Il y a une chose plus ou moins universelle, que fait une fille lorsqu'elle déprime : manger. Dans mon cas, j'étais plutôt du genre à me goinfrer. Comme si la nourriture pouvait compenser l'absence. C'est vrai, c'est une méthode qui fonctionne sur le moment et qui te rend malade quelques minutes après la fin du festin. Et pourtant, j'étais connue pour être un estomac sur patte. Alors, évidemment, je passais du temps à la cafétéria. Beaucoup de temps. Dès que j'en avais l'occasion, en fait. Hye Rah me l'avait d'ailleurs reproché. On ne devient pas une Idole de la Kpop en prenant dix kilos en deux jours. Mais je m'en fichais. J'étais malheureuse. Alors, franchement, je me fichais de mon poids. De toute façon, j'étais tellement stressée par mes débuts dans le groupe des Shooting Stars et par le prochain spectacle de l'école, que tous les grammes que je prenais, je les perdais à l'entrainement. Les joies d'être dans une école d'art... Et malgré tous les efforts de mes amis, je peinais à retrouver la joie de vivre qui faisait ma réputation.
Ce jour-là, j'étais assise seule, à une table placée dans un coin du réfectoire. Un crayon dans une main, des baguettes dans l'autre, je tentais d'écrire les paroles d'une nouvelle chanson destinée à un cours de chant tout en engloutissant des ramen. J'entendais des personnes me parler mais je ne leur jetais même pas un regard. J'étais occupée et à vrai dire, je me fichais totalement de leur petite vie. Alors, découragées, elles s'en allaient très vite, certains n'hésitant pas à m'insulter pour mon manque d'attention. J'haussais les épaules et continuait mes activités. Et puis, j'en eus soudainement marre. J'aimais écrire des chansons, je le faisais d'ailleurs depuis longtemps. Mais je n'étais pas d'humeur. Alors, je lâchais mon crayon et mes baguettes. Puis, je posais mon front sur la table, fermant les yeux et essayant de faire abstraction du bruit qui régnait dans la salle. Et comme à chaque fois que je fermais les paupières, le visage de Hyun Ki vint me hanter. Dans un sens, j'aurais dû y être habituée. Mais non. Toujours pas.
Je sentis une main me tapoter l'épaule, me faisant sursauter. Je n'avais entendu personne arriver. Je me redressais vivement mais je perdis l'équilibre. Deux secondes plus tard, je me retrouvais les fesses par terre. Je levais un regard étonné et découvrit le visage surprit de... Hyunki en personne... Je restais figée, incapable de comprendre ce qui se passait. Était-ce un rêve? Etait-une illusion de mon cerveau, de mon corps en manque? Je me relevais et tendis une main vers son visage. Mes doigts effleurèrent sa joue, preuve qu'il était bien réel. Je sursautais violemment, prenant conscience qu'il était véritablement devant moi. Je reculais d'un pas, tentant de mettre de l'ordre dans mes idées. Tout se mélangeait. La surprise, la joie, la colère. Oui, j'étais furieuse. Il était partit, du jour au lendemain, m'abandonnant à moi-même. Puis, il revenait sans prévenir, comme si rien n'était arrivé. Je serrais les poings, me retenant de le taper. J'étais resté seule pendant toutes ces semaines, pendant ces mois. Seule. Même la présence de mes amis, de ma famille n'avait pas su combler le manque qu'il avait crée en moi. Je braquais sur lui, un regard débordant de rancœur. J'ignorais quoi dire. En fait, j'ignorais si j'arriverais à ouvrir la bouche et à prononcer une seule parole sans hurler.
MI SUN : Qu'est-ce que tu fais ici?
Ma voix était sèche, signe que je n'étais pas d'humeur à lui ouvrir les bras pour lui souhaiter la bienvenue. Et puis, mon regard croisa le sien. Et tous ces moments passés avec lui me frappèrent de plein fouet, ravivant les sentiments que j'avais profondément enfouis. Je sentis les larmes me bruler les yeux et je levais un poing pour l'abattre mollement sur son torse, histoire d'exorciser ma colère. La tête baissée, je sentis son cœur battre sous mes doigts tandis que je tentais de reprendre le contrôle de moi-même. Il m'avait manqué. Terriblement.
MI SUN : Oppa...
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J'avais pris ma voiture et aussitôt le tournage de la dernière scène du dernier épisode terminé, j'avais entrepris de faire le chemin depuis le plateau jusqu'à l'académie. C'était sûrement la chose la plus folle que j'avais jamais faite. Même si je n'avais aucune idée de la tête que je pouvais avoir, je sentais les cernes qui pesaient sous mes yeux et la fatigue qui rendait mes épaules lourdes. Je passais une main molle dans mes cheveux désordonnés (qui avaient repoussés depuis) et frottais du bout des doigts mes yeux bridés, tentant vainement d'en effacer le sommeil. Fou. J'étais fou. Si ça se trouve, elle ne voudrait même plus me voir. Peut-être même qu'elle m'aurait oublié (au fond de moi, je savais qu'il n'en serait rien, mais je connaissais aussi les effets surprenants que la tristesse peut provoquer chez quelqu'un) et pire... qu'elle m'aurait remplacé ? J'effaçais le plus rapidement possible cette possibilité de mon esprit embrumé, au risque de faire demi-tour et de chercher un hôtel pour la nuit. Je passais des chansons à la radio, subterfuge ridicule pour rester en éveil et rester concentré sur la route. Je me faisais souvent doubler par des automobilistes plus alertes que moi, et je me rendais compte à diverses intervalles de mon allure plus que lente. Je poussais le pied sur l'accélérateur avec un peu trop de dynamisme, et entamait une accélération puissante qui me fit m'écraser contre le siège. Je relâchais la pédale avec douceur, retrouvant enfin une allure correcte (et qui épargnais mes chevilles endolories).
Plusieurs heures de route plus tard, j'entrais dans la ville, au moment même où le soleil naissait à l'horizon. Un bâillement s'échappa de ma mâchoire. Si mon corps me hurlait de m'arrêter, mon esprit s'y refusait catégoriquement. J'avais trop hâte. Et peur à la fois. De l'adrénaline surgissait dans mes veines et provoquait de brefs tremblements sur mes mains collées au volant. Je garais avec rapidité la voiture sur le parking de l'académie, et descendait en titubant légèrement - qu'allaient se dire les gens qui passaient par là?! J'eus un pincement au cœur en revoyant l'académie, qui avait été si longtemps ma maison. Elle n'avait pas changé, même en plusieurs mois. Des élèves arrivaient par flots à l'entrée, et je me mêlais à eux, en tentant d'éviter les groupes de filles. C'était devenu un sport, désormais. J'étais devenu « Hyunki oppa » pour pas mal d'adolescente et ça me perturbait. Peut-être que la célébrité, finalement, ce n'était pas pour moi. Finalement, après avoir serpenté entre les groupes, les couloirs et les salles, sans aucun signe d'elle, je la trouvais. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Elle avait désormais les cheveux longs - est-ce qu'ils brillaient déjà comme ça à mon départ, où est-ce que j'hallucinais ?! - mais sa silhouette m'étais si familière que je n'avais pu l'oublier. Des petits détails me revinrent brusquement, que j'avais enfouis, comme des bulles de coca qui se seraient évaporées après ouverture de la bouteille. Je m'approchais lentement d'elle (j'étais un peu impressionné, à vrai dire) et finissais par tapoter son épaule avec douceur. Elle se retourna brusquement, m'arrachant un sursaut de surprise, et elle tomba au sol, tout aussi étonnée que moi. J'en aurais rigolé d'ordinaire – elle avait décidément le chic pour se retrouver toujours les fesses par terre – mais là, j'étais grave. Beaucoup trop grave. Ses doigts effleurèrent ma joue, me tirant un frisson qui me fit fermer les yeux. Mais la rancœur qui s'échappait comme de la lave de ses grands yeux bruns me retourna l'estomac. Et je jetais un œil discret à sa petite main qui se fermait en un poing dérisoire. « Qu'est-ce que tu fais ici? » Sa voix était sèche. Pas du genre hospitalière. Je poussais un soupir, mettant mon bras a l'horizontale et posant une main sur le mur. « J'ai finis mon tournage. Il y a... » J'observais ma montre. « 8 heures. J'ai pris la voiture, j'ai foncé, et me voilà. Je suis de retour. » Conclusion bien ridicule, afin de ne pas montrer ma gêne. Je tentais un sourire, mais je voyais bien que... eh bien, que c'était inutile. J'étais ravi de la voir – quiconque me connaissait un minimum aurait vu des étoiles dans mes yeux, derrière le voile de fatigue – mais je ne pouvais pas laisser libre cours à ma joie. Des larmes roulaient sur ses joues, un poing s'abattit sans volonté sur mon torse, et un unique mot fut soufflé. « Oppa... Ce ton me faisait peur. Mon imagination fertile s'imaginait beaucoup de choses – trop de choses. Un air d'angoisse dut se peindre sur mon visage (j'étais toujours incapable de contrôler mes sentiments en dehors d'une scène, et je réussissais à articuler: « Est-ce que j'arrive trop tard? » Je répétais ma question, un tremblotement dans la voix: « J'arrive trop tard ? » Une dose d'hystérie pointait dans ma voix. La fatigue, l'espoir et la peur se mêlaient étrangement, me rendant fragile et aussi accessible qu'un livre ouvert. J'arrivais à poser lentement une main sur le haut de son crâne, caressant avec douceur sa chevelure. Elle dut être surprise, car autrefois, j'ébouriffais ses cheveux avec malice. Ma main descendit avec prudence vers sa joue, ma paume englobant presque la moitié de son visage, et mon pouce décrivant un cercle tendre sur sa peau d'ivoire, à l'instar de mes yeux qui la dévoraient avidement du regard.
