11 novembre 1991. Naissance de Park Hye Jin. Sa mère la tint fermement contre sa poitrine. Son état n’était pas jolie à voir, il fallait dire que la petite lui avait donné du fil à retordre, elle n’avait pas voulu connaître le monde extérieur aussi rapidement et serait restée encore tranquillement dans le ventre si elle le pouvait. Son visage était épuisé, ses yeux étaient bouffis de larmes, ses lèvres étaient toutes sèches. Et à ses côtés, il n’y avait personne si ce n’était le médecin. Deux émotions la traversaient en même temps : de la tristesse et du bonheur. Contradictoire n’est ce pas ? De la joie, parce que tout simplement elle venait d’accoucher et à présent, avait un enfant, un être qui avait besoin de son soutien, d’elle, un être qu’elle pouvait chérir de tout son cœur, un être qui faisait parti de son sang, de ses gènes. Du chagrin, parce qu’elle se sentait désolée pour lui, désolée de ne pas pouvoir l’élever avec un père, désolée parce qu’il aurait pu avoir une tout autre destinée. « Je…je suis enceinte. » «Quoi ? Tu sais ce qu’il pourrait se passer si les médias le découvraient ? Avorte tout de suite et que je ne te revois plus jamais. » Oui, ça avait été aussi sec qu’un sparadrap qu’on tirait d’un coup ou qu’une bande de cire. La jeune femme ne pouvait s’empêcher de penser que c’était de sa faute. Qu’est ce qu’elle aurait pu espérer de la part d’un politicien déjà marié ? Après tout, elle n’avait été qu’une pauvre maîtresse. Cependant, elle ne pouvait pas suivre ses ordres, elle le regretterait toute sa vie si elle se débarrasserait de son bébé. Elle fit croire au père qu’elle avait avorté et partit à la campagne le temps de sa grossesse. Tant pis, si elle n’avait pas beaucoup d’argent, elle ferait sans et s’en occuperait quand même de son mieux. La mère sourit tristement et se promit de ne jamais révéler son secret à sa fille.

Le temps s’écoula doucement et l’enfant devint une fille turbulente et bagarreuse. Mme Park avait peu de moment de tranquillité. Soit elle revenait remplit de boue parce qu’elle avait joué aux cow-boys au lieu de s’amuser avec les poupées, soit elle revenait avec pleins de bleus parce qu’elle s’était disputée avec quelqu’un d’autre ou encore était convoquée par le professeur parce qu’elle avait osé riposter. Malgré tout, la génitrice avait du mal à rester longtemps énervée contre elle parce qu’elle était adorable et n’avait pas de mauvaises intentions. Chaque jour, elle devait travailler de toutes ses forces pour pouvoir survivre et tous ses soucis s’envolaient dès qu’en revenant à la maison, sa fille se précipitait pour la prendre dans les bras. Même si leur situation sociale n’était pas élevée, qu’elles vivaient dans un appartement miteux, elles étaient heureuses. A l’âge de cinq ans, Hye Jin rencontra le gamin qui allait être son meilleur ami, son frère de cœur. Ils étaient tous les deux sur la même longueur d’onde, bien que celui-ci croie qu’elle était un garçon comme lui. Il lui fit découvrir le basket et pendant les récréations, ils y jouaient constamment. Son copain avait un rêve : celui de devenir une idole et bien évidemment, elle le supportait dans cette voie. Ils grandirent ensemble proches l’un de l’autre et même lorsque la coréenne annonça qu’elle faisait partie du sexe opposé, son ami ne lui reprocha rien. Ca aurait pu être le début d’une romance mais pas du tout, leur relation ne resta que fraternelle. Au collège, la jeune fille essaya de se féminiser un peu plus, elle commença à s’intéresser à la mode et à rentrer dans les conversations des étudiantes. Cependant durant cette période, ce qui la marqua le plus fut… cet accident.

