Seol &

Hyun Ki

FLASH BACK

Je marchais tranquillement dans les couloirs de l'académie, réfléchissant à une future chorégraphie. J'avais bientôt cours de théâtre mais je n'étais pas pressé. J'avais plusieurs minutes encore pour arriver à ma salle et j'avais bien l'intention d'en profiter pour flâner. Cependant, au détour d'un couloir, une voix étonnante me parvint. A qui appartenait cette magnifique voix ? Elle s'élevait doucement, susurrant les paroles d'une chanson. Je me penchais vers le couloir suivant, et découvrait avec stupéfaction Seol. Je l'avais toujours crue muette. Pourquoi dissimuler une si belle voix ? Mais tout s'était brisé lorsqu'elle m'avait vue, et qu'elle était partie en courant, le rouge aux joues. Je n'avais rien pu faire.

FLASH BACK'S END

J'avais observé durant toute la semaine les habitudes de Seol. J'avais organisé son propre emploi du temps. Je n'avais pas l'intention de perdre cette amie comme ça, sans rien faire. J'avais donc imaginé un stratagème. Je m'étais placé dans la salle abandonnée, sachant qu'elle passerait par là, et j'avais attendue l'heure propice, mon violoncelle entre les mains. Je pouvais chanter peu de chansons en version originale grâce à mon instrument. Peu de stars de la Kpop jouaient du violoncelle. Cependant, je pouvais transformer certaines balades. Et les ajuster à mon instrument insolite. Cette fois ci, j'avais décidé de jouer « To love again », des 2AM. J'aimais ma version de la chanson. Puis je m'étais entraîné au chant. Ce n'était pas mon point fort, mais je savais chanter juste, malgré le fait que je n'étais pas un grand fan de ma voix. Jae Young avait une voix plus puissante, plus profonde. La mienne était plus faible, plus douce, plus aiguë aussi. Mais il me faudrait m'en contenter pour l'instant.

J'entendais ses pas. Je l'imaginais, Danny dans ses mains, et je souriais, fier de ma surprise. Lorsque les bruits de ses chaussures se firent plus stridents, je posais mes doigts sur les cordes de mon instrument, et j'entamais ma musique, doucement, faisant glisser l'archer délicat. La mélodie monta lentement dans la salle, et, les yeux baissés, je me concentrais pour ne pas regarder Seol. Il ne fallait pas qu'elle fuit. Ça aurait été trop facile. Puis je commençais à chanter. « Geudaen doraorago malhajiman nan. Nan geureol suga eopdaneun geol jal aljanha. Dasi sijakhajago butjapgo aewonhajiman, ttodasi neol ulge hal geotman gata » Je souriais, écoutant les notes qui montaient, montaient. « Heunhan ibyeol noraega geudae yaegiman gatgo. Ajik nae saenggage apeudan geol aljiman da algo itjiman ».

J'entendais la porte de la salle grinçait légèrement, et nnfin, n'y tenant plus, je levais mes yeux vers la porte, souhaitant y voir Seol. Je lui souriais d'un air ravi entre deux phrases, tout en tenant les notes, priant de toutes mes forces pour qu'elle ne s'en aille pas. Et elle ne s'enfuit pas. Et je continuais de sourire, tandis que la chanson prenait fin. Je restais assis, les dernières notes envolées, trop joyeux pour me lever (et ne pas crever le plafond). Sur ma chaise, je me tournais vers Seol. « Coucou Seol! » Avec un regard entendu, je poursuivais: « Je ne m'attendais pas à te voir là... » Je lui adressais un clin d'oeil complice.

Seol n’en pouvait plus de se cacher de jours en jours, essayant avec tant de bien que de mal d’éviter HyunKi. Manque de chance ou pas, celui-ci avait eu le malheur d’entendre la voix de la jeune fille, ce qui la chamboula dans tous les sens. Le petit bout de femme qu’était Seol rasait les murs de l’école tous les jours, n’hésitant pas à faire de grand détours pour éviter son ami. Danny, son ourson en peluche, en prenait des conséquences actuelles, il devait tous les soirs, servir d’éponge à panique à Seol. Celle-ci ne s’arrêtait pas de pauser des questions à cet ours en peluche, malgré le fait qu’elle sache qu’il ne lui répondra probablement jamais.