J'aurais du l'accueillir autrement. Lui montrer que j'étais heureuse de le revoir. Mais c'était au dessus de mes forces. J'avais accumulé trop de rancoeur. Et je préférais l'évacuer maintenant plutôt que d'attendre et d'exploser au mauvais moment. Il soupira et s'appuya d'une main contre le mur. Finalement, il n'avait pas changé. Il était resté le même. Ce n'était pas mon cas. Pour la première fois de ma vie, j'avais été confronté à une profonde solitude. Si souriante, si pleine de vie il y a encore quelques mois, un voile de tristesse s'était installé dans mon regard. Je ne souriais plus, je ne riais plus. Ou rarement. J'étais devenue une jeune fille taciturne, repliée sur elle-même. Seul mon amour pour la musique me retenait dans un monde qui peinait à attirer mon attention. Oui, j'avais changé. Et une nouvelle fois, il était venu tout chambouller.
HYUNKI : J'ai finis mon tournage. Il y a... 8 heures. J'ai pris la voiture, j'ai foncé, et me voilà. Je suis de retour.
Ce n'était pas la réponse que j'attendais. Peut-être aurais-je préféré qu'il se mette également en colère, qu'il me hurle dessus, qu'il me dise que je lui avais manqué rien qu'une seule seconde. Mais non. « Je suis de retour ». Non, sans blague, j'avais pas remarqué dis donc! Je lâchais un grognement de rage et abbatis faiblement mon poings sur son torse en baissant la tête, tentant de lui cacher mes larmes, mélange liquide de colère et de soulagement. Pourquoi est-ce que tout se déroulait toujours ainsi. Parce qu'au final, je savais que j'allais céder.
MI SUN : Oppa...
Je fus secouée par un sanglot silencieux, incapable de rajouter quoi que ce soit. En même temps, il était inutile de continuer. Je n'avais plus utilisé ce mot depuis ce qui me paraissait une éternité. Le simple fait de le prononcer de nouveau effaça toute la rage que je ressentais pour lui à ce moment-là. Je le sentis se figer sous ma paume, tout son corps tendu par la tension. J'éttoufais un nouveau sanglot.
HYUNKI : Est-ce que j'arrive trop tard?
Je l'ignorais moi-même. Je l'aimais toujours. Peut-être plus que ma propre vie. Sinon, pourquoi aurais-je déprimé aussi facilement, aussi profondément? Ce n'était pas une petite amourette d'adolescent. Je n'étais plus la gamine qu'il avait laissé en partant, lorsque je l'avais poussé à saisir sa chance. J'avais d'ailleurs suivit toute l'actualité de son drama, sa nouvelle notoriété. Le voir ainsi exposé aux yeux du monde entier m'avais broyé le coeur. Non pas parce je devais ainsi le partager avec des inconnues. Mais parce que ces inconnues pouvaient toujours espérer rencontrer leur nouvelle idole. Ce n'était pas mon cas. Pendant des mois j'avais été persuadé que je ne le reverrais plus jamais. Et puis, il était là, devant moi, comme s'il n'était jamais parti.
HYUNKI : J'arrive trop tard?
Je perçu la pointe d'hystérie dans sa voix, comme si ma réponse pouvait le précipiter dans un gouffre de folie. Mon coeur s'emballa lorsqu'il déposa sa main sur le haut de crâne et qu'il caressa doucement mes cheveux devenus longs. Ses doigts glissèrent sur ma joue, m'arrachant un frisson. Je n'avais jamais oublié le contact de sa peau. Je n'avais jamais oublié les tendres moments que nous avions passé ensemble. Je n'avais jamais rien oublié. Je relevais doucement la tête, son visage désormais à quelques centimètres du mien. Je me rendis alors compte de ses traits tirés par la fatigue, des cernes qui teintaient sa peau de violet. De ses yeux qui, malgré la fatigue, brillaient d'un sentiment que je partageais. Je compris que ma réaction avait été injuste. Je l'avais poussé à partir. Pour qu'il réalise son rêve. J'étais responsable de mon malheur. Pas lui. J'esquissais un sourire affectueux, oubliant définitivement ma colère. Je secouais doucement la tête, mes yeux refusant de se détacher de son visage.
MI SUN : Tu m'as manqué Oppa.
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Je rapprochais soucieusement mon visage du sien. Impossible pour moi de conserver cette distance entre nous. C'était peut-être génétique, ou hormonal. Mais j'avais besoin d'elle. Littéralement. Si je ne l'avais pas montré, trop accaparé par mon drama, les moments d'inactivité avaient entraîné une baisse de morale conséquente. Enfermé dans ma loge, je ne parlais qu'à très peu de personne, tentant de rester amical envers ceux qui prenaient le temps de discuter avec moi. Mes crises de nervosité et de « manque » avaient fait que mes problèmes pulmonaires prenaient des aspect de maladie chronique. Mes médicaments étaient devenus indispensables en tout lieu, toussant régulièrement. Néanmoins, l'ambiance étant bonne, le tournage n'avait pas été un calvaire. Juste une sensation d'intense vide. Comme si quelque chose manquait en moi, quelque chose qui serait resté à l'académie et aurait refusé de me suivre, comme pour mieux me rappeler que misun restait là, à m'attendre.
Elle hocha la tête doucement, ses yeux dans les miens. Cinq mots franchirent la barrière de ses lèvres: « Tu m'as manqué Oppa. » Un intense soulagement m'envahit soudain, tel une douche d'eau froide qui aurait soulagé une cloque douloureuse. Mes caresses se stoppèrent, et je soufflais avec ravissement: « Tu m'as pire que manqué. Une partie de moi s'est effacée durant ces quelques mois. » Difficile d'y croire en voyant l'air de parfait bonheur qui flottait sur mon visage. Cependant, j'hésitais à franchir le peu de distance qui nous séparait encore. Elle pourrait penser que je cherchais à me faire pardonner. Ou à lui forcer la main. Alors que je voulais juste lui montrer qu'elle était – qu'elle avait toujours – dans mon cœur et mon esprit, et que je ne pouvais envisager autre relation avec elle. Je décidais donc de sagement m'asseoir en face de sa place, restant quelques instants muet, le regard perdu dans le vide. Ou plus précisément le regard perdu en direction de sa main, que mes doigts vinrent effleurer avec timidité, avant de s'introduire entre ses phalanges, liant nos deux grains de peau. La différence de taille me fit sourire, comme à chaque fois.
