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 NARA • l'enfant déshérité s'enivre de soleil

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Jung Na Ra
quatrième année
Jung Na Ra





















♛ i look like : lee ji eun (IU)

♛ i'm also : song hyun ki & jung melisende

♛ mon job : divers jobs de ci et de là

♛ inscrit le : 09/02/2012
♛ mes messages : 718

ABRACADABRA
♛ clan: Ants People
♛ mon option: théâtre
♛ S.A: juste fan

NARA • l'enfant déshérité s'enivre de soleil Empty
MessageSujet: NARA • l'enfant déshérité s'enivre de soleil   NARA • l'enfant déshérité s'enivre de soleil EmptyDim 4 Mar - 1:17


jung na ra
NARA • l'enfant déshérité s'enivre de soleil Tumblr_lykk9f7H4J1ql46ngo1_500
feat. lee ji eun (iu)

NOM:
jung.
PRÉNOM(S):
na ra.
SURNOM(S):
nana, à vos risques et périls.
DATE & LIEU DE NAISSANCE:
cinq avril, séoul.
ÂGE:
vingt ans.
NATIONALITÉ:
coréenne.
SEXUALITÉ:
abstinente.
STATUT:
en mal d'amour.
SUNSHINE AGENCY: votre statut par rapport à la S.A ?
[X] RIEN DU TOUT
[ ] SIMPLE EMPLOYÉ(E)
[ ] TRAINEE
[ ] IDOLE

ANNÉE:
[ ] AUCUNE
[ ] PREMIERE
[ ] DEUXIEME
[ ] TROISIEME
[X] QUATRIEME

OPTION:
[ ] AUCUNE
[ ] CHANT
[ ] DANSE
[X] THEATRE
[ ] MUSIQUE

CLAN:
[ ] GRASSHOPPERS CLAN
[X] ANTS PEOPLE

SITUATION FINANCIERE:
mère très riche mais égoïste.
ELEMENT(S) A SIGNALER:
habite avec wang sun woo, son frère adoptif.
JOB D'ÉTUDIANT:
de multiples petits boulots de ci et de là.

tell me your story

« Omma ? » couinais-je
« Oui, Na Ra ? »

Elle avait toujours cet air guindé, comme si elle était en pleine réunion officielle dans son entreprise. Pourtant, ce n'était rien d'autre qu'une petite fille de huit ans qui se tenait devant elle, habillée d'une robe grise informe et un peu déchirée. Ma mère était une femme élégante, donc les cheveux étaient soigneusement coiffés – pas une seule mèche ne dépassait. Maquillage impeccable, boucles d'oreilles assorties à son tailleur beige cintré. Elle descendit son regard froid vers moi, comme si je n'étais qu'un morceau de chewing-gum qui se serait collé sur la semelle de ses chaussures à talons aiguilles. Autant vous dire que ce n'est pas très agréable. Mais j'avais le cœur plein d'espoir. Je ne doutais pas un seul instant que j'allais obtenir satisfaction – ce qu'on peut être naïf lorsqu'on est jeune...

« On ira faire les magasins ensemble ? Comme les autres petites filles avec leurs omma... »
« Je n'ai pas le temps, Na Ra. Arrête avec ces propositions stupides. »

« Pourtant, tu as bien le temps d'aller t'acheter des vêtements pour alimenter ton immense garde robe. » Mais j'étais bien incapable de répondre à Omma de la sorte. J'avais peur d'elle. Pourtant, elle ne m'avait jamais frappé. Elle n'avait jamais levé la main sur moi. Mais j'étais terrifiée; ses yeux étaient trop froids, trop cruels. Je n'avais pas souvenir qu'elle ai eut un geste tendre pour moi. Elle n'avait jamais caressé mes cheveux, elle ne m'avait jamais raconté une histoire avant que je m'endorme. Elle ne m'avait même jamais dit qu'elle m'aimait. Elle avait au moins le mérite de ne pas mentir.

