Nom : Yun
Prénom : Ki-Suk
Groupe Sanguin : A
Nom de la mère : /
Nom du père : /
Particularités : /
Trouvé sur le porche de l'orphelinat alors que le nourrisson n'avait que douze heures de vie. De l'argent l'accompagnait ainsi que des couvertures et des papiers le concernant. Aucune information ni sur le père, ni sur la mère.

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"Oppa ! Oppa, ne pars pas ! Me laisse pas toute seule...! Reste avec moi... M'abandonne pas ! OPPA !" Des yeux rougis par la tristesse, des mains essayant d'en agripper d'autres, des paroles suppliantes et vaines pour des mots exprimant un souhait impossible. "Ki-Suk, calme toi. Se Yong doit partir; il a une nouvelle famille maintenant." La petite pleure pour de bon, cette fois. Les mots de la directrice qui se voulaient doux et rassurants saignent son coeur et, alors qu'elle cherche le regard de celui qu'elle considère comme son ami, son frère, il détourne les yeux, fuyant la vie qu'il avait toujours détesté pour celle dont il avait toujours rêvé. Il avait onze ans, elle neuf. Ce n'était qu'une petite fille, une gamine insignifiante un peu trop collante et envahissante. Et pourtant, il ne pouvait même pas confronter ce regard enfantin baigné de larmes qui le suppliait de ne pas la quitter. "Dis au revoir, maintenant. Il s'en va." "T'as pas le droit...T-t-tu peux pas...Oppa..." Elle n'arrive même plus à parler correctement tant ses sanglots gâchent chacun de ses mots. Alors, sans un regard en arrière, il part. Il s'en va, loin d'elle. Il ignore les plaintes aiguës, les larmes, les supplications. Alors que ses nouveaux tuteurs légaux, ses nouveaux "parents" lui sourient, il rentre dans la voiture et ferme les yeux.
Elle, s'échappant des bras de Madame Kim, se précipite dans la rue pour le rattraper. Hélas, le véhicule noir est maintenant loin et elle, après s'être fait attraper par la femme qui l'élève se ressaisit. Elle reste immobile, les yeux fixés vers les rues bondés de Séoul. Qui aurait cru que Yun Ki-Suk, la fille au prénom brut, la petite au comportement de voyou verseraient des larmes pour quelqu'un ? Personne. Et ce ne sera plus jamais le cas.

Un bonnet vissé sur la tête, des écouteurs muets dans les oreilles, des yeux mi-clos afin de chasser le froid qui les irrite, des mains engourdies par la température négative de la saison. Une jeune fille se trouvait là, immobile. Silencieuse. De loin, tout le monde pouvait penser qu'assise sur ce banc, sous cet arrêt de bus, elle attendait son transport en commun habituel qui la menait au collège. En effet, sous ce fin manteau d'hiver étaient dissimulés les habits constituant l'uniforme de l'école publique du coin où tous les gosses de l'orphelinat étaient inscrits. Mais, en nous approchant un peu plus, nous pouvons nous rendre compte que la vérité est tout autre. Au lieu d'attendre un bus imaginaire, d'écouter des chansons inexistantes, elle se concentrait sur quelque chose de plus prêt, de plus intéressant.
"...tu es au courant pour ce soir ? J'espère que mes parents me laisseront sortir..."
"De ? Qu'est ce qu'il se passe ce soir ?"
Deux adolescentes, à l'air guindés discutaient discrètement près d'elle. Vêtement hors de prix, parfums à la senteur savamment écoeurante, elles échangeaient une conversation des plus banales jusqu'à ce que la plus âgée parle d'un sujet bien plus intéressant. Elle répondit d'une voix désagréablement aiguë de celle qui essaye de donner un style à tout ce qu'elles font :
"Mais si, tu sais bien..."
Un moment d'hésitation. Ki Suk sentit deux regards se poser sur elle un moment jusqu'à ce qu'elle remue la tête sur le rythme d'une chanson fictive, évitant soigneusement d'accorder une quelconque importance aux jeunes femmes.
"...ce soir, au bar "Francisco"... Il y a les battles de danse, avec les jeunes du quartier."