Enfin, cédant à une impulsion enfantine, et faisant obstacle au silence qui régnait, non pas gênant mais, je me penchai sans difficulté par dessus la table et posais doucement mes lèvres sur celles de Misun. Le temps s'arrêta. Quelques secondes, quelques minutes, quelques heures ? Combien de temps s'écoula ? Impossible de le dire. A vrai dire, je n'avais plus conscience de rien. Ni des gens autour, ni de ce groupe de filles qui me regardaient, ni de tout le reste. Je me détachais d'elle à regret, les yeux embués, comme si j'avais bu un peu trop d'alcool. Je supposais que c'était elle qui m'enivrais. Je me rasseyais, et lui jetais un regard interrogateur. « Ca faisait longtemps que j'en avais envie. Ou plutôt besoin. » tentais-je de me justifier, avec un pauvre sourire. J'essayais d'enchaîner sur une conversation, avec le peu d'assurance qu'il me restait – mon esprit était bien trop embrumé, à croire qu'elle était un véritable poison. « Jae Young m'a dit que tu avais été sélectionnée au sein des shooting stars. Félicitations ! Ça doit te prendre du temps. » Je préférais d'ailleurs anticiper toute remarque de sa part, en enchaînant: « Il faut que je me mettes au courant. Et épargnes moi ton regard accusateur. » Je lui tirais une langue espiègle, reprenant les vieilles habitudes, tout en chatouillant la paume de sa main. Ça faisait un bien fou, d'être à nouveau soit même avec les gens qui comptaient. Durant ces quelques mois de tournage, je n'avais pu plaisanter ainsi et adresser des mimiques taquines à qui que ce soit. J'étais trop coupable pour oser avoir le même comportement. De la même manière, discuter avec ma partenaire de tournage m'était douloureux – heureusement, elle l'avait compris sans problème. Je songeais à la scène de baiser que nous avions tourné, et mes jours s'empourprèrent à ce souvenir. J'espérais sincèrement que Misun ne verrais pas cet épisode. Je m'y étais opposé, mais cette scène était nécessaire au bon fonctionnement du drama – c'était les dire du metteur en scène. J'avais détesté ça. On m'avait dit que j'étais chanceux de pouvoir embrasser une star telle que ma partenaire. Mais ce n'était pas vraiment comme ça que j'avais vu les choses.
Attendrie, je vis le soulagement se peindre sur son visage. Je ne pu retenir un sourire amusé. Avait-il vraiment pu douter du fait qu'il me manquerait? Non, il était suffisamment intelligent pour savoir que son absence causerait un manque. Il avait juste besoin d'être rassuré sur certaines choses. Mes sentiments, entre autre. Je plissais le nez, dans une mimique particulièrement enfantine lorsque ses doigts cessèrent de glisser sur ma joue. J'aurais aimé qu'il continue. Ce geste si dérisoire réveilla des souvenirs que j'avais essayé d'effacer. J'avoue que je n'y suis pas arrivé. Je sais, je suis faible. Je l'avais toujours été face à lui. Et puis, admettons-le, il ne m'aidait pas vraiment à garder le contrôle de moi-même. Son corps près du mien électrisait chaque parcelle de mon épiderme, accentuant les battements de mon cœur. Je retrouvais avec délice ces sensations si familières.
HYUNKI : Tu m'as pire que manqué. Une partie de moi s'est effacée durant ces quelques mois.
Mon rythme cardiaque s'emballa un peu plus. Distraitement, je me demandais si je ne rêvais pas. C'était trop beau pour être réel. Et pourtant, il y avait tellement d'indices qui me prouvait que tout ceci n'était pas un pur fantasme tout droit sorti de mon imagination. A mon grand regret, il s'écarta et décida de s'assoir en face de moi. Sa main vola aussitôt vers la mienne. Je frissonnais à nouveau. Bon sang Misun, ressaisit-toi! Il eut un sourire étrange lorsque son regard se fixa sur nos doigts enlacés. J'ouvrais la bouche pour lui demander la raison de cet amusement lorsqu'il se leva soudainement et se pencha par dessus la table. Et sans que je n'y sois préparé, il déposa un léger baiser sur mes lèvres. Je me figeais brusquement avant de me détendre et de fermer les yeux pour mieux profiter de ce contact. A l'instar de nos anciens échanges passionnés, ce baiser déclencha un torrent de sentiments. Je me rendis alors compte à quel point il m'avait réellement manqué. Mon corps réagit sans l'autorisation de mon esprit. Mes joues s'empourprèrent et mon souffle s'accéléra. Aussi soudainement qu'il l'avait créée, il brisa le contact, provoquant un grognement de déception de ma part. Je détournais les yeux, gênée de céder aussi facilement. Je l'entendis se rassoir. Comme j'étais incapable de détacher mon regard de sa petite personne plus de dix secondes, je relevais la tête, croisant son regard interrogateur.
HYUNKI : Ca faisait longtemps que j'en avais envie. Ou plutôt besoin.
Je fus alors certaine qu'il ne s'agissait pas d'une illusion. Je retrouvais l'homme que j'aimais. Un intense soulagement m'envahit. Je passais une main dans ma longue chevelure. Peut-être serait-il temps de faire un saut chez le coiffeur? Mon ancienne coupe me manquait. Inconsciemment, j'avais laissé poussé mes cheveux lorsque Hyun Ki était parti.
HYUNKI : Jae Young m'a dit que tu avais été sélectionnée au sein des shooting stars. Félicitations ! Ça doit te prendre du temps.
Je fixa sur lui, un regard curieux. Ainsi, il ne m'avait pas complétement quitté. Pendant des semaines, j'avais pensé qu'il finirait par m'oublier. J'avais même réussi à m'en convaincre. Et voilà qu'il m'avouait qu'il n'avait raté aucun des moments de ma misérable existence. Je souris discrètement. J'avais agi de même, de mon côté. Tout au long de son absence, j'avais suivi l'actualité de son drama en préparation. J'avais même installé une alerte spéciale regroupant toutes les informations sur lui sur mon téléphone. Même si nous étions séparé, je ne voulais pas manqué un seul instant de sa nouvelle notoriété. Au final, nous étions de jeunes gens amoureux en passe de devenir deux Idoles adorées par des centaines de personnes. N'était-ce pas, après tout, ce que j'avais toujours espéré? Devenir célèbre, faire ressentir aux autres ce bonheur que j'éprouvais à chanter, à danser, à être sur scène? Si, bien évidemment. Lui-même était fait pour vivre devant une caméra. Arriverions-nous à protéger notre histoire? Je l'avais poussé une fois à partir. Serais-je prête à recommencer? Lorsque l'on m'avait annoncé que j'étais accepté parmi le groupe mixte des Shooting Stars, j'avais oublié ma tristesse pendant un dixième de seconde, me contentant de hurler de joie. Jusqu'à ce que je me rappelle qu'il n'était pas là pour fêter ça avec moi. Malgré ça, j'avais travaillé dur pendant l'enregistrement de notre single, pendant nos répétitions. En espérant montrer un jour que j'étais digne de lui. Que je le méritais, lui, le grand acteur qu'il était.
HYUNKI : Il faut que je me mettes au courant. Et épargnes moi ton regard accusateur.
Il me tira la langue. Je lâchais un rire joyeux. Il était étonnant de voir avec quelle facilité nous reprenions nos anciennes habitudes. Nos taquineries quotidiennes, nos comportements de gamins insouciants. Je hochais vivement la tête. Effectivement, mon nouveau statut de rookie me prenait du temps. Mais pour lui, j'étais prête à sacrifier certaines choses pour faire un peu de place dans mon emploi du temps. Quitte à travailler deux fois plus pour rattraper mon retard. Je l'avais perdu une fois. Il était hors de question que cela recommence.