Un jour comme un autre, beau temps, élèves en furie dans les couloirs, des notes de musique valsant autour de l’école, quoi de plus banale qu’une journée à la Kirin High School. Seol marchait lentement à travers l’école, elle n’avait pas de cours l’après midi et son petit ventre se faisait déjà entendre. Danny était accroché au manche de sa guitare et Seol dessinait frénétiquement des notes de musiques sur son fameux calepin vert. Une grosse écharpe en laine lui barrait le visage en dessous de son petit nez et Seol marmonnait quelques paroles d’une quelconque chanson.

Les bruits musicaux de l’école commencèrent à se faire loin, tandis que Seol s’éloignait de la partie vivant de l’école. Elle venait d’atterrir dans un des couloirs menant à une salle de classe abandonnée. Son petit repaire à elle. Personne ne venait ici, et beaucoup d’histoires de fantômes circulait, alors quoi de plus banale pour notre passionnée du paranormale, que d’aller dans ladite salle hanté. De plus le silence y était roi, donc Seol pouvait enfin avoir la paix et se reposer un moment.

Silence de Roi ai-je dis? Un peu plus au fond dans le couloir, quelques notres de musique s’évadaient de la salle abandonnée. Le son hurlant d’un violoncelle vint percuté le doux silence de Seol. Celle-ci relevait brusquement la tête en regardant de la lumière filtrer à travers la porte entre-ouverte. La jeune fille avança de quelques pas, tout en découvrant petit à petit une voix masculine et agréable, valser en dehors de la salle. « Geudaen doraorago malhajiman nan. Nan geureol suga eopdaneun geol jal aljanha. Dasi sijakhajago butjapgo aewonhajiman, ttodasi neol ulge hal geotman gata ». Plus Seol avançait plus la voix se faisait forte, la jeune fille ne trouvait pas cela désagréable, mais venait à l’encontre des fameuses règles du fantôme de la salle? «  Heunhan ibyeol noraega geudae yaegiman gatgo. Ajik nae saenggage apeudan geol aljiman da algo itjiman ». Seol suivait les douces paroles, Danny s’était décroché du manche de la guitare et elle se baissa doucement sans faire de bruit, pour le ramasser. La jeune fille serrait dans ses bras l’ourson en peluche et d’une de ses toutes petites mains, elle poussa légèrement la porte. Celle-ci ne fit aucun bruit.

Seol passait lentement sa tête dans l’ouverture pour observé le prodige du violoncelle. Le regard sombre de la jeune fille s’éclaira vivement, et ses yeux s’écarquillèrent de façon grotesque, la bouche entre-ouverte, Seol remarqua HyunKi avec stupéfaction. Seol lâcha la porte, qui s’ouvrit en entière. Laissant une Seol droite comme un ’i’, son esprit nous avait déjà quitté. « Coucou Seol! ». Seol ouvrit doucement la bouche, et dans un murmure, avec sa petite voix d’anime mangas, elle s’exclama:

- Su….Sumbae….

«  Je ne m'attendais pas à te voir là... ». Seol eu un moment d’absence, puis sous l’effet du ‘choc’ ses grands yeux se remplir de chaudes larmes. Les yeux fermés et la bouche entre-ouverte, Seol pleurait doucement sen silence (avec le hoquet). La jeune fille n’arrivait pas à regarder son senior de quelques mois en face. Seol voulait disparaitre ou se faire encore plus petite qu’elle ne l’était du haut de son mètre cinquante. La jeune fille renifla vivement, puis de sa si spéciale petite voix, elle commença à chanter: « Dashi geudaereul … saranghagien …. Naega neomudo nappeun namjaigi ttaemune …. Ajik geudaega nareul itji mothanda haedo …. Geudae gyeoteuro gal suga eopseo » Seol chantait dans un murmure, tout en priant pour ne pas paraitre ridicule.

Je chantais doucement, concentré sur la mélodie qui s'élevait de mon violoncelle, lorsqu'elle ouvrit la porte. Elle était figée, la bouche grande ouverte dans une expression de totale stupéfaction, les yeux écarquillés. On aurait dit qu'elle venait de voir un fantôme. J'espérais tout de même être plus agréable à voir. Je lui souriais, parfaitement satisfait de mon effet, jusqu'à ce que des larmes commencent à couler de ses grands yeux. Mais les paroles qui émergèrent de sa bouche, de sa voix si spéciale, me rassurèrent, et je chantais à sa suite: « Dashi geudaereul … saranghagien …. Naega neomudo nappeun namjaigi ttaemune …. Ajik geudaega nareul itji mothanda haedo …. Geudae gyeoteuro gal suga eopseo »