Ki-Suk n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Derrière le bar silencieux qu'était le "Francisco" se tenait un véritable rassemblement. Personne n'aurait pu douter qu'une telle chose puisse se produire dans un si petit établissement : près de la faillite, les vitres noires dissuadaient les passants de venir se poser pour boire une boisson. La façade défraichie interdisait toutes idées romantiques pour un couple d'amoureux venu dîner aux chandelles. Quand aux enfants, ils passaient rapidement devant la boutique sans oser demander quoi que ce soit à manger à leurs parents. Le manque de gout ou le désintéressement total du propriétaire avait fait de ce lieu l'endroit parfait pour le type de soirée qui s'y déroulait.

La jeune fille se faufila discrètement entre deux danseurs pour accéder à la scène. En réalité, il n'y en avait pas : les organisateurs n'avaient installé que de simples tapis et le DJ/Présentateur avait une sorte d'estrade pour où il pouvait superviser la soirée à son aise. C'était pauvre mais ça avait le mérite d'être simple. Tous les participants avaient leur chance.

Ce fut certainement l'une des plus belles soirées de Ki-Suk. Elle s'était trouvée une petite cachette où elle pouvait observer tous les artistes évoluer. Hip hop, K-pop, Pop, tous les styles, tous les types de concurrents étaient réunis. Figures acrobatiques pour des roulements de hanches, chorégraphie spectaculaire pour des duos envoûtants. Elle était simplement subjuguée, bougeait au rythme de la musique, reproduisait les pas des gagnants tout au long de la nuit. Et elle n'arrêta jamais. Pendant les trois années qui suivirent, la danse devint une obsession.

"Kirin Art High School rouvre ses portes. Venez tenter votre chance et peut être avoir la chance d'obtenir une bourse qui garantira l'intégralité de vos études."
La question ne se posait pas, ne se posait plus.

Assise au beau milieu d'une pile de prospectus aux couleurs criardes, la jeune Ki-Suk de 18 années lisait et relisait sans vraiment y faire attention l'affiche qu'elle tenait entre ses mains. Elle se démarquait de tous les autres coupons vantant chaque école d'art, de musique et de danse par son apparence, simple, droite, élégante. Kirin. Rien que ce nom semblait imaginaire.

Cela faisait bien un an qu'elle était installée dans un petit appartement, en plein Séoul. Seule, elle s'était trouvée un boulot, avait continué ses études, avait simplement subsisté comme n'importe quel jeune dans sa situation. La seule différence ? Sa seule compagnie était une perruche qui ne chantait pas. Muette, elle battait des ailes de temps à autre. Autant vous dire que les week-end étaient passionnants.

La possibilité de rentrer dans une autre école, de continuer des études parut évidente. Mais, en avait-elle le potentiel ? Ses notes étaient approximativement toutes proches de la moyenne sauf en mathématiques où elle dégringolait dans un néant total. Elle était nulle pour tout ce qui touchait aux sciences, catastrophique pour les langues mis à part pour l'anglais. Il ne lui restait qu'une option.

La danse avait toujours été le "tout".Les pas avaient remplacé la famille, les chorégraphies les amis. Sa vie ne se résumait qu'à des pointes et des figures acrobatiques, des roues et des échauffements, des grands écarts au plaisir de l'effort. C'est ce qu'elle voulait, ce qu'elle avait toujours voulu : elle était faite pour ça. Toutes ces années n'avaient pas été inutiles. Mais de là à convaincre un jury ? "C'est la scène, ce que tu as toujours voulu faire dans ta vie, être au centre de quelque chose ou simplement être derrière un comptoir à compter les pourboires... Lorsqu'il y en aura.."

Le choix fut vite faît. Elle irait à Kirin.