MI SUN : Tu espionne les jeunes filles maintenant? Pervers...
Je l'imitais en tirant la langue comme il l'avait fait quelques secondes plus tôt. Puis, j'éclatais de rire, surprise de retrouver aussi rapidement ma joie de vivre naturelle qui avait disparue depuis un certain temps. Je repris mon sérieux, sans toutefois, pouvoir empêcher mon regard de briller. J'étais heureuse de le retrouver, de me retrouver.
MI SUN : Donc oui, maintenant, je suis une super star.... Étonnant, n'est-ce pas? Mais, je ne suis pas si occupée que ça. Le plus gros du travail a déjà été fait. Le single est bientôt prêt, on ne fait que peaufiner quelques petits détails. Et toi, quand est-ce que sera diffusé ton drama? J'ai vu des photos du tournage, ça a l'air vachement intéressant! Je suis sûre que je vais apprendre des tas de choses en le regardant! Le garçon qui joue ton meilleur-ami à l'air super mignon en vrai! Tu me le présentera hein, Oppa?!
J'avais à peine respiré pendant ma tirade enthousiaste. Ma dernière réplique étant bien entendu, destinée à le faire enrager. C'était notre petit jeu préféré. Nous rendre mutuellement jaloux. Tout en sachant que nos cœurs n'étaient destinés à personne d'autre. Oppa, il va falloir t'y faire, tu es à moi è_é
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Je pouffais avec candeur lorsque son visage arborais une expression parfaitement enfantine, a l'instant ou ma main quittait la douceur de sa joue. Je retrouvais mon sérieux avec difficulté, bien que rire ainsi me tirait les joues et les rendait douloureuses. Je m'asseyais en face d'elle avec soulagement, reposant quelque peu mon corps endolori. Je risquais même de m'endormir sous peu, pour peu que je reste ainsi, immobile. Peut-être qu'une partie de cet argument me poussa à l'embrasser – brièvement, certes, mais les sensations étaient là, et pas qu'un peu. Je me détachais d'elle doucement – à regret – et son grognement m'informa qu'elle pensait la même chose que moi. J'observais avec un sourire en coin ses joues roses et son air gêné, le dévorant des yeux tant que son regard était baissé, et tentant de reprendre une expression digne dès qu'elle leva la tête. Mais il m'était tellement naturel de la couver des yeux que je doutais d'y être parvenu. D'ailleurs, je tentais de me justifier. Ridiculement certes – cette phrase résumait à elle seule ce que je ressentait à cet instant là: tout vouloir, ou plutôt avoir besoin de tout, en sa compagnie. J'avais besoin d'elle, les derniers mois en étaient la preuve incontestable. Le fait que je me sois renseigné en était aussi une. Et lorsqu'elle le découvrit, elle ne put cacher un regard curieux et... surpris. Cette image m'attrista. Elle avait donc du penser que je l'abandonnais bel et bien, et que je démarrais autre chose – sans elle. Alors qu'elle m'avait hanté – oui, hanté. Les nuits étaient rythmées par les insomnies où je la voyait s'effacer lentement de mes souvenirs, les journées remplies de signes, des petites choses qui ne faisaient que me la rappeler.
« Tu espionne les jeunes filles maintenant? Pervers... » Je rougissais, rigolant avec gaieté cependant. Les filles nous traitaient maintenant de pervers pour un rien. A vrai dire, ça avait toujours été comme ça, en Corée. A peine un contact, et nous étions directement catalogué au rang de pédophiles dangereux ! Je songeais à sa réaction si je l'amenait jusqu'à mon appartement. Elle n'y était jamais entrée, maintenant que j'y pensais. Un sourire équivoque passa sur mes lèvres, tandis que mon regard s'attardait sur elle, vague et taquin. Histoire de lui prouver que si elle me taquinait trop, je pourrais vraiment passer pour un pervers – je tenais mon expression à la perfection, des réflexes d'acteur, sûrement. « Et pourtant, tu es toujours là, en face d'un 'pervers' de deux ans ton aîné. Il faut croire que la perversité est à ton goût. » A ce stade là, soit elle me tapait avec sa force de céleri (HEHEHE J'AI TROUVE UN AUTRE LEGUME! *sbaaf*) soit elle rougissait comme une folle. J'éclatais de rire à sa réaction, et serrais un peu plus ses doigts entre les mains. Une légère friction qui semblait vouloir tout dire.
« Donc oui, maintenant, je suis une super star.... Étonnant, n'est-ce pas? Mais, je ne suis pas si occupée que ça. Le plus gros du travail a déjà été fait. Le single est bientôt prêt, on ne fait que peaufiner quelques petits détails. Et toi, quand est-ce que sera diffusé ton drama? J'ai vu des photos du tournage, ça a l'air vachement intéressant! Je suis sûre que je vais apprendre des tas de choses en le regardant! Le garçon qui joue ton meilleur-ami à l'air super mignon en vrai! Tu me le présentera hein, Oppa?! » Je piquais un fard, absolument jaloux. Je ne comprenais pas cette réaction de ma part, qui était irrationnelle. Je savais parfaitement – et heureusement ! - qu'elle 'm'appartenait' – il était hors de question que qui que ce soit touche à ma Misun. Si cette sensation de 'possession' semblait choquante à première vue, c'était une simple constatation. Je n'accepterais jamais que son cœur ou son âme puisse 'appartenir' a quelqu'un d'autre. J'étais possessif et jaloux – mes deux vices les plus probants, sûrement. Je ne répondais pas, gardant bonne apparence, fulminant intérieurement – non pas contre elle, mais contre moi même et cet idiot d'acteur qui était, il fallait l'avouer, bien plus mignon que moi. Je tentais tant bien que mal de garder ma jalousie excessive pour moi. La main qui tenait la sienne devait commencer à être moite – la jalousie faisait augmenter ma température corporelle. Je retrouvais cependant rapidement le sourire, sachant parfaitement qu'elle le faisait exprès, et réussissant à lacher une réplique à moitié sincère, à moitié ironique: « Plutôt mourir que de le laisser te parler. » Je souriais, détendu à présent, et tentais un jeu sadique. Me penchant à nouveau vers elle, les yeux charmeurs et le sourire tendre, tel l'acteur que j'étais, je déposais un baiser à la commissure de ses lèvres, laissant ma bouche toute proche de la sienne, et chuchotais doucement: « Mais je te convient parfaitement, n'est-ce pas? » Poursuivant sur ma lancée, je venais caresser du bout des doigts l'ivoire de son cou, et marmottais: « Inutile donc de s'extasier sur un acteur de drama, autre que moi ? » Je rigolais intérieurement. J'avais songé à tester ceci sur elle depuis quelques semaines. Je n'étais pas un dragueur – cela convenait plus à mon frère – mais l'idée de la surprendre me rendait hilare.
MI SUN : Tu espionne les jeunes filles maintenant? Pervers...
J'eus un sourire triomphant en le voyant rougir. Bien évidemment, il s'agissait d'une blague. Je n'avais jamais réellement pensé qu'il puisse être un pervers psychopathe tueur d'enfants. J'aurais même été ravie s'il avait eu des gestes un peu plus matures envers moi. A vrai dire, nous n'avions jamais vraiment eu le temps d'agir en adultes. Notre relation s'était terminé un peu trop rapidement. Avant de reprendre où nous l'avions laissé avant son départ. Une expression étrange apparu sur son visage, me rendant légèrement mal à l'aise. Je savais que ses vengeances pouvaient être terribles. Je détournais les yeux, histoire de m'extraire de l'intensité de son regard, me trémoussant légèrement sur mon banc pour tenter de lui cacher la gêne qui s'était emparé de moi.