Les dernières notes s'éteignaient avec douceur, et j'en profitais, les yeux clos, les images de Seol revenant dans ma tête en tourbillon. Rouvrant les yeux, je l'invitais à venir s'asseoir à mes côtés avec un sourire rassurant. Je sortais un calepin de ma poche, ainsi qu'un stylo, et commençais à écrire, en m'appliquant, comme à chaque fois ou je communiquais de la sorte avec Seol. Je prenais garde à bien former chaque caractère, car j'écrivais très mal. Il était difficile pour quiconque d'arriver à déchiffrer ma calligraphie. Je lui montrais le morceau de papier: « J'ai fait tout ça pour que tu comprennes que je ne te jugerais jamais. Tu vois, j'ai une bien moins jolie voix que la tienne. Alors tu ne dois pas avoir honte de ta voix. » J'attendais qu'elle ai eu le temps de lire, et j'arrachais la feuille, recommençant à écrire avec rapidité.

« J'espère que tu ne m'en veux pas. Je devais avoir l'air un peu ridicule, non ? Dans le style comédie musicale, on fait mieux ! :D » Je rigolais humblement, et reposais mes doigts sur les cordes de mon violoncelle, et entamais une mélodie que je jouais étant petit, tout en observant le visage de Seol. Seol était une jeune fille (elle avait beau avoir le même âge que moi, je ne pouvais m'empêcher de la voir comme une enfant. Cela était sûrement dû au fait qu'elle avait toujours avec elle sa peluche, Danny. Il était dur de se considérer autrement que comme son grand frère) très réceptive, malgré l'impression de renfermement qu'elle offrait au gens. J'avais toujours été convaincu que, derrière son apparence d'enfant fermée aux autres, elle avait une grande sensibilité. J'aimais beaucoup Seol. Il n'y avait pas matière à s'ennuyer avec elle, et pas non plus de place au conflit. J'aimais bien voir les émotions passer sur son visage.

« Je suis désolé de t'avoir effrayé la dernière fois. Ce n'était pas mon intention. Tu veux bien me pardonner ? Ça me ferait plaisir qu'on soit à nouveau amis.  » Je souriais sans quitter mon instrument des yeux. J'avais été forcé de parler, cette fois-ci, incapable d'écrire et de jouer en même temps (j'ai pas vingt-huit bras, hein !!). Cela me faisait cependant bizarre. J'avais pris l'habitude de communiquer par papier avec Seol, me pliant ainsi à ses envies. Et a vrai dire, ce n'était pas désagréable. On pouvait dire tellement de choses, par écrit. Tellement plus qu'en parlant. On avait une liberté que l'on ne possédait pas, lorsque l'on s'exprimait avec la voix.

Seol se plaça doucement à côté de Hyunki, d’un petit bond elle s’assise sur une des tables. Son regard constamment rivé sur le sol, venait de s’élever pour regarder Hyunki. La jeune fille ne put s’empêcher de regretter de ne pas l’avoir comme frère. Bien entendue la jeune fille avait un grand-frère déjà… mais elle ne l’avait pas vu depuis deux ans, et la chaleur familiale n’était plus dans son cœur depuis déjà bien longtemps. Seul Hyunki avait réussi à allumer la flamme qui s’était consumée au fil du temps. La jeune fille s’assise sur ses genoux en position de prière, ses mains plaquées contre ses cuisses, elle regardait Hyunki, qui était en face d’elle, avec insistance.

Lorsque Seol vit Hyunki sortir son calepin, elle fut comme rassurée, d’un certain côté. Elle qui avait tant l’habitude d’écrire, le fait de parler la dérangeait de plus en plus. Seol cacha son petit sourire dans sa grosse écharpe, tout en regardant Hyunki s’appliquer à l’écriture. Il est vrai que son écriture était brouillon et illisible, mais elle émanait assez de chaleur pour rendre Seol heureuse. Pour certain ce ne serait que quelques vulgaires mots jetés sur un bout de papier qui disparaitra, mais pour Seol, l’expression écrite était bien meilleure que l’orale. On y découvrait parfois trop de bonnes et mauvaises choses. A l’orale, on parle souvent sans réfléchir, alors qu’à l’écrit, les détails comptent beaucoup.