J'étudiais à la maison. Je n'avais pas de copines à inviter dans ma chambre, et je n'avais pas plus de nounous pour prendre soin de moi à la place d'une mère qui préférait ses bijoux à sa propre progéniture. Seulement un précepteur qui me faisait travailler d'arrache-pied, pour me transformer en fille « intelligente ». Je n'ai jamais bien compris ce qu'elle sous entendait par là – ou plutôt, je ne voulais pas comprendre. Je n'avais pas de père. Ce dernier était mort dans un accident de voiture, et j'avais pour seul souvenir de lui une photo que j'avais dérobé à Omma avant qu'elle ne la brule. Il avait l'air gentil, et il avait des pattes d'oies, comme s'il avait beaucoup souri. Moi, je n'avais jamais vu Omma sourire. Peut-être même qu'elle ne savait pas ce que ça voulait dire.

__________

Un nouveau compagnon. J'avais été assez chamboulée par la nouvelle. J'avais aussi été chamboulée de voir qu'elle souriait. Il la faisait sourire. Il avait réussi là où moi, sa propre fille, avait échoué. Lui aussi avait des pattes d'oies. Il n'avait pas vraiment fait attention à moi – mais j'avais l'habitude. Il avait un fils, Sun Woo. Il avait l'air un peu bizarre et méchant, mais ça aussi, j'avais l'habitude. Avec lui, Omma s'habillait de manière décontractée – adieu tailleurs, jupes cintrées, chemisiers, bonjour jeans, tee-shirt sophistiqués. Elle avait redoublé d'efforts pour dépenser tout son argent dans les magasins – et je crois qu'une partie des économies de Monsieur Wang y passait aussi, mais il semblait content, et elle aussi, alors je disais rien. J'avais rien à dire de toute façon. Je faisais pas parti de leur famille. J'étais juste trop bizarre, et j'entrais pas dans le schéma de la famille exemplaire.

Puis j'ai découvert le théâtre. La première fois que j'ai dit à Omma que je voulais entrer à Kirin, elle s'est mise à hurler, tellement fort que même Sun Woo a débarqué. Je ne l'avais jamais vu dans cet état. Même quand je lui avais dit que j'avais emballé un garçon de mon école – ce qui était totalement faux, évidemment – elle n'avait pas tiqué. Là, j'avais l'impression qu'elle était carrément possédée. J'aurais bien proféré une incantation antisataniste, mais j'étais pas sûre qu'elle apprécie. A un moment, elle a même levé une main, comme si elle allait me gifler. Mais elle s'est retenue. Et elle a recommencé à hurler. En gros, les artistes étaient des clochards, des saltimbanques qui ne méritaient pas de vivre, et d'autres insanités que je n'ai pas compris. Mais ça m'importait peu. J'avais trouvé ma vocation que ça lui plaise ou non, bourse ou pas.

Le lendemain, je suis allée passer mon audition à l'école. Il y avait beaucoup de monde, et je me suis assise dans un coin en attendant mon tour. Lorsqu'on m'a appelé, je me suis levée comme si ma chaise était électrifiée, et je me suis présentée, sobrement. J'étais tentée de sortir mon texte de mon sac, que j'avais appris la veille, mais je me suis retenue, et j'ai soufflé un coup.

« Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par-delà le soleil, par-delà les éthers,
Par-delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaîment l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
»

Les syllabes étaient agréables, légères, voluptueuses. Le jury sembla surpris que je récite simplement un poème, mais j'étais persuadée que sur les figures transparaissait aussi un interêt certain. J'avais une manière très spéciale de déclamer les vers et les rimes. Je m'étais avancée, et j'avais posé mes mains à plat sur le bureau des professeurs. Ces dernières tremblaient; ils durent le voir car un sourire condescendant ourla leurs lèvres intimidantes; mais je ne voulais pas de leur condescendance. Je voulais les éblouir. Je voulais les épater. Je voulais qu'ils se souviennent de cette jeune fille qui avait passé une audition, qui avait déclamé quelques vers de Baudelaire, et qui avait un charisme à toute épreuve. J'avais désespérément besoin de reconnaissance, j'avais désespérément besoin que des regards voient autre chose qu'une enfant insupportable en moi. Je voulais devenir quelqu'un, et pas seulement être l'image de ce que d'autres plaçaient en moi.

« Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les sombres chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
— Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
»

Lorsque j'eus terminé mon texte, je n'attendais pas pour sortir. J'avais les jambes qui tremblaient furieusement et j'avais le souffle court. Mais j'étais contente. Vraiment, vraiment contente. Je dus attendre un temps qui me sembla infini dans la salle ou d'autres attendaient leur tour. Et en un instant, mon attente fut récompensée. Je me permettais un demi sourire de satisfaction, tandis que d'autres se jetaient dans les bras de leurs amis. Moi, je n'avais pas d'ami pour me féliciter, ni de parent pour être fier de moi. Mais peu importait. J'avais atteint mon objectif, haut la main, je le savais.