HYUNKI : Et pourtant, tu es toujours là, en face d'un 'pervers' de deux ans ton aîné. Il faut croire que la perversité est à ton goût.
Je tournais vivement la tête vers lui, la bouche ouverte et les yeux plissés dans une mimique prouvant à quel point je ne m'attendais pas à ce qu'il réponde ceci. Mais au final, ce petit jeu m'amusait plus qu'il ne m'énervait. Moi, perverse? Il ne se doutait pas à quel point! Et il ignorait toujours à quel point j'avais changé. Je fis semblant d'être vexée et lui attribua un léger coup de pied sous la table. Puis, j'essayais de reprendre ma main mais il resserra ses doigts autour des miens, m'empêchant ainsi de me libérer. Je décidais donc de reprendre mon sérieux. Je me redressais, telle une reine et lui envoya un regard faussement arrogant.
MI SUN : Donc oui, maintenant, je suis une super star.... Étonnant, n'est-ce pas? Mais, je ne suis pas si occupée que ça. Le plus gros du travail a déjà été fait. Le single est bientôt prêt, on ne fait que peaufiner quelques petits détails. Et toi, quand est-ce que sera diffusé ton drama? J'ai vu des photos du tournage, ça a l'air vachement intéressant! Je suis sûre que je vais apprendre des tas de choses en le regardant! Le garçon qui joue ton meilleur-ami à l'air super mignon en vrai! Tu me le présentera hein, Oppa?!
Ses joues se teintèrent de rouge, m'arrachant un éclat de rire amusé. Certaines fois, j'avais l'impression de redevenir une adolescente de quinze ans. Je lui faisais entièrement confiance. Je savais qu'il n'irait pas profiter de sa nouvelle notoriété en me trompant avec la première groupie venue. Mais j'avais toujours du mal à contenir ma jalousie mal placée lorsque je le voyais sourire avec un peu trop d'enthousiasme à une autre fille. C'était comme ça et pas autrement. Il était mon Oppa depuis maintenant deux ans. Pourquoi est-ce que cela devait changer maintenant? Mais bizarrement, j'aimais jouer avec cette jalousie. Je l'utilisais généralement comme une petite punition lorsqu'il me taquinait un peu trop. Alors forcément, je pouffais joyeusement lorsqu'il répliqua qu'il préférait mourir plutôt que de me présenter son partenaire de tournage.
Et de nouveau, il agit d'une façon qui m'étonna. Etait-ce parce que nous étions resté éloigné l'un de l'autre aussitôt longtemps ou parce qu'il était devenu un autre homme pendant cet éloignement? Il se pencha vers moi, avec un air de charmeur fini, ce qui me perturba beaucoup. Je ne connaissais pas ce côté de sa personnalité. Le Hyunki auquel j'étais habitué était plutôt du genre tendre et affectueux et carrément gentleman. Mais là, il semblait être devenu un Don Juan maitrisant parfaitement son numéro de drague. Comme s'il agissait constamment ainsi. Mais je savais aussi qu'il était un acteur formidable. Je ne devais donc pas me montrer étonnée qu'il sache agir comme le plus terrible meurtrier de l'histoire ou le plus gentil des bisounours. Selon moi, il savait tout jouer. Cette réflexion m'arracha un sentiment de fierté. Il détourna mon attention en déposant un baiser au coin de mes lèvres, déclenchant une vague de frissons dans la totalité de mon corps. Il s'écarta de moi, laissant sa bouche à quelques centimètres de la mienne. Je plongeais mon regard dans le sien, troublée par son comportement. Une attitude qui n'était pas pour me déplaire.
HYUNKI : Mais je te convient parfaitement, n'est-ce pas? Inutile donc de s'extasier sur un acteur de drama, autre que moi ?
Il ne réalisait pas ce qu'il venait de faire. Son souffle sur mes lèvres, ses doigts qui glissaient légèrement sur la peau de mon cou, son regard taquin. Tout ceci attisait le feu qui venait de naitre au plus profond de mon âme. Au loin, une petite voix me prévins qu'il jouait avec moi. Tout ceci n'était destiné qu'à me rendre folle. Mais je l'étais déjà. J'étais folle de lui, en manque de tout ce qu'il était : son corps, son âme, son cœur. Alors, s'il voulait jouer, j'allais lui montrer que j'étais devenu une femme, une vraie. Je n'étais plus la petite Misun. Enfin, plus totalement. Le concept des Shooting Stars m'avait transformée. Je fis naitre un sourire enjôleur sur mes lèvres qui alluma un éclat jusque là inconnu dans mon regard. J'eus un sourire cajoleur tandis que je me penchais, à mon tour, vers ses lèvres avant de détourner légèrement la tête, de sorte à ce que ma bouche se retrouve à côté de son oreille. J'attribuais un baiser sur sa joue avant de lui murmurer doucement :
MI SUN : Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de te fournir des preuves sur l'objet de mon affection. Doute-tu vraiment de ce que je ressens pour toi?
Je me redressais soudainement, appuyant négligemment ma tête sur ma main en lui envoyant un clin d'œil aguicheur, tentant de réprimer un sourire amusé. Je n'avais jamais eu l'occasion de jouer ce rôle de femme fatale. Surtout pas avec lui. Pourtant, Dieu seul sait que j'en avais envie. J'en crevais d'envie, même. Mais je ne voulais pas me montrer trop entreprenante. Je voulais bien m'amuser un peu. Mais ce personnage de séductrice n'était pas fait pour que je le tienne H24. Toutefois, je voulais voir comment il allait réagir. Curieuse, je passais une main dans mes cheveux, geste sensé l'émoustiller. Était-je suffisamment crédible?
Dernière édition par Kang Mi Sun le Jeu 1 Sep - 19:51, édité 1 fois
Song Hyun Ki best teacher
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Elle eut un sourire triomphant qui s'effaça face à mon air taquin qu'elle ne me connaissait pas. Elle détourna même le regard et bougea, gênée, sur sa chaise, et je laissais échapper un rire léger et discret, à peine perceptible. Je me demandais soudain si la perspective de contacts plus osés l'effrayait, ou si c'était seulement cette situation qui la rendait mal à l'aise. Je songeais qu'il faudrait que je lui pose la question, un de ces jours. Car loin de m'attirer par son être pur, elle m'attirait aussi indéniablement physiquement. Et je ne voulais pas la mettre mal à l'aise comme aujourd'hui. Et en effet, lorsque je mettais ce côté de notre relation quelque peu en évidence, elle m'adressait une mine outragée et je récoltais un coup de pied léger. Cependant, je percevais une pointe de satisfaction dans son regard, ce qui me fit rire sous cape. Et elle se prétendait innocente, après ça. Elle tentait sans grand succès de paraître vexée et tirait sur sa main, que je conservais avec une pointe de possession.
Elle refroidissait vite ma gaieté. Oui, titiller ma jalousie peut être dangereux. Je ne suis pas du genre méchant, mais la jalousie peut faire faire des folies à un homme, c'est bien connu. Je retrouvais rapidement mon sourire habituel, et me lançais dans un projet que j'avais mis à bien durant mes heures de libre: tester mes capacités théâtrales sur la proie que j'affectionnais le plus. Me penchant vers elle, le numéro aguicheur planté sur mon visage comme un masque impénétrable, je posais mes lèvres à la commissure des siennes, réprimant le frisson de plaisir que me procurait ce contact, et posant mes doigts quelque peu froids sur la chaleur de son cou, puis redescendais ma bouche à quelques millimètres de ses lèvres charnues, souriant à moitié, jetant un regard concentré et doux dans ses yeux, qui scrutaient les miens. Je m'attendais à plusieurs alternatives: elle pouvait rougir – rougeur charmante sur ses joues blanches – ou me hurler dessus. Mais certainement pas à ce qui s'ensuivit.
