heures du matin.
Mourir avec mon frère.

Dix heures du matin.
Aucune nouvelles, j'ai peur.

Onze heures du matin.
Seule et toujours seule.

Midi.
Aucune envie de sortir. Quelqu'un frappe à ma porte. Je me tais, je fais la morte. Mais ils savent que je suis là. Que je suis dans un pitoyable état Que je vais mal. Et pourtant au fond de moi, je sais que pire ce sera quand je saurais si... quand... Et bientôt j'allais savoir. J'allais recevoir un appel qui me ferait tomber de haut, très haut. Si ce n'est déjà fait.

J'étais encore dans le hall de l'hôpital lorsque mon portable avait sonné. J'allais répondre lorsqu'une infirmière me l'avait arraché des mains en hurlant dessus en japonais. Je n'avais pas compris un seul mot. Alors, elle avait pointé un doigts sur une affiche. Téléphones interdits dans l'enceinte du batiment. J'avais alors baragouiné quelques excuses en japonais, m'inclinant bien bas pour lui faire comprendre que je ne recommencerais plus. Elle m'avait alors rendu mon téléphone, que j'avais fourré dans ma poche avant de sortir précipitamment. Je clignais des yeux, éblouie par le pâle soleil. Après avoir passé ma nuit enfermée, je respirais profondément. L'air sentait encore la pluie. J'aimais cette odeur, elle avait le don de me calmer. Alors, je re-sortit mon portable et découvrit que j'avais un message de Suk Hee. Je découvris avec horreur que son frère, mon cousin par la même occasion, avait eu un accident de voiture. Je raccrochais, les doigts tremblant. J'étais totalement paniquée. Qu'est-ce que je devais faire? J'ignorais quelle direction prendre pour retourner à l'hôtel. Mais il était important que j'y arrive le plus vite possible. Je ne pouvais pas laisser Sukki seule. Même si je savais qu'elle avait dû ameuter tous ses amis. J'essuyais d'un geste, les larmes qui commençaient à couler le long de mes joues. Ah non, ça suffit! Reprend-toi Mi Sun, tu as suffisamment pleuré comme ça! Mais bon sang, il s'agissait de ma famille! Comment faire pour rester calme?! Je lâchais un cri énervé avant de lever une main autoritaire. Un taxi s'arrêta devant moi et je m'y infiltrais en indiquant l'adresse de l'hôtel. Je regardais une dernière fois l'hôpital. J'aurais aimé que Hyun Ki soit assit à côté de moi, dans cette voiture, à me tenir la main pour me rassurer. Je n'étais pas particulièrement proche de Shin Gook. Mais, enfant, j'étais inséparable de Sukki. Obligatoirement, j'avais grandis avec lui aussi. J'essuyais de nouveau une larme et reniflais bruyamment, attirant l'attention du chauffeur qui me jeta un regard inquiet. J'esquissais un sourire rassurant.


PLUSIEURS MINUTES PLUS TARD


J'entrais rapidement dans le hall de l'hôtel et me précipitais vers l'ascenseur. Un professeur s'avança vers moi mais je m'engouffrais dans l'ascenseur à peine celui-ci arrivé. Les portes se refermèrent sur le visage furieux de l'adulte. Je m'excuserais plus tard. Là, ce n'était pas vraiment le moment de subit un discours à propos de ma sécurité, de la confiance qu'on m'avait porté et que j'avais bafoué, et blablabla... Je termina ma course dans un superbe dérapage contrôlé devant la porte numéro 21. Reprenant difficilement mon souffle, je frappais légèrement. Aucune réponse. Aller, Sukki, je sais que tu es là! Posant la main sur la poignet, j'ouvris doucement et passais la tête dans l'entrebâillement de la porte. Elle était seule, allongée sur son lit. Je fut frappée par l'expression de son visage. Omo, ma Sukki... Je refermais derrière moi et alla m'allonger dans son dos, la serrant fort contre moi, tentant de lui prodiguer la force de tenir le coup. Je retins douloureusement mes propres larmes. Je devais être forte pour elle.


