❝ Seol & Hyukie ❝

La petite Seol ouvrit doucement les yeux, un rayon de soleil vint caresser son beau visage couleur porcelaine. Ses cheveux courts retombaient mignonnement sur ses petites joues gonflées. Toute endormie, Seol semblait être entrain de bouder, son visage semblait entreprendre un grand combat de guerriers bisounours dans ses plus profonds rêves. Ses paupières tremblèrent légèrement, le temps d’ouvrir ses grands yeux, elle fut envahie par la vive lumière qui baignait dans sa chambre. Son regard fatigué luttait avec l’énergie du matin pour affronter les rayons de la lumière.

Seol bailla longuement en se redressant. Tenant fermement sa couverture d’une main, elle se frotta les yeux de l’autre en tentant de faire un pas hors du lit. Mais lorsque son petit pied nu effleura le parquet légèrement froid, Seol s’enfuit sous sa couverture pour y retrouver la chaleur de cette nuit. Il était déjà trois heures et demi de l’après-midi, Seol avait profité de ces petites vacances pour rattraper son manque de sommeil en un jour. Seulement voilà le problème lorsqu’on est une antisociale; on passe ses vacances seule dans son coin à faire le tour de la ville en bus histoire de passer le temps. Mais pour changer les bonnes vieilles habitudes, la petite poupée coréenne avait décidée de savourer le silence qui allait régner dans l’académie, cela dut au dépars de beaucoup d’élèves au Japon ainsi que les vacances de deux longues semaines pour le reste de l’école.

Depuis cinq mois, soit depuis son arrivée à la Kirin Art School, Seol n’avait pas pu profiter de ces moments généreux ou l’endroit est désert mais ouvert à ceux qui ne partent pas en vacances, y compris Seol qui allait rester seule au monde avec pour seul compagnie, Danny son ourson en peluche ainsi que sa guitare récemment surnommée Daisy (être tout le temps seule regroupe différents aspects de la réalité parfois…). La jeune fille allait donc profiter de cette période sans vie de Kirin pour s’entraîner comme bon lui semblait dans la salle de danse. Seol n’avait pas travailler son classique depuis déjà bien longtemps, par simple peur du regard des autres sur ses enchainements.

Revenant à la réalité, Seol se passa une main dans les cheveux, elle enroula sa couverture autour d’elle, puis elle sortie de sa chambre. Arrivée dans le couloir, elle guettait la porte de chambre de son grand-frère qui venait tout juste de partir Dieu ne sait où à la conquête du monde. Son regard se fit vague, encore seule aujourd’hui. Sur ces pensées nauséabondes, Seol se laissa glisser le long des marches pour arriver en bas.

Face à son frigo dans lequel elle venait de prendre une brique de jus d’orange, Seol regardait les photos de famille. Enfin famille représentant particulièrement une dizaine de photos de Seol et Yaan son grand-frère. Photos prises je cite, il y a trois semaines lorsque Monsieur venait de revenir après deux ans d’absence. Seol se sentait plus orpheline qu’autre chose. Sa famille ne l’intéressant pas plus que cela, la petite poupée coréenne fit demi-tour pour se diriger vers la salle de bain. Elle finit de boire sa brique de jus d’orange, qu’elle posa sur le bar avant de ne reprendre les escaliers direction la douche.

Peu de temps après, Seol en ressortie propre comme un sous-neuf, mais voilà, la lenteur de mademoiselle fit qu’il était déjà cinq heures et des poussières, le soleil d’été tardant à se coucher, reflétait une lumière orange autour de Seoul. Seol enfila sa tenue de danse classique, soit un justaucorps noir avec un short en coton gris par-dessus ainsi que des demi-pointes roses, usées jusqu’à la corde. Elle passa une veste en coton grise assortie au short, puis dans un élan de fraicheur, la jeune fille à l’apparence enfantine s’éclipsa dans la foule coréenne extérieure, direction Kirin.

Arrivée à destination, Seol passait discrètement dans les couloirs pour éviter un ou deux gardiens faisant le petit tour de l’après-midi. Elle avait une autorisation, mais si jamais elle en croisait un, elle devrait faire face à une multitude de questions auxquelles elle ne répondrait que par un humble rougissement. Peu de temps après son long périple dans les couloirs de l’école, Seol pénétra dans la salle de danse. C’est à cet instant précis que la petite Seol timide disparue pour se consacrer entièrement à ses échauffements. Durant une bonne petite demi-heure, Seol remit en marche son corps rouillé. Puis c’est la que l’entrainement vint vraiment à elle, la musique en fond, Seol se déplaçait avec la grâce d’un petit cygne mi-apeuré mi-sûr de lui. Elle dansa de la sorte durant quatre heures, sans s’arrêter, pas même pour boire.