Une moue cajoleuse apparut sur les lèvres désirées, une étincelle tentatrice apparut dans les prunelles aimées, et intérieurement, je sentais mon cerveau se liquéfiait dans tout mon corps, bien qu'une pointe d'inquiétude me submergeait: elle n'avait pas pu apprendre ça toute seule. Je redoutais – sans fondement, j'en étais pourtant conscient – la présence d'un autre. C'était une de ces peurs irrationnelles que l'on savait injustifiées et ridicules, mais qui étaient bien présentes. Avoir peur qu'une araignée ne vous attaque, alors qu'elle faisait le millième de votre taille, n'était-ce pas ridicule ? Et pourtant, certains étaient arachnophobes. Elle déposa, parfaite dans son rôle, un baiser soupir sur ma joue brûlante, et susurra près de mon oreille ces quelques mots: « Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de te fournir des preuves sur l'objet de mon affection. Doute-tu vraiment de ce que je ressens pour toi? » Un demi sourire ourla mes lèvres, tandis qu'elle s'éloignait – beaucoup trop loin – posant son menton sur ses mains délicatement croisées, et m'envoyant un clin d'œil qui m'aurait fait rougir – si je ne campais pas parfaitement mon personnage. Un mouvement de sa chevelure acheva de me faire frémir, et inconsciemment, des images fort peu pieuses passèrent dans mon esprit, bien que mes yeux ne dérivent pas de ses pupilles noires pleines de séduction. « Je n'en ai jamais douté. En est-il de même pour toi ? » soufflais-je d'une voix suave. Je me rapprochais à nouveau d'elle, laissant presque nos nez se toucher, et j'ouvrais légèrement la bouche, comme sur le point de dire quelque chose. La tension tendait chacun de mes muscles, ma chaleur corporelle était nettement plus élevée que d'ordinaire, et mon cœur battait à cent à l'heure, à tel point que j'étais persuadé qu'elle pouvait entendre son rythme saccadé. Hors de son champ de vue, ma main vint remonter lentement son avant-bras, telle une particule légère, effleurant à peine sa peau sensible.
Je songeais quelques instants que nous devions offrir un spectacle bien surprenant aux gens qui se tenaient là, à quelques mètres, et qui nous semblaient pourtant si lointains. Et finalement, je concluais que leur présence – et leurs pensées – m'importait peu. Et je décidais de plonger tout entier dans l'océan de sensations qui m'attendait – qui m'appelait. Et je posais en un soupir mes lèvres sur les siennes. Ce ne fut pas brutal. La douceur qui se dégageait de l'étreinte provoqua des frissons de plaisir sur ma peau, qui n'en fut que plus chaude, et doucement, tout doucement, je prolongeais la danse de nos lèvres l'une contre l'autre, et suavement, je rendais l'échange plus profond et plus intense, ma main volant vers sa nuque, et rapprochant son visage du mien. Et je ne fus jamais aussi conscient de mes envies. J'avais besoin d'elle, ceci était un fait indéniable et officiel. Mais j'avais plus que ça. J'avais envie d'elle. Il m'avait fallu des mois de séparation pour m'en rendre compte. Pour dépasser le stade de relation innocente qu'était la notre. Parce qu'autant que ses paroles, sa voix, ses mots, ses attitudes, a vue de son corps m'avait manquée. J'étais lié à elle de manière irrévocable et profonde. Et le baiser que nous échangions suffisait à résumer ces sentiments qui me submergeaient. Ma respiration s'accélérait, et nous dûmes bientôt mêler nos deux souffles afin de rester en vie. Je ne m'étais jamais autant senti vivant, et pourtant je défaillais littéralement.
Après un irrépressible frisson, je mordais, taquin, le bas de sa lèvre et me détachais d'elle, un sourire aux lèvres, et une intense satisfaction me submergeais. Et je rajoutais, près du lobe de son oreille, un doux: « Je t'aime. »
MI SUN : Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de te fournir des preuves sur l'objet de mon affection. Doute-tu vraiment de ce que je ressens pour toi?
Je passais sensuellement une main dans mes cheveux, riant sous cape de voir un frisson à peine perceptible secouer son corps. Ainsi, le rôle de tentatrice me convenait bien plus que je ne l'aurais espéré. Me risquerais-je à pousser ce petit jeu plus loin? Après tout, j'avais dix-huit ans. J'étais majeure et vaccinée, totalement libre de mes actes. Étais-ce réellement ce que je voulais? Me l'approprier tout entier me paraissait être une idée particulièrement délicieuse. Passer la nuit, la journée - n'importe quel moment m'aurais convenu – dans ses bras ne m'effrayais plus. Du moins, elle me rebutais plus autant qu'avant. L'éloignement, le manque m'avais fait prendre conscience de certaines choses. Notamment du fait que j'avais physiquement besoin de lui. Si j'avais osé me confier à ma mère, celle-ci m'aurait certainement avoué que j'avais grandi, que j'étais devenue une femme.
HYUNKI : Je n'en ai jamais douté. En est-il de même pour toi ?
Ce simple murmure avait suffi à me faire tressaillir. Si nous n'étions pas en plein milieu de la cafétéria de l'école, je lui aurais certainement sauté dessus à ce moment-là. Mais du fait que nous étions dans un lieu public, exposé aux yeux de tous, je m'obligeais difficilement à rester sagement à ma place. Il se rapprocha une nouvelle fois de moi, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre, effleurant mon bras de ses doigts joueurs. Je plongeais mon regard dans le sien. Mon cœur battait beaucoup trop fort tandis qu'une intense chaleur me submergée entièrement. Allais-je mourir, instantanément consumée? Qu'importe, ce serait une mort remarquable que de mourir de plaisir. Il mit fin à mon calvaire en effleurant mes lèvres d'un baiser, sa main agrippant ma nuque, faisant ainsi naitre une explosion de sensations jusqu'au plus profond de mon âme. Il y avait quelque chose de différent dans cette étreinte. Quelque chose à laquelle nous n'avions jusque-là jamais gouté. Les yeux fermés, je revis tous les instants que nous avions passés ensemble. Notre premier baiser sous la pluie, dans cette ruelle où nous avions failli mourir tous les deux. Notre second baiser à l'hôpital où j'avais passé la nuit à le veiller, avec cette peur de le perdre qui me rongeais les entrailles. Ses caresses qui me faisaient déjà frisonner, les battements de son cœur contre le mien, son corps qui m'écrasais agréablement sur ce lit médical tandis que nos étreintes se faisaient plus passionnées. Mais jamais nous n'avions encore joué la carte de la séduction. C'était peut-être cela qui rendait nos retrouvailles différentes de ce que nous avions connu. Je regrettais soudainement qu'il y ait cette table entre nous, unique barrière entre lui et moi. J'étais comme perdue dans un désert brûlant, sous un soleil éclatant de désir et assoiffée de lui. Et tous ces gestes, le moindre de ses regards, un seul de ses soupires suffisait à me rendre dingue.
Il s'éloigna brusquement, mordillant une dernière fois ma lèvre inférieure, attisant un peu plus le feu qui me dévorait déjà. Ma main vola jusqu'à mon cœur, vaine tentative pour calmer son rythme un peu trop soutenu à mon goût. J'avais l'impression qui allait surgir de ma poitrine en libérant un flot de volupté à laquelle je n'étais pas habituée. Sa bouche glissa jusqu'à mon oreille, me faisant frémir à nouveau.
HYUNKI : Je t'aime.
Ces simples mots suffirent à faire exploser mon cœur. Pourtant, ce ne fut pas douloureux. Bien au contraire, ces paroles agirent comme un baume, cicatrisant la blessure provoquée par son départ. Je fus certaine qu'il ne me quitterais plus jamais. Et comme une idiote, je ne pu retenir des larmes de soulagement qui glissèrent doucement sur mes joues rouges, signe que mon corps se remettait mal de notre dernière étreinte. Je me levais vivement, laissant un rire joyeux éclater dans l'air lorsqu'il afficha un air surpris. Puis, je fis le tour de la table pour aller m'assoir à ses côtés. Je déposais un rapide baiser sur ses lèvres et passa mes bras autour de son torse pour ensuite cacher mon visage humide dans son cou. Et voilà, la Misun naïve et innocente était de retour. Tant d'efforts pour rien. Enfin, pour presque rien. Parce que là, je remarquais parfaitement qu'il avait prit pas mal de muscle, le Hyunkiki (*o*)
MI SUN : Tu ne partira plus, hein Oppa?