« Yah ! Regarde ça, il y a un ahjussi qui maltraite un chiot. J’vais lui en coller une ! » « Jinnie, attends !... Nomde ! Bordel ! » Et voilà ce qui passe quand on ne regarde pas la route, un camion qui fonce droit sur vous. Arrive en courant alors votre meilleur ami que vous connaissait depuis l’enfance pour venir à votre rescousse et vous protéger. Résultat : des cris, du sang… et un mort. Une faute d’inattention et c’est votre proche qui en paye le prix. Dévastée, elle était complètement dévastée et se sentait terriblement coupable. Elle n’arrivait plus à se regarder dans le miroir. Le rêve du défunt ne pourra jamais se réaliser et encore une fois, c’était à cause de sa faute. Quelques mois passés, la demoiselle décida de se reprendre en main et d’accomplir le souhait de son frère de cœur : devenir une idole. Elle prit des cours de danses et de chant avec ses économies, travailla jour et nuit pour rattraper tout le retard, laissa sa vie sociale de côté pour atteindre son objectif. Au lycée, Hye Jin eut la chance de se faire repérer par la Sunshine Agency et depuis deux ans est une trainee. Il s’agit d’une occasion en or et elle compte bien en profiter pour réussir, d’ailleurs afin de continuer à s’améliorer, maintenant que la Kirin Art School revit, elle prend des cours.

Inaccessible. Cette fille a le don de signaler avec son regard de ne pas l’approcher, de rester à distance. Antipathique ? Aux premiers abords, ça ne fait aucun doute. Pas un sourire sur ses lèvres, un air de ‘tu m’embêtes’ sur son visage, des yeux sans expressions, des réponses courtes aux questions, le ton de sa voix reste calme quelle que soit la situation si bien que ça en est parfois effrayant, ce sont ses armes principales pour faire éloigner les personnes. Cette attitude méfiante et froide irrite les autres et c’est pour cette raison que vous la verrez plus souvent seule que accompagnée. Les bavards ont tendance à interpréter cette distance comme de l’arrogance et du snobisme, ce qui pourtant n’est pas le cas. Hye Jin s’est juste créer une carapace pour se protéger de l’extérieur, non par faiblesse mais par prudence, et ne veut pas se lier avec n’importe qui. Pour passer de l’autre côté de la barrière, il faut gagner sa confiance, c’est loin d’être facile et il faut savoir prendre son mal en patience. Cependant une fois que vous faites partie de son entourage, vous découvrez une nouvelle facette. Fidèle et toujours là en cas de besoin, elle ne laisse jamais tomber ses amis, que ce soit le jour ou pendant ses heures de sommeils. Et ce qui pourrait en surprendre plus d’un est sa douceur et ses taquineries.

Persévérante. Personne ne lui dicte quoi que ce soit et personne ne l’empêche d’atteindre ses objectifs. Lorsqu’une idée traverse sa tête, il n’y a pas moyen de lui changer d’avis, tout comme la danse. Elle fait de son mieux pour arriver à ses fins et ne connaît pas le ‘abandon’. Obstinée. La coréenne ne mâche pas ses mots non plus et préfère être franche et directe, que passer par l’hypocrisie et les subtilités. Après tout pourquoi aller plus loin quand il y a plus près ? Elle dit les choses comme elle les pense. Sportive, la demoiselle court tous les matins pendant une heure et pratique régulièrement du basketball et du tennis. Etant petite, c’était un garçon manqué et il lui reste encore quelques traces de cet aspect comme sa compétitivité, le fait d’être mauvaise perdante ou encore sa préférence des films d’action aux comédies romantiques. Au fond, il s’agit juste d’une fille simple, qui souhaite que personne ne touche à sa liberté ou à son indépendance, à vrai dire il n’y a qu’à la percer à jour pour le comprendre.