Seol, épuisée se laissa tomber de fatigue sur le parquet de la salle de danse. Elle n’avait qu’une envie, une bonne douche et direct devant un bon anime mangas. Non pas que c’était une mauvaise habitude, juste une tradition personnelle que notre poupée coréenne c’était imposée.

Il allait bientôt être dix heures, les lumières de la salle s’éteignaient comme pour demander à Seol de partir. Celle-ci obtempéra en silence, tout en rassemblant ses affaires.

La jeune fille arrivait à l’extérieur de la Kirin Art School, du moins l’extérieur de l’intérieur du territoire Kirinien. Passant par un distributeur de boissons, Seol prit une bouteille d’eau bien fraîche, décidant de bien finir sa soirée, la jeune fille marchait dans le grand parc. Elle était seule, il faisait sombre, une chouette se fit entendre au loin. Ce n’était pas une ambiance morbide, loin de là, c’était un de ces petits instants calme et doux de la nature.

A force de marcher, Seol c’était perdue. Elle était arrivé dans un endroit magique, une piscine extérieur surplombée par de grandes toiles blanches traversant la terrasses. Une sorte de parasol révolutionnaire qui protégeait de la pluie et du soleil. La jeune fille ne activa les lumières automatique, elle enleva ses ballerines qui lui brûlaient ses petits pieds, qui étaient devenus rouges et très douloureux à cause de l’entrainement. La petite poupée avait du mal à marcher, la douleur étant trop pesante, elle déposa son sac de danse contre l’un des énormes poteaux soutenant l’une des toiles blanches qui surplombait le bassin. Il ne faisait pas très froid, les petits courants d’air étaient agréablement chauds. Seol marchait sur le rebord de la piscine, tout en regardant l’eau avec envie. Seulement ne pas savoir nager était un très lourd poids pour la jeune fille. On ne lui avait jamais apprit.

L’espace d’un instant, Seol voulue tremper ses petits orteils dans l’eau tiède, mais les lumières s’éteignirent d’un coup car les détecteurs de mouvements n’en détectait justement aucun. Seol cria de toutes ses forces de sa petite voix cristalline et faible; la jeune fille venait de glisser dans l’eau. Etant paralysée par la peur, Seol ne bougea pas d’un pousse, elle coulait lentement au fond de la piscine, voyant sa vie défiler devant ses yeux. Sa petite main tendue vers la surface semblait crier à l’aide.

Vous connaissez l’expression « voir sa vie défiler devant ses yeux lorsqu’on est sur le point de mourir »? Probablement, oui. C’est à ce moment-là, ce si court instant ou Seol coulait dans la piscine, qu’elle vit sa courte vie passer devant ses yeux. Avait-elle quelque chose à perdre ou le tout puissant ne voulait-il pas encore se débarrasser d’elle? Seol eu sa réponse lorsqu’elle fut remontée à la surface par deux bras masculins. Elle prit une grande bouffée d’oxygène, elle avait l’impression de revivre, ses yeux la piquait et son nez était rempli d’eau. Accrochée fermement au rebord, Seol toussait fortement en enfouissant sa tête dans ses bras. Le cœur battant la chamade, son sang n’avait fait qu’un tour. Elle était saine et sauve. Comme quoi le seigneur ne voulait pas encore d’une fille comme elle dans son cercle social.

Une voix masculine se fit entendre, Seol en avait presque oublier son sauveur. « Ça va ? » La jeune fille sursauta tout en restant fermement accrochée au rebord de la piscine. Elle ne voyait pas très bien le visage de son interlocuteur, c’était peut-être ça qui la rassurait et qui lui donnait assez d’assurance pour s’exprimer sans son calepin. Du moins, si s’incliner à un parfait angle de 90° était une façon de s’exprimer. Elle le remercia longuement en s’inclinant, incapable de faire sortir un son de sa bouche, elle était encore légèrement sous le choque, elle essayait de faire une mise au point sur le visage de son sauveur mais malgré tout elle ne voyait pas grand-chose hormis le fait qu’il était de sexe masculin selon sa voix. De plus les pauvres rayons de la lune l’éblouissaient légèrement, camouflant encore plus le visage de l’inconnu dans la noirceur de la nuit. Celui-ci sortit de la piscine et il tendit sa main vers Seol pour l’aider à sortir. « Qu'est-ce qui t'as pris de tomber comme ça, alors que tu ne sais pas nager ? » Seol accepta la main de l’inconnu avec un faible sourire. Elle remonta sur le bord de la piscine avec tant de bien que de mal. Les jambes tremblantes et légèrement intimidée, la petite poupée coréenne fixait avec insistance le jeune homme.