Les jours suivants, je me rendais en cours, en faisant croire à ma mère que j'allais à un collège quelconque. Heureusement, elle était toujours indifférente, et elle ne creusa pas plus avant, et je pus étudier le théâtre en toute tranquillité; je ne pouvais ainsi par profiter de l'argent d'Omma pour payer mes cours, et je devais travailler constamment, à côté de l'école. Bars, restaurants, caisses diverses. Mais finalement, c'était mieux que de croupir dans notre appartement.

__________

Elle était magnifique. J'avais carrément honte de penser positivement à Omma, mais c'était un fait: sa robe blanche était superbe. Mon beau père était lui aussi très beau, dans son costard taillé avec application. Même Sunwoo avait un certain charme dans sa tenue noire. Pour ma part, je portais une robe de tulle rose – une vraie barbie, l'horreur. J'avais l'impression d'avoir atterri dans un drama mièvre. Le genre ou le prince charmant vient sauver la belle princesse. Sauf que SunWoo était le seul garçon qui avait à peu près mon âge, et il n'avait absolument rien d'un prince charmant. Il me jeta un regard presque admiratif – ça devait être la première fois qu'il me voyait en robe.

« T'es canon, Nana. »
« Je te retourne le compliment, sunny. » Il grimaça. Il détestait ce surnom. « Mais désolée, je suis déjà prise ce soir. Tu ne serviras pas de lot de consolation. »

Je lui adressais un sourire faussement innocent. C'était toujours comme ça entre nous. Mon cynisme et mon sarcasme avait le chic de l'énerver, et il répliquait avec son style habituel – un mélange de perversité, d'arrogance et de superficialité, je crois. A cause de lui, j'avais déjà perdu deux ou trois emplois, et j'avais fait quantité de choses insupportables. Il savait que je travaillais à Kirin, et il menaçait de tout révéler à Omma si je n'obéissais pas. J'vous rassure. Il m'a jamais violée ni même touchée, hein. Même si je suis sure qu'il y a déjà pensé. Mais dans ce cas, il compense mes refus en s'attaquant à d'autres pauvres jeunes filles – paix à leur âme. Je suis irrésistible.

La cérémonie fut longue et laborieuse. Je manquais de bailler à plusieurs reprises, mais mes talents d'actrices me permettaient de garder bonne figure face aux invités. Puis enfin, je pus me diriger vers le buffet – manger, nourriture, calories, tout ce dont j'avais besoin pour éviter l'épilepsie. Voir sourire ma mère à tout bout de champ me révulsait – j'avais carrément envie de vomir sur sa longue traine de princesse. Je commençais à m'empiffrer – avec élégance cependant, des années d'éducation stricte, ça s'oublie pas d'un claquement de doigts. Et soudain, j'entendais des « clics ». Je me retournais. Et je palissais.

Loin de moi, je voyais ma mère qui, accrochée au bras de son nouveau mari, faisait des clichés. Elle était souriante et radieuse, avec ses longs cheveux bruns ondulés, encadrant son visage rajeuni; Il y avait pas mal d'invités autour d'eux, et ils avaient tous le même sourire factice et figé. Je remarquai Sunwoo, près de son père. Il savait merveilleusement bien sourire à la demande – à moins qu'il ai simplement de très belles lèvres. Une boule me noua la gorge, et j'eus soudain envie de m'enfuir en courant. Je détestais ces moments de pure humiliation et de pure solitude me tordait l'estomac. Ils étaient tous là, sur cette photo, affichant un bonheur parfait. Et moi, j'avais été mise de côté – une fois de plus.

Le reste se déroula de manière trop irréelle pour que puisse comprendre quoi que ce soit. Le regard de Sunny croisa le mien, ses sourcils se froncèrent, et il sembla s'adresser au photographe. Puis il se dirigea vers moi, m'adressa son sourire colgate, et me tira jusqu'à la masse des convives qui attendaient en me jetant des coups d'œil presque irrités. Il me plaça devant lui, posa ses deux mains sur mes épaules, et reprit son sourire « je suis beau gosse et je le sais. » Vous savez quoi ? Je déteste ce mec.