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Je souriais. Oui, je souriais, irrévocablement heureux et... satisfait de moi même. Elle avait craqué, j'avais réussi mon numéro, et c'était cette main qui vola vers son cœur qui m'en informa, comme si elle espérait ainsi le conserver près d'elle. Je retrouvais mon visage ordinaire, loin de l'aspect de séducteur que j'avais endossé pendant quelques minutes, et qui, soyons honnêtes, ne me correspondait pas du tout. Du moins, avec les gens autour de moi, sauf Misun. J'aimais voir cette étincelle de désir s'allumer dans son regard, j'aimais jouer ainsi avec elle, j'aimais le fait qu'elle puisse avoir envie de moi, dans tous les sens du terme. Je l'aimais. Et cette évidence soufflée doucement à son oreille provoqua chez elle un rire nerveux, accompagné de larmes. Elle pleurait, et je sentais que ces larmes étaient ce qu'il restait de sa peur, de son effroi, de sa colère et de sa tristesse. Tout ceci s'échappait enfin d'elle, la libérait, l'abandonnait, et coulait doucement sur ses joues et son cou, avant de s'écraser ans bruit sur le sol, en dessous de nous. Cette libération indolore me tira une moue soulagée, bien que je fus surpris par toutes ces émotions qui se dégageaient d'elle, petite poupée de chiffon à l'aspect si fragile et minuscule, et pourtant si pleine de choses que l'on ne soupçonnait pas. Des choses qui étaient inexistantes dans toutes ces autres marionnettes à taille humaines qui se prétendaient adultes et responsables. Je jetais un regard plein de tendresse à Misun, qui venait s'asseoir à côté de moi, et posais un baiser sur mes lèvres. Sa bouche était brûlante, ses joues étaient rouges, et ses yeux humides, et elle m'apparaissait comme une petite chose dont il fallait que je prenne soin. Car si elle m'appartenait, j'étais responsable d'elle. Et je me devais de ne pas malmener son cœur si fragile et si naïf. Je devais être digne d'elle.
Elle passa ses bras chétifs autour de mon torse, dans un geste possessif qui me tira un regard tendre, et elle posa son visage humide au creux de mon cou, comme une enfant qui aurait fait un vilain cauchemars et serait partie se réfugier dans les bras réconfortants d'un père. « Tu ne partira plus, hein Oppa? » Je lui adressais un sourire qui se voulait rassurant, mais mon cœur se serrait. Je songeais que la distance deviendrait une routine pour nous. Que sa montée dans la kpop à elle, et ma peut-être montée sur la scène nous séparerait, et que la distance et le temps serait inévitable. Et que je détestais faire des promesses que je ne pouvais tenir. Mais je n'avais pas le cœur à la rendre malheureuse, alors je la serrais fort contre moi et posais un baiser ur le haut de son crâne, en soufflant doucement: « Plus jamais. » Je passais une main sur sa hanche et décrivais des dessins imaginaires sur sa peau, , ayant soulevé juste assez le tissu de son tee-shirt afin de laisser le bout de mes doigts rentrer en contact avec la douceur de sa peau. Mon autre main vint frotter mes yeux douloureusement endormis, et j'étouffais sans grand succès un baillement, qui fit tourner la tête de Misun vers mon visage. Je lui adressais un sourire d'excuse. « Je suis désolé, entre le voyage et les nuits peu riches en sommeil, je suis un peu raplapla. » Je me levais avec douceur, et prenais quelques sous dans ma poche de pantalons, qui trainaient là par un miracle des plus pur. « Je vais me prendre quelque chose à grignoter. » Je me dirigeais vers le comptoir de la cafeteria, et attendais mon tour sagement.
A ma gauche se trouvais une table ronde où étaient attablées plusieurs jeunes élèves, sûrement de première année. Certaines me jetèrent des regards discrets, se chuchotant entre elles, jusqu'à ce que tous leurs regards finissent par converger vers moi. Je restais faussement indifférent, pourtant gêné au fond de moi, et commandais une gaufre au nutella chaud ( mon péché mignon), et partait retourner à ma place près de Misun, lorsqu'une des jeune fille m'appela d'un ton perçant: « Hyunki oppa! » Je rougissais violemment, mal à l'aise. Je détestais me faire ainsi appeler par des jeunes filles. Cette adulation me semblait bien excessive, bien que j'essayai d'être toujours souriant. Mais là, en face de misun qui me regardait avec un air de parfaite surprise, s'était trop pour moi. Je ne savais pas quoi faire – j'étais désemparé.
Je sentis son corps se raidir contre le mien, comme si je venais de dire quelque chose qui ne fallait pas. Mon cœur se serra douloureusement. Prévoyait-il de me quitter une nouvelle fois? Mes mains s'agrippèrent à lui, comme pour l'empêcher de partir. Était-il conscient qu'il était la clé de ma bonne santé mentale et physique? Se rendait-il compte que je finirais pas mourir de chagrin s'il venait à s'en aller de nouveau? Il m'enveloppe de ses bras et dépose un baiser sur mon crâne.
HYUNKI : Plus jamais.
Je me détendis aussitôt, rassurée. Sa main glissa jusque ma hanche, m'arrachant un frisson. Ses doigts effleurèrent ma peau et mes dents mordirent légèrement ma lèvre inférieure, seul moyen trouvé pour ne pas me laisser emporter de nouveau dans un tourbillon de ravissement. Son geste était pourtant innocent mais chaque contact déclenchait en moi, un torrent de sensations qui me rendait incapable de réfléchir correctement. Il tenta de retenir un bâillement, ce qui attira mon attention. Je me redressais légèrement et lui jeta un regard inquiet. Je réalisais que j'agissais avec égoïsme en le gardant près de moi alors qu'il semblait mourir de fatigue. Je n'avais, jusque-là, pas remarqué qu'il était épuisé, trop heureuse de le retrouver. Ma main vola jusqu'à son visage, le bout de mes doigts venant caresser les cernes violettes qui commençaient à faire leur apparition sous ses yeux.
HYUNKI : Je suis désolé, entre le voyage et les nuits peu riches en sommeil, je suis un peu raplapla. MI SUN : Tu devrais rentrer, te reposer un peu. HYUNKI : Je vais me prendre quelque chose à grignoter.
Comme d'habitude, il ne m'écouta pas, n'en faisant qu'à sa tête. Il se leva et fouilla un instant dans les poches de son pantalon. Un éclair de satisfaction traversa ses traits fatigués et je cachais un sourire attendri d'un geste de la main. Je le regarda se diriger vers le comptoir et commander quelque chose quand des gloussements attirèrent mon attention. Je tournais légèrement la tête et découvrit une bande de première année qui discutaient entre elles à voix basses. Cela aurait dû me préparer à la scène qui allait suivre. Mais non, trop heureuse de retrouver mon Oppa préféré, je n'osais imaginer qu'une chose aussi futile qu'une troupe de gamines viendrait réduire à néant ce moment de félicité. Soupirant d'aise, je reportais mon regard sur Hyunki qui revenait avec une gaufre tartinée de nutella. Je me bougeais un peu, histoire de lui faire de la place – non pas que je sois énorme mais je mettais quelque peu étalée sur le banc – et me prépara à lui piquer un morceau de sa pâtisserie – sachant qu'il allait gentiment s'énerver, ce qui allait me faire éclate de rire - quand un cri perçant me fit sursauter. Les joues de mon amoureux virèrent au rouge.
GROUPIE : Hyunki oppa!