Seol fut sortie de sa rêverie lorsque Hyunki lui tendait le bout de papier sur lequel il venait d’écrire. « J'ai fait tout ça pour que tu comprennes que je ne te jugerais jamais. Tu vois, j'ai une bien moins jolie voix que la tienne. Alors tu ne dois pas avoir honte de ta voix.  » Seol lisait lentement, son index légèrement posé sur le papier, elle soulignait les lignes avec son doigt, comme une enfant qui apprenait à lire. La jeune fille était assez touchée par l’écrit de son ami, ses yeux furent une fois de plus, surpassés par de petites perles de larmes. Il est vrai qu’elle avait du mal à s’exprimer car le regard des autres l’influence énormément, mais Seol fait des efforts de jours en jours pour y remédier.

La jeune fille passait une main sur son visage pour y enlever toute larme salée restante. Le jeune homme déchira le bout de papier pour écrire autre chose. « J 'espère que tu ne m'en veux pas. Je devais avoir l'air un peu ridicule, non ? Dans le style comédie musicale, on fait mieux ! :D » Seol secouait la tête tout en lisant les lignes de Hyunki. Elle sortit son propre petit calepin vert. Elle le posa sur ses cuisses, puis elle se pencha pour écrire. A elle toute seule elle formait une sorte de petit cocon posé sur une vieille table de cours.

Seol écrivait lentement mais surement, elle prenait son temps car elle savait qu’elle l’avait. Au bout d’un petit moment, Seol se redressa, elle tendais son calepin à hyunki.

« Sumbae… je ne t’en veux pas! Au contraire, j’avais peur que tu prenne mal le fait de t’avoir caché ma voix… Je pensais que tu ne voudrais plus me voir à cause de ça… Je savais, d’un certain point de vue, que tu devais savoir que je n’étais pas muette et pourtant je suis rester dans le silence. Mianhae sumbae… » Seol attendait sagement que son ami ait finit de lire, puis elle tourna la page pour griffonner autre chose. « Sumbae, t’as voix n’est pas mauvaise, tu devrais juste la travailler un peu. Mais ça ma rendue heureuse de t’entendre chanter… » la jeune fille se stoppa, elle arracha le bout de papier qu’elle tendit à Hyunki.

Tête baissée, mains entrelacées, Seol ouvrit la bouche, puis elle murmura dans un souffle:

- Merci.

Elle releva doucement la tête, son visage exprimait une énorme gratitude envers hyunki. Peu de gens appréciait Seol pour ce qu’elle était, beaucoup la fuyait comme la peste car aux yeux des autres, Seol était « la petite fille fantôme qui se ballade dans les couloirs de l’école en silence ». Beaucoup la prenne pour un fantôme ou pour une primaire qui c’était perdu en rentrant de l’école. Sa petite taille en faisait beaucoup, mais Seol devait vivre avec les critiques de ses juniors. Même les nouveaux professeurs lui demandait gentiment «  petite fille, tu ne te serais pas perdue par hasard? », et Seol leur répondait par écrit « Lee Seol. 3ème Année spécialisée en musique. 20 ans. 1m53. ».

La jeune fille murmura une fois de plus;

- Merci… Hyunki…

Sa petite voix enfantine se fit plus forte lorsqu’elle prononça le prénom de son ami.

« Tu joues de la guitare depuis longtemps ? » Seol regardait Hyunki avec insistance, il lui désignait sa guitare ainsi que son violoncelle à lui. La jeune fille eu un petit sourire enfantin, puis dans une brève écriture elle plaça le mot sous les yeux de son ami: « Depuis que j’ai huit ans! ^w^ ». Seol marqua une pause en attendant qu’il ait finit de lire. Elle reprit son calepin puis elle écrivit « Et toi? Tu joue du violoncelle depuis combien de temps? » une fois que Hyunki eu fini de lire, la jeune fille lui lança un sourire éclatant. La jeune fille aurait-elle enfin trouvé quelqu’un de confiance dans cette école? Les arts de la scène, on trouve beaucoup d’écoles de ce genre et toute contiennent des élèves tous aussi différents les uns que les autres, et parfois c’est assez dur de s’intégrer pour une antisociale.