Inspirer. Expirer. Assise sur sa chaise, Hye Jin faisait de son mieux pour contrôler son stress. Inspirer. Expirer. Vu de l’extérieur, son expression ne montrait pas le moindre sentiment qu’elle éprouvait intérieurement. Elle continua ses exercices de respirations pour ne pas se trahir. Elle avait confiance en ses capacités, elle n’était pas le genre de personnes à être nerveuse pour rien mais allez savoir pourquoi, cette audition lui faisait un effet différent. Pourquoi d’ailleurs ? Mystère et boule de gommes. Après tout, la jeune fille était déjà une trainee à la Sunshine Agency, ça prouvait bien son talent et au pire, si elle échouait ce n’était pas si grave que cela. Sa seule motivation de rentrer dans cette école est de s’améliorer. Pourtant, sans vraiment savoir la raison, elle voulait être acceptée coûte que coûte. Lorsqu’elle en avait parlé aux professeurs de la S.A de son souhait à étudier à Kirin Art School, ils l’avaient encouragé cependant, elle devait y arriver avec ses propres moyens. Avec le peu de revenues de sa mère, elle savait très bien qu’il était impossible de payer pour les cours. Il ne lui restait plus qu’une solution : passer par la deuxième voie en se candidatant. Plusieurs chemins peuvent amener au même endroit, n’est ce pas ? Et voilà, elle y était. Le jour J était enfin arrivé.

Son regard défila de droite à gauche. C’était fou le nombre de personnes qu’il était possible de caser dans un espace aussi étroit. N’empêche que en toute franchise, ils y en avaient qui semblait assez bizarre dans leur genre et c’était à se demander s’ils ne se faisaient pas un peu trop de films dans leurs têtes. Enfin bon, ce n’était pas ses affaires et il fallait mieux se concentrer sur soi que sur autre chose. Pour essayer de s’apaiser, la demoiselle tourna sa tête vers la fenêtre. Il pleuvait. Rien d’anormal pour un jour de la fin du mois de Février. C’était mieux ainsi, écouter le son de la pluie et observer les gouttelettes tombés l’aidaient à mieux visualiser les mouvements qu’elle allait effectuer par la suite. S’imaginer la scène avant de danser était important à ses yeux. Peu à peu, son rythme cardiaque se calmait pour reprendre une vitesse normale. Elle sortit un pendentif de sa poche, il appartenait à son défunt meilleur ami et c’était devenu par la même occasion, un porte-bonheur. Tout à coup, une voix s’éleva : ‘ NUMERO 35’. C’était à son tour, elle se leva énergiquement et rentra dans la pièce où quatre jurys l’attendaient.

« Bonjour je me présente, je suis Park Hye Jin, candidate numéro 35. J’aimerais intégrer le cursus Danse et je vais donc vous présentez ma danse sur la chanson ‘I am a single lady’. » La coréenne se pencha à quatre-vingt-dix degrés pour saluer ceux qui allaient la juger aujourd’hui. Une dernière grande inspiration avant de se mettre au travail. Les notes de musique retentirent et aussitôt, elle se mit en position et ne perdit pas une seconde pour danser. C’était une chorégraphie dynamique, il fallait enchaîner sans arrêt et une faute n’était pas permise. En même temps qu’elle faisait de mieux pour danser, elle n’oublia pas de sourire. Elle qui d’habitude affiche peu d’expressions, n’hésite pas à dévoiler différentes facettes afin de séduire le public. A force de s’entraîner, elle avait remarqué que pour une danseuse il s’agissait d’un atout. Elle finit par exécuter ses derniers pas et la brune se sentit soulagée. Voilà, c’était fait et il n’y avait plus qu’à attendre le verdict. En même temps qu’elle reprenait du souffle, elle fixa les jurys devant en espérant pouvoir deviner ce qu’ils avaient pensé de sa performance. C’est alors que l’homme assis à tout à gauche souleva son bras et dévoila le pouce vers le haut. Son visage s’éclaircit, le message était bien reçu. Acceptée. Sa scolarité à Kirin pouvait commencer…