UNE HEURE PLUS TARD


D'autres personnes sont arrivées. Nous essayons tant bien que mal d'envelopper Sukki d'un cocoon réconfortant. Mais son état semble empirer. Dans un sens, c'est compréhensible. Quelques minutes plus tôt, j'avais reçu un appel de mes parents. Ils avaient réussi à joindre l'hopital où se trouvait Shin Gook. Mais les médecins avaient refusés d'en dire plus pour le moment,. Le père de Sukki restait injoignable. J'avais mis Min Ah au courant. Elle m'avait promit de faire passer le message à ceux qui arriveraient progressivement. D'ailleurs, la porte s'ouvre de nouveau et laisse apparaître... Hyun Ki. J'ouvre de grands yeux étonnés. Les médecins l'ont laissé sortir aussi vite? Ou s'était-il échappé? Je lui lance un regard accusateur. Mais il reporte son attention sur Sukki. Je me recroqueville sur la chaise dans laquelle je suis assise, dans un coin de la chambre. Il s'accroupit devant elle. Alors, je me souviens qu'ils ont été ensemble, pendant quelques temps. Mon cœur se serre dans un mélange de tristesse pour ma famille, d'inquiétude pour mon cousin et de jalousie pour cette vieille relation. Je replie mes jambes contre ma poitrine, mes pieds posés sur le bord de la chaise et j'enfouie ma tête dans mes bras. Cette situation est horrible. Ne pas savoir ce qui va se passer. Ce suspense intenable. Je préférerais être là-bas, à Séoul. Et prier de toutes ses forces pour qu'il survive. Nom d'un chien, ça fait mal! Je sens une main se poser sur mon crâne et je relève discrètement la tête. Mon regard rougis par les larmes croise celui, inquiet, de Min Ah. Qu'est-ce que nous devons faire? A part attendre... Eh bien, rien. Ne pas pouvoir aider... Je me sens atrocement inutile. Alors, je replonge ma tête entre mes bras. Sukki ne doit pas s'apercevoir de mes larmes.

Recroquevillé sur mon lit, je fermais les yeux, essayant de maitriser mes larmes. L'arrivée de Mi Sun ne me perturba en rien. Elle vint se recroqueviller contre moi, me serrant dans ses bras. Elle aussi était forcément affecté. En tant que cousine. En tant que parent. Je reniflais. Les larmes perlaient et je ne pensais à rien d'autre qu'à lui. Qu'allait-il devenir ? Que devenait-il ? Mort ou pas ? J'avais peur. Je tremblais. Au bout de quelques minutes, il apparut. Hyun Ki. L'ex petit ami se présentait lui aussi. Et surement le nouveau copain de Mi Sun d'après les blessures qui arboraient le visage de Hyun Ki et de Mi Sun. D'ailleurs j'étais limite certaine qu'ils étaient ensemble et qu'il s'est passé quelque chose. Comme moi et Jae d'ailleurs. Deux bonheurs. Un malheur. « J'ai fait au plus vite. » Je renifle et me tais. Je le fixe toujours sur mon lit. Mi Sun s'est déplacé entre temps. Min Ah aussi d'ailleurs. « Est-ce que je peux faire quoi que ce soit pour toi, Sukkie ? » Je me tais. J'échappe un hoquet. Une larme coule sur ma joue. Une énième larme. « Sukkie, oublions notre différent durant quelques heures. Pour le moment, il n'y a que toi qui compte. D'accord ? » Aujourd'hui j'en avais rien à faire de nos différents. Aujourd'hui j'avais juste besoin d'eux. De tout le monde. « Il faut que tu boives, Sukkie. » La chaleur de sa main sur mon épaule me réconfortait. J'étais heureuse pour une fois qu'ils soient tous là. Mi Sun au loin me paraissait trop étrange pour que ce soit normale qu'elle se recroqueville tant. Je donnais une tape discrète à HyunKi et dirigeais mon regard vers Mi Sun, recroquevillé, la tête dans ses bras. Je me mordais la lèvre certaine de ce qu'elle faisait là. « Mimiii... Mimi vient là... » Je savais qu'elle pleurait. Et j'avais aussi envie de pleurer à présent, encore et encore, jusqu'à ce que je sache si je devrais continuer après ou rire aux éclats. Les bras de Jae Young me manquait mais jusque là ca toujours été lui qui a été auprès de moi jusqu'à l'arrivée de Mi Sun. Je me glissais sur le rebord de mon lit et attrapais Mi Sun par le bras pour la faire venir sur le lit entre moi et HyunKi. « Mimi... » murmurais-je. « Hyun, tu devrais t'occuper d'elle... Aussi... » Les yeux pleins de larmes, je poussais Mi Sun dans les bras de Hyun Ki avant de me recroqueviller un nouveau contre mon oreiller sur mon lit leur tournant le dos parce que j'avais trop mal. Parce que j'avais vraiment trop mal.