__________

J'ouvrais la porte avec précipitation et rentrais sans aucune gêne dans la pièce. Après tout, c'était mon appartement aussi bien que le sien. Ok, il avait mis plus d'implication dedans – il devait en être à une centaine de conquêtes... ? - mais sur le papier, il était à lui comme à moi. Alors j'avais bien le droit de vaquer à ma guise. Et puis j'avais entendu assez de trucs pour ne plus être choqué durant les trente prochaines années. A savoir que la plupart des filles grimpent au plafond et qu'il est sacrément bien foutu. Mais à vrai dire, tout ça ce sont que des détails. Rien à faire.

J'entrais donc. Aucun doute que Sunny s'était trouvé une nouvelle copine. Le lit semblait grincer un peu trop. Un demi sourire aux lèvres, je rentrais dans sa chambre, sans même porter attention au fait qu'il soit en pleins préliminaires avec une blonde pulpeuse. Je leur jetais même un sourire faussement avenant.

« Ne vous gênez pas pour moi. Je dois juste récupérer quelque chose. » Je leur adressai un clin d'œil, avant de m'emparer du téléphone de SunWoo, posé sur son bureau. « A plus, sunny. »

Je sortais de la chambre, après avoir particulièrement appuyé sur le sunny. Il me lança un regard qui signifiait : « reviens ici espèce de gamine! ». mais je gambadais joyeusement, son téléphone à la main. Vous allez me dire: « qu'est-ce que tu foutais avec son téléphone ? » Rien. Absolument rien. Je voulais juste vérifier s'il avait bel et bien cette photo dans son dossier. L'autre jour, j'avais cru apercevoir mon minois sur son écran, et depuis, j'avais l'envie irrépressible de prouver mon hypothèse. Un nouveau sujet de moquerie, je ne pouvais pas passer à côté de ça.

Quelques secondes après, Sun Woo sortit de la chambre, le corps à peine recouvert par un drap qu'il retenait par la main. Il se précipita vers moi en courant, et je rigolais avec un air machiavélique, cherchant frénétiquement dans ses photos. Une photo, deux photos... je les faisais défiler à vitesse éclair, mais il arriva avant que je puisse trouver ce que je souhaitais. Il me prit l'appareil des mains et me jeta un regard de serial killer qui ne m'arracha qu'un sourire indifférent. Plus loin, la porte claqua. La fille était partie, ses vêtements avec. Adieu les petits jeux, Sun Woo ! Tu peux remercier ta sœur adoptive.

« T'es vraiment nulle, Nana. Tu mériterais de prendre la place de cette fille. » Je soupirais.
« Je reconnaît que tu n'aurais pas pu trouver pire punition. » Je le repoussais du plat de la main, pas le moins du monde perturbée par sa nudité à peine dissimulée. « Et apparemment, tu as des choses à cacher. Tu as cette photo, pas vrai ? »

Je lui jetai mon regard de poisson mort désabusé. Non, je ne suis pas cruelle. J'essaye de faire de lui une meilleure personne, ce qui est totalement différent, vous en conviendrez. Il m'adressa un sourire aguicheur.

« Quelle photo ? » Il se rapprocha doucement.
« Le voilà qui recommence. T'as vraiment aucune dignité, pas vrai ? »

Sur le téléphone, la photo venait de s'afficher. Il avait malencontreusement appuyé sur le bouton diaporama. Et après la photo d'une fille avec de gros seins, était apparue le gros plan de la photo du mariage. Celle ou il me tenait par les épaules en me regardant par dessus mes cheveux, alors que je faisais une tronche de trois mètres de long. Je lui adressais un sourire triomphant;