Légèrement chancelante, Seol trébucha en marchant et elle alla se rattraper dans les bras du jeune homme. Se redressant vivement, et toujours sans un mot, elle s’inclina une fois de plus pour s’excuser de sa maladresse. La jeune fille cherchait son sac pour y prendre son calepin histoire de s’expliquer. Seulement, ces fichues lumières automatiques n’en faisaient qu’à leur tête, ne voulant pas s’allumer, laissant Seol dans la confusion nocturne. Il fallait qu’elle parle, sinon il allait prendre peur. Comme tous les autres d’ailleurs. Personne ne voulait l’approcher, hormis peut-être HyunKi et Yul, ses deux seuls amis si je ne puis dire.

D’une voix hésitante et douce, Seol posa son regard sur l’inconnu - du moins, sur ce qu’elle pouvait en voir-. « Je..J’ai… glissé… » dit-elle en totale confusion et gêne. Était-ce une réponse valable? La jeune file recula d’un pas, ses pieds étaient douloureux et abimés à cause de la danse classique. Seol chancela une nouvelle fois sous la douleur de ses pieds.

« Ça va ? » Elle s'incline avec insistance, et je me demandais si elle était vraiment muette, ou si elle était simplement sous le choc, puis décidais finalement que ça n'avait aucune importance. Je décidais d'apprendre à connaître cette fille – malgré le fait qu'elle puisse être associable, bizarre, étrange, ou tout ce que vous voulez. Elle pouvait même être muette, boiteuse, ou sourde. Mais j'aimais les défis. Cette jeune fille en était un, en elle même.

Je l'aidais à sortir de la piscine, et elle attrapa ma main. Cependant, je pus sentir l'hésitation qu'il y avait en elle, et aussi que ses jambes tremblaient. Avait-elle froid ? Je n'étais pourtant pas un expert en relations humaines, et je n'étais pas assez altruiste pour m'occuper des émotions des autres, mais là, ça semblait sauter aux yeux. Ou alors, elle était simplement encore sous le choc et essayait de voir quelle tête j'avais, malgré les rayons lunaires qui lui tombaient dans les yeux. Sûrement un peu des deux. En tout cas, j'étais sûr qu'elle ne s'en irait pas en courant en me voyant. Je n'étais pas bossu.

Elle tenta quelques pas hésitants, et se prit les pieds dans... ses propres pieds, et elle atterrit dans mes bras. Tout cela ressemblait désespérément à un drama à l'eau de rose, et pourtant je lui souriais gentiment. D'ailleurs, elle s'empressa de s'en aller en s'excusant avec véhémence – toujours en s'inclinant... j'allais vraiment finir par penser que les rumeurs étaient vraies. Elle marcha vivement jusqu'à une forme approximative dans l'ombre, la ramassa, et je m'en allais faire de même avec mes habits. « Je... J'ai... glissé... » Je jetais un regard sérieux sur son visage, et souriais doucement. On me disait souvent que ce sourire que j'avais en beaucoup d'occasions était gênant. Les gens ne savaient jamais comment le prendre: si c'était un sourire d'encouragement, un sourire séducteur, ou encore un simple sourire de garçon ténébreux-et-solitaire. Ces remarques m'avaient toujours faites rire. Mais aujourd'hui... je n'avais pas envie de rire, alors je donnais une impulsion plus joyeuse à mes lèvres. Histoire qu'elle ne s'en aille pas en courant. J'en profitais pour déposer ma veste sur ses épaules, enfilant les manches sur ses bras, et fermant la fermeture éclaire dans un zip qui me paru très sonore, au beau milieu de ce silence. Je frictionnais ses bras avec attention durant quelques secondes, et me détachais d'elle. Je voulais pas avoir l'air d'un pervers intéressé.

« Tu es gelée. On devrait rentrer avant que tu n'attrapes la crève. » Je l'invitais à l'intérieur du bâtiment, et me tournais vers elle soudainement, un sourire aux lèvres (un sourire bel et bien joyeux cette fois). « C'est toi que j'ai croisé tout à l'heure. Tu t'en allais vers la salle de danse. Et en partant, j'ai cru comprendre que tu faisais de la danse classique, vu la musique. » Je devenais songeur quelques instants puis reprenais: « C'est une belle discipline la danse classique. Du moins chez les filles. » Je rigolais pour moi même. J'avais bien du mal à me voir en justaucorps rose moulant, des ballerines aux pieds. Ça aurait cassé le mythe de ma virilité pour des générations entières. Non, franchement, je préférais de loin les danseuses classiques.