« Pourquoi viens-tu ici ? Il n'y a rien dans cette salle, si l'on exclu les tables usées et les chaises bancales. » Seol baissa doucement les yeux. Cette question paraissait des plus banales pour Hyunki, mais pour Seol, c’était dur d’y répondre. Mais elle exprima quand même sa solitude à Hyunki. D’une petite voix cristalline elle s’exprima, en totale confiance;

« Tu a bien du remarquer que je n’aime pas beaucoup parler. » Elle marqua une pause avant de reprendre. « D’ailleurs à un tel point que j’en suis venue à communiquer via l’écriture… » Elle eu un petit rire angoissé, mais elle reprit. « Je ne suis pas non plus particulièrement fan du bruit… et du regard des autres. Ce regard de pitié et de méprit qu’on me pause dessus, tout cela car je n’ai pas beaucoup d’amis et qu’on me crois muette. » Seol passa sa main dans ses cheveux courts, elle soupira doucement. « Cette salle… elle est calme, elle a du vécu car elle est usée et seule. Mais elle, au moins elle ne me jugera jamais, elle m’apporte le silence que j’aime, et je peux y réfléchir tranquillement, je peux jouer de la guitare sans qu’une troupe d’élèves ou autre, vienne déranger ma mélodie. ». Seol parlait autant pour la première fois de sa vie face à quelqu’un, hormis pour son audition d’entrée à l’école.

Son regard devint un peu sombre, il n’était pas dans ses habitudes de s’ouvrir autant à quelqu’un, malgré le peu de courage qu’elle avait. La jeune fille changea de position, elle s’assise en ciseaux sur la table assez bancale comme le disait Hyunki.

« Tu joues de la guitare depuis longtemps ? » Elle sourit de sa façon la plus enfantine et écrivit rapidement: « Depuis que j’ai huit ans! ^w^ Et toi? Tu joue du violoncelle depuis combien de temps? » Je souris, lorsque je m'aperçois que nous avons débuté la musique au même âge. « Tu joues de la guitare depuis longtemps ? » « Depuis que j'ai huit ans, moi aussi ! C'est pas génial ? =D » Je répondais au sourire ravi de Seol, avec l'impression de partager quelque chose avec elle, sentiment gratifiant au delà du possible. Si je m'étais senti auparavant proche de Seol, je l'étais désormais encore plus. Je découvrais une autre Seol, plus sûre d'elle. Se sentait-elle en confiance ? Si tel était le cas, j'en était heureux. Nous avions fait un autre pas vers l'amitié.

A ma prochaine question, elle choisit de répondre à l'oral, et j'écoutais sa réponse avec interêt.
« Tu a bien du remarquer que je n’aime pas beaucoup parler. » Je hochais la tête en signe d'assentiment. « D’ailleurs à un tel point que j’en suis venue à communiquer via l’écriture… » Elle rigola nerveusement. Je gardais un silence respectueux. « Je ne suis pas non plus particulièrement fan du bruit… et du regard des autres. Ce regard de pitié et de méprit qu’on me pause dessus, tout cela car je n’ai pas beaucoup d’amis et qu’on me crois muette. Cette salle… elle est calme, elle a du vécu car elle est usée et seule. Mais elle, au moins elle ne me jugera jamais, elle m’apporte le silence que j’aime, et je peux y réfléchir tranquillement, je peux jouer de la guitare sans qu’une troupe d’élèves ou autre, vienne déranger ma mélodie. » Son regard s'assombrit. Peut-etre avait-elle peur que je mettes à rigoler, à me moquer d'elle, soudain ? Il s'en serait rien. « Je comprends ton point de vue. » Je me levais et me mettais face à Seol, qui avait croisé ses jambes sur la petite table. « La différence effraie les gens. Ce n'est pas vraiment de la pitié qu'ils ressentent pour toi... mais c'est de la peur. La peur de l'inconnu. Et ils cachent cette peur du mieux qu'ils peuvent. »

Je rigolais de dépit. « Chacun doit subir ce mépris, à son échelle. Malheureusement, certaines personnes comme toi, qui cultivent la différence, et en font quelque chose de très beau, sont détestés de la société. » Je posais une main sur le haut du crâne de Seol, comme un frère qui aurait voulu rassurer une petite soeur. « Mais le plus important dans tout ça, c'est que tu restes toi même, et que tu sois fière de ce que tu es. Et les gens que tu dois connaître et aimer viendront d'eux même. » Je lui jetais un regard assuré. J'étais persuadé de mes dires. Je ne voulais pas la bercer dans de vaines illusions. J'étais persuadée qu'elle trouverait ceux qui devaient l'accompagner. Tout comme moi, certaines personnes n'avaient pas peur de la différence.