what's about you

Il y a plusieurs choses qui ne changeront jamais chez moi. De un, je suis cynique, sarcastique, et j'aime rigoler de ce qui n'est pas rigolo. Personne n'est parfait. Ok, je suis vraiment très loin de la perfection. Mais c'était juste pour embêter ma mère. Rien de bien méchant. Ça peut sembler glauque comme ça, et d'ailleurs, la majorité des gens ne comprennent pas mon humour. Noir, gênant, pince sans rire. C'est marrant de voir la tête des personnes qui sont persuadées que je suis sérieuses. Enfin bref.
Je suis travailleuse. Tellement travailleuse que je suis devenue myope comme une taupe à force de bosser dans le noir sur mes textes de théâtre. Sans mes lunettes, je suis une pauvre chose sans défense, si vous saviez. Je ne lâche jamais l'affaire, et tant que je n'ai pas ce que je veux, je continu de persévérer. Ça peut être aussi cool qu'insupportables (sun woo, si tu m'entends...). Tout dépend si vous êtes mon ami ou mon ennemi, en somme.
Mais je suis aussi rêveuse. J'y ai jamais vraiment cru mais c'est ce que rabâchent sans cesse les gens. « Na Ra, elle rêve de gloire, d'amour et de beauté ». « Na Ra elle veut devenir connue ». Na Ra par ci, Na Ra par là. Mais ça va plus loin que ça. Je veux être reconnue, certes, mais ce n'est pas une lubie d'adolescente. Dans mon genre, je peux être superficielle. Je veux l'admiration, je veux que l'on me trouve belle, je veux être désirée. J'ai été trop longtemps ignorée – je le suis encore, par ma propre famille – et j'ai désespérément besoin d'être adorée. J'ai besoin de reconnaissance, j'ai envie qu'on me voit comme une femme brillante et pas comme une petite fille perdue en mal d'amour. Je peux être en conséquence capricieuse et colérique, comme une diva. Mais je ne dépasse jamais les règles de bienséance. Le respect est très important pour moi, car j'en ai trop manqué pour oser reproduire le schéma maternel.


show your talent

Je suis allée passer mon audition à l'école. Il y avait beaucoup de monde, et je me suis assise dans un coin en attendant mon tour. Lorsqu'on m'a appelé, je me suis levée comme si ma chaise était électrifiée, et je me suis présentée, sobrement. J'étais tentée de sortir mon texte de mon sac, que j'avais appris la veille, mais je me suis retenue, et j'ai soufflé un coup.

« Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par-delà le soleil, par-delà les éthers,
Par-delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaîment l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
»

Les syllabes étaient agréables, légères, voluptueuses. Le jury sembla surpris que je récite simplement un poème, mais j'étais persuadée que sur les figures transparaissait aussi un interêt certain. J'avais une manière très spéciale de déclamer les vers et les rimes. Je m'étais avancée, et j'avais posé mes mains à plat sur le bureau des professeurs. Ces dernières tremblaient; ils durent le voir car un sourire condescendant ourla leurs lèvres intimidantes; mais je ne voulais pas de leur condescendance. Je voulais les éblouir. Je voulais les épater. Je voulais qu'ils se souviennent de cette jeune fille qui avait passé une audition, qui avait déclamé quelques vers de Baudelaire, et qui avait un charisme à toute épreuve. J'avais désespérément besoin de reconnaissance, j'avais désespérément besoin que des regards voient autre chose qu'une enfant insupportable en moi. Je voulais devenir quelqu'un, et pas seulement être l'image de ce que d'autres plaçaient en moi.

« Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les sombres chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
— Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
»

Lorsque j'eus terminé mon texte, je n'attendais pas pour sortir. J'avais les jambes qui tremblaient furieusement et j'avais le souffle court. Mais j'étais contente. Vraiment, vraiment contente. Je dus attendre un temps qui me sembla infini dans la salle ou d'autres attendaient leur tour. Et en un instant, mon attente fut récompensée. Je me permettais un demi sourire de satisfaction, tandis que d'autres se jetaient dans les bras de leurs amis. Moi, je n'avais pas d'ami pour me féliciter, ni de parent pour être fier de moi. Mais peu importait. J'avais atteint mon objectif, haut la main, je le savais.

Les jours suivants, je me rendais en cours, en faisant croire à ma mère que j'allais à un collège quelconque. Heureusement, elle était toujours indifférente, et elle ne creusa pas plus avant, et je pus étudier le théâtre en toute tranquillité; je ne pouvais ainsi par profiter de l'argent d'Omma pour payer mes cours, et je devais travailler constamment, à côté de l'école. Bars, restaurants, caisses diverses. Mais finalement, c'était mieux que de croupir dans notre appartement.


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PSEUDO//PRÉNOM:
helterskelter/bérengère.
ÂGE:
seize ans.
PAYS:
france.
PRÉSENCE:
5/7
DÉCOUVERTE DU FORUM:
héhéhé *colgate*.
CODE REGLEMENT:
tutefousdemoi?èé.
COMMENTAIRE(S) ?:
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