Seol, légèrement déboussolée par la situation, regardait à droite à gauche. Cherchait-elle un quelconque échappatoire? Probablement, notre petite poupée coréenne est une jeune fille préparée à tout et elle anticipe ses mouvements avec intérêt. Du moins ce n’est pas toujours le cas vu son déséquilibre constant. Cherchant son sac avec frustration, la jeune fille au physique enfantin faisait de petits allés et retours aux angles de la piscine. Tête en l’air, non pas du tout, juste perdue dans cette océan d’obscurité, seule avec un inconnu qui venait de la repêcher. Comment devrait-elle le remercier? Il l’avait tout de même sauvée. Mais cette question se poserait plus tard. Seol sortie de ses pensées lorsque le jeune inconnu lui mit une veste sur les épaules. Elle gardait son regard rivé sur cette forme dans l’ombre qui lui enfilait les manches de la veste. Elle se laissait faire, ce n’était pas habituel - car le nombre de personnes ayant touché Seol n’était pas non-plus très dense. La bouche en cul-de-poule, interloquée, Seol essayait avec tant de bien que de mal de donner un visage à son interlocuteur qui lui frictionnait les épaules. Un courant de chaleur traversa le petit corps frêle de Seol qui se noyait dans une confusion totale. Elle tendais son bras vers ce qu’elle pouvait apercevoir du garçon mais elle se stoppa net lorsqu’il s’exprima « Tu es gelée. On devrait rentrer avant que tu n’attrape la crève. » puis sans plus attendre Seol fut entrainée à l’intérieur du bâtiment.

Scénario digne d’un film hollywoodien, probablement pas, mais Seol demeurait sans voix et constamment perdue dans la gestuelle du jeune homme. Tout c’était passé très vite, dès l’instant ou elle était tombée dans l’eau au moment ou le garçon l’avait secourue. Seol gardait ses yeux rivés au sol tandis qu’elle pénétra dans l’immense bâtiment. Les lumières de la piscine intérieure éclairèrent le visage de son interlocuteur. Une bouche légèrement pulpeuse, un regard de marbre mais un comportement chaleureux. Sur qui était-elle tombée? Ce beau garçon qui l’aidait depuis tout à l’heure, comment s’appelait-il? La jeune fille le fixait d’une telle intensité que tout autour aurai pu s’effondrer, elle n’aurait jamais changé de point de vue. La bouche légèrement ouverte, Seol buvait les paroles du garçon « C’est toi que j’ai croisé tout à l’heure. Tu t’en allais vers la salle de danse. Et en partant j’ai cru comprendre que tu faisais de la danse classique, vu la musique. » Il marqua une légère pause d’un air songeur puis reprit « C’est une belle discipline la danse classique. Du moins chez les filles. »

Étonnant. C’était étonnant à quel point ce garçon était décontracté. On aurait cru que tous les malheurs du monde s’évaporaient rien qu’à l’écoute de sa voix grave. Seol était impressionnée par cet être brillant et mystérieux. Bizarrement, elle n’avait pas peur, elle se sentait bien. Ses grands yeux demeuraient fixés sur le jeune homme, son cœur semblait résonner, comme si le monde c‘était arrêté de bouger. Seol gardait ses bras le long de son corps tandis qu’elle avançait lentement d’un pas vers le jeune homme. Son index vint frôler une mèche de cheveux de son interlocuteur. D’une seconde à l’autre Seol reprit ses esprits, elle semblait avoir retrouvé des couleurs et ses yeux, écarquillés, fixaient son index qu’elle retira vivement. Reculant d’un pas Seol ouvrit la bouche en bégayant « oh… euh…j… je » Elle aurait voulue s’excuser mais il lui semblait que ça aurait été de trop dans la situation présente.

C’est bien ça son problème à Seol, à force d’être constamment seule, elle pense beaucoup trop et son imagination déborde parfois un peut trop ce qui créer une situation encombrante et gênante. Dans le cas présent, Seol se sentait fondre sur place; ne pouvait-elle pas simplement contrôler ses pensées vagabondes? Apparemment non, les Dieux étaient contre elle ce soir et le rouge lui montait aux joues. Elle se retourna, dos au jeune homme et tête baissée. Les manches de la veste étaient trop grandes, et le tissu recouvrait à peine son bassin, situation légèrement gênant vue l’unique justaucorps qu’elle portait sous ladite veste. Ses cheveux courts, trempés, dégoulinaient sur son visage porcelaine tandis qu’elle jeta un rapide coup d’œil au garçon. Allait-il la prendre pour une folle? Non. Du moins pas encore. Cultiver la différence, cultiver la différence. Les mots de son ami Hyunki défilaient dans ses pensées. Seol secoua la tête, elle ne voulait pas que cet inconnu la juge selon son comportement. Prenant son courage à deux mains, elle se retourna vers le jeune homme, elle fit un petit pas très gracieux vers lui. Elle porta à sa poitrine ses petites mains cachées par les longues manches de la veste, les yeux rivés au sol, la jeune fille hocha la tête, légèrement hésitante, en guise de réponse. Seol à grandit avec la danse classique, c’était son seul échappatoire du quotidien avec la musique et son ourson en peluche Danny.