Dans ce grand monde dans lequel nous vivons, il existe malheureusement des rangs. Toute sorte de rangs, sociaux, psychologiques entre autre. Cette division des classes pourrait paraitre discriminatoire et c’est d’ailleurs tristement le cas pour nous tous. Un petit regard sombre, un visage exprimant constamment de la douleur, un comportement des plus solitaires, une façon d’être inacceptable par les autres. Rejetée de la société serait le mot et pourtant Seol ne se sentait pas de la sorte. Ce mot est beaucoup trop fort -peut-être pas assez pour exprimer sa solitude- mais la petite poupée coréenne n’arrive pas à s’en détacher. Vous savez cette étiquette qui vous colle à la peau, il est tellement dure de l’enlever que beaucoup de gens finissent par la garder jusqu’à leur mort. Seol ne veut pas finir ainsi, cette fameuse étiquette soudée en elle, elle fait de son mieux pour faire disparaitre ces préjugés et elle essai de changer, seulement tout n’est pas si facile dans la vie, même si le problème pourrait paraitre minimale il est romanesque pour Lee Seol, ce petit bout de femme tellement invisible qu’on la bouscule souvent dans les couloirs.

Revenons à la réalité, dans cette vieille salle abandonnée, seule avec son unique ami, avec ce violoncelle et cette guitare usée par le temps et le doigté de la guitariste. Seol, assise en tailleur gardait son regard rivé sur l’angle de la table, fissurée, usée, gravée. La voix de son ami résonna en elle tel un écho au grand canyon. « Je comprends ton point de vue. » Seol releva lentement ses yeux vers Hyunki. Elle le regarda chaleureusement tandis qu’il se positionnait face à elle en poursuivant « La différence effraie les gens. » Seol ramena ses gens à sa poitrine en croisant ses bras autour. « Ce n’est pas vraiment de la pitié qu’ils ressentent pour toi… mais c’est de la peur. La peur de l’inconnu. » la petite poupée posa son regard sur le violoncelle, d’un air fatiguée. « Et ils cachent cette peur du mieux qu’ils peuvent. Chacun doit subir ce mépris, à son échelle. Malheureusement, certaines personnes comme toi, qui cultivent la différence, et en font quelque chose de très beau, sont détestés de la société. »

Seol eu une légère absence. Elle n’avait ni le physique ni le comportement d’une personne dont on pourrait avoir peur. Elle était différente, certes, mais il ne lui avait jamais traversé l’esprit de faire… peur. Mais il y avait du bon dans ce que disait Hyunki et il ne fallait pas se renfermer sur soi-même en pensant être un monstre… « il faut juste prouver ce que nous sommes aux autres…. Mais à quoi bon, pourquoi devrait-on prouver aux inconnus ce que nous devons? » dit-elle en pensant à voix haute. Cultiver la différence, est-ce une bonne chose? Du moins, assez bonne pour survivre dans ce monde divisé? A la recherche, chaque jours qui passent, d’une vérité que nul autre que Seol ne pourrait découvrir. Elle veut changer, mais d’une certaine manière, pas pour les autres mais pour elle. Et pourtant elle doit prendre en compte ces gens qui l’entour, elle doit prendre en compte leurs sentiments, elle doit gérer leur peur, elle doit… tout simplement s’intégrer.

La jeune fille senti une main se poser sur sa tête. Elle releva son visage et son regard pénétra dans celui de Hyunki. « Mais le plus important dans tout ça, c’est que tu restes toi-même, et que tu sois fière de ce que tu es. Et les gens que tu dois connaître et aimer viendrons d’eux-mêmes. » Alors s'il n’était pas question de changer, juste de rester elle-même. La jeune fille aurait pu se perdre dans ses pensées, voir même s’y noyer, mais pourquoi chercher à faire compliquer alors que simple est là. Hyunki venait d’illuminer son esprit, d’un certain côté, elle se sentait soulagée, un ’frère’ comme Hyunki, il n’y en avait pas deux. Seol sortit son calepin et elle griffonna dessus un «  Merci… » puis elle le montra à Hyunki et elle bascula en avant pour enlacer son ami. « Tu sais… ma famille n’est pas grande… elle est petite. Tellement petite que je m’y sens seule. Je n’ai pas beaucoup de personnes sur qui compter. » Elle marqua une pause en avalant sa salive « Mais tu es là, et tout ira bien… ne oppa? » Seol eu une vision de son frère. Son véritable frère. Ou était-il? Quelque part dans ce monde. Il aurait pu être là pour Seol, mais ce n’était pas le cas. La seule personne présente ici pour Seol, c’était Hyunki. Et… personne d’autre? Le destin est semé d’embûches.