Garçon manqué, casse-cou, chapardeuse. Voilà les principaux traits de caractère de Ki-Suk étant enfant. Elevé autour de garçons toute sa vie, elle a vite essayé de leur ressembler afin de s'intégrer. Résultat ? Elle est devenue pire qu'eux. Elle s'était fait une réputation de dure et lorsque les adultes parlaient d'elle, ils leur arrivaient de l'appeler "il". Elle avait des amis, elle était simplement heureuse. Ca ne dura pas.
A partir de ses 9 ans, à la suite de son départ, elle se referma complètement sur elle-même. Elle restait seule dans sa chambre, ne se mêlait plus aux autres. Toute sa vie ne se résuma qu'à cela jusqu'à ce qu'à son arrivée à Kirin.
Timide, elle ne s'approche de personne. Au fond, elle garde un traumatisme de son enfance suite au départ du garçon.
Calme et non démonstrative en public, elle déteste montrer ses sentiments. Pleurer ? Personne ne l'a jamais vu pleurer depuis qu'elle est petite fille. Elle ne veut plus montrer ses larmes, jamais. Ni sa joie, encore moins sa peur. Sa colère ? Il faudra vraiment la pousser à bout pour qu'elle fasse quelque chose qui aie un rapport avec ce sentiment. Le spectacle sera ou très drôle à voir, ou très effrayant.
Têtue : Vous voulez la convaincre de quelque chose alors qu'elle pense le contraire ? J'espère que vous avez d'excellents arguments et même s'ils le sont, vous aurez beaucoup de mal. Pour ça, personne ne la changera.
Fragile : Ki-Suk est une fille aussi sensible qu'une enfant. D'abord élevée dans un orphelinat, puis jamais adoptée par qui que ce soit, elle a grandi seule et s'est toujours débrouillée. Ce qui laisse des séquelles non négligeable. Ce qui nous permet de passer au point suivant :
Indépendante : elle a toujours vécu seule. Elle sait se débrouiller, sait faire à manger (nous passerons sur le goût : elle n'a aucun talent pour la cuisine), se trouver de l'argent ainsi que gérer une maison (nous passerons également sur le ménage, humhum).
BORDELIQUE : ce n'est même pas un défaut chez elle, c'est une maladie. Là où Ki-Suk passe, le propre trépasse. Enfant déjà, le simple fait de ranger sa chambre demandait de tels efforts que la directrice ne lui demandait que lorsque les papiers et les vêtements engloutissaient le sol.

Comment s'habiller ? Fallait-il se maquiller ? Amener un C.V, une fiche relatant son parcours d'étude ? Fallait-il appartenir à une certaine classe sociale ? Comment serait les autres élèves ? Plus doués, plus intelligents ?

OU EST PASSE CE FOUTU JOGGING ?!

Stressée Ki-Suk ? Si peu. En réalité, c'était un doux euphémisme pour qualifier l'état de stress et de panique intense dans lesquels elle se trouvait. Deux jours qu'elle répétait sans cesse ses chorégraphies, quarante-huit heures qu'elle ne mangeait quasiment plus sous la menace de tout rendre, 2228 secondes que son appartement avait été transformé en véritable champ de mine. Ces deux jours avaient été les plus stressants de sa vie, les plus importants et par conséquent, les plus beaux.

Huit heures tapantes. Il était temps d'y aller. Son casque vissé sur les oreilles et son coeur entre ses mains, Ki-Suk quitta son chez-soi.

Comme elle s'y attendait, la foule était au rendez-vous. Plus d'une centaine de candidats étaient venus tenter leurs chances, accompagnés de leurs proches ou de simples curieux. Cependant,la plupart était seul ce qui soulagea immédiatement la jeune femme qui n'avait pas la moindre envie de se faire remarquer par sa vie sociale : un gouffre interminable. Le numéro 052 lui est attribué. Bientôt, elle décrète que ce nombre est le pire qu'elle ait pu avoir, et le détestera. Allez savoir.

Les candidats passent jusqu'à ce que se soit son tour. Son corps est une bouteille remplie à ras bord l'adrénaline où s'ajoute le manque de sommeil et de nourriture. On la fait entrer dans la salle de danse. "Danse, danse, danse, danse." C'est le seul mot qui la fera tenir. Les membres du jury sont encore plus intimidants qu'elle ne se l'était imaginé. Leurs lèvres s'ourlent en un sourire lorsqu'elle annonce sur quoi elle va danser. Ce sera 50 titres différents qui passeront en moins de cinq minutes. Voilà sur quoi elle a parié.

Le premier morceau commence et elle respire à nouveau. Alors, elle fait ce pourquoi elle est venu : elle essaie de changer son avenir.