Pendant un instant, je restais figée par la surprise. Et puis, la jalousie remplaça l'étonnement. Je me retournais vivement vers celle qui avait osé s'approprier ainsi ces mots que j'affectionnais tant et que je considérais comme miens. Mon regard haineux la fit reculer d'un pas tandis que je me levais d'un bond sans la quitter des yeux. Je vis Hyunki tentait de me retenir mais j'évitais sa poigne d'un mouvement fluide, me dirigeant toujours, telle une furie, vers cette fille qui aurait dû réfléchir avant d'agir. Et qui allait bientôt regretter ce qu'elle venait de faire. Je me plantais en face d'elle, essayant tant bien que mal de garder un minimum de contenance. Je savais que je devrais désormais faire avec ces hordes de groupies mais c'était plus fort que moi. Hyunki était mon Oppa. Et pour la première, je goûtais amèrement à la nouvelle notoriété de mon petit-ami.
MI SUN : Song Hyun Ki est à moi. Compris? GROUPIE : Hyunki oppa n'est à personne. Pourquoi pense-tu être plus importante que nous? Tu n'es rien d'autre qu'une fan!
Je lâchais un rire mi-amusé, mi-énervé. Genre, je n'étais qu'une fan quelconque et sans importance. J'avançais d'un pas, la faisant reculer. Toutefois, elle soutint mon regard, ce qui attisa ma colère.
MI SUN : Tu crois qu'il s'amuse à embrasser la première fille qu'il croise? Babo! GROUPIE : Hyunki oppa fait ce qu'il veut avec qui il veut. MI SUN : Arrête de l'appeler comme ça!
Je m'apprêtais à lui sauter dessus, hésitant entre étouffer cette idiote ou la battre à mort quand un bras entoura ma taille et me tira en arrière. Je me débattis avec ardeur, hurlant de rage. Je voulais régler son compte à cette imbécile, lui faire entrer dans la tête – à coup de pelle s'il le fallait – que Hyun n'appartenait qu'à une seule personne : moi. Bon oui, ça fait vachement possessif comme ça mais allez lui demander à lui, s'il ne pense pas la même chose. Après, vous pourrez me faire la morale. Tournant la tête, je m'aperçus que le bras qui me retenait de commettre un crime appartenait justement à Hyunki. Je m'arrêtais de remuer, croisant les bras sur ma poitrine tandis que les siens (de bras) continuaient à me tirer vers la sortie. J'eus une moue boudeuse, déçue qu'il ne me laisse pas passer mes nerfs.
MI SUN : Pourquoi tu ne me laisse pas la trucider? Elle l'a bien cherché après tout!
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Je restais impassible lorsque l'extrémité de ses doigts vinrent caresser les traces violacées sous mes yeux. Je connaissais déjà la suite des choses. « Tu devrais rentrer, te reposer un peu. » J'ignorais ses paroles, et me levais, et cherchais déjà de l'argent dans les poches de mon jean, afin de me chercher un encas. J'avais déjà repéré l'odeur du nutella chaud depuis longtemps et je ne pouvais résister plus longtemps. Cela faisait une éternité que je n'en avais pas mangé et j'étais carrément en manque de chocolat. Heureusement, j'avais assez d'argent pour me permettre ce caprice enfantin et je revenais vite avec une gaufre. Ou du moins, j'aurais pu vite revenir si une groupie ne s'était pas empressée de me héler avec des accents hystériques dans la voix, me rendant aussi rouge qu'une tomate, et déclenchant une fureur froide chez Misun que je tentais de retenir – sans succès. J'observais cette joute féminine avec gêne, ma gaufre toujours entre les mains. La colère qui pointait dans les yeux de Misun m'effrayèrent quelque peu. « Song Hyun Ki est à moi. Compris? » Une certaine fierté s'empara de moi. L'idée de lui appartenir me ravissait. « Hyunki oppa n'est à personne. Pourquoi pense-tu être plus importante que nous? Tu n'es rien d'autre qu'une fan! » Je m'apprêtais alors à intervenir – après tout, j'étais le premier concerné. Mais une fois de plus, Misun me coupa l'herbe sous le pied. « Tu crois qu'il s'amuse à embrasser la première fille qu'il croise? Babo! » « Hyunki oppa fait ce qu'il veut avec qui il veut. » « Arrête de l'appeler comme ça! » Mes yeux passaient d'une fille à l'autre comme dans une joute verbale, et bientôt, la tête me tournait. Un pas et une moue un peu trop agressive à mon goût sur le visage de Misun me poussa à l'attraper par la taille et à la tirer en arrière, ma gaufre toujours dans l'autre main. « Ça suffit. » J'étais rarement autoritaire, mais le ton sec de ma voix montrait que je n'étais pas d'humeur à me joindre à une joute de la sorte. Je l'amenais jusqu'à notre table, lui jetais un regard bref qui signifiait: 'pourquoituasfaisça?!', sans répondre à sa question, posais ma gaufre devant elle, et repartais en sens inverse vers la jeune première année qui était toujours debout.
Je tentais de reprendre une expression détendue, et je souriais froidement. « Écoute moi attentivement. Il faut que tu t'enlèves de la tête cette adoration. Et surtout... » Je me pinçais l'arête du nez, tentant de trouver un moyen diplomate de faire passer les choses. « Je n'ai rien d'un dieu, et je n'ai aucun droit sur aucune personne de ce monde. Je ne suis pas non plus ce que l'on appelle une 'star'. Je suis une personne ordinaire, qui a des dispositions pour prendre la peau d'un personnage. Mes relations, je les construit comme tout un chacun: avec le temps. Alors... si tu m'as vu embrasser cette jeune femme, là-bas... Je désignais misun C'est qu'elle compte pour moi, que je l'aime et qu'elle ressent la même chose pour moi. Et en aucun cas je ne forcerais une inconnue à m'embrasser. Jamais. » Je reprenais un ton moins formel. « Et de toute façon,je doute qu'on puisse y prendre un quelconque plaisir. » Je lui adressais un sourire, et repartais vers ma table, ou Misun me regardait attentivement. Je me rasseyais sans bruit, et lui adressais un sourire désolé. « Navré. J'ai tendance à être autoritaire et plus froid quand je suis tendu et fatigué. » Je reprenais ma gourmandise, et la coupais en deux. « Tu en meures d'envie. » Je lui souriais avec bonne humeur.
J'entamais enfin ma gaufre, ravi de retrouver la saveur de mon aliment favori. Je m'en mettais un peu partout, et léchais avec application mes doigts, et je rigolais volontiers. Je donnais un baiser à Misun, prétextant qu'elle avait un peu de nutella sur le bord de la lèvre et lui tirais la langue. Une fois la gaufre finie, je me levais, prenait, plein d'attention, le sac de ma misun – désormais, il me semblait officiel que nous n'avions plus de problème à nous considérer comme la propriété l'un de l'autre – et proposai: « Et si on partait d'ici ? Il me semble que nous sommes suffisamment observés ici. » Soucieux soudain, je lui posais, une fois que nous fûmes un peu plus loin, la question qui me brulait les lèvres: « Est-ce que le fait que je puisse devenir célèbre te dérange? » Je rajoutais avec empressement: « Oh, évidemment, rien n'est sûr, mon drama va peut-être faire un flop total. » Je rigolais à cette perspective, et passais un bras sur les épaules de Misun. J'avais en effet peur qu'elle ne se sente rejetée, qu'elle croit que cette possible éventualité ne nous sépare, et que certaines situations – comme celle qui venait de se dérouler – ne l'irritent et finissent par avoir raison d'elle. Or, je ne pouvais me permettre de la perdre une nouvelle fois.
Bon d'accord, je n'aurais pas dû agir ainsi. J'aurais dû ignorer cette fille, faire comme si elle n'avait jamais existé, comme si elle n'avait pas essayé de s'approprier mon Oppa. Mais c'était plus fort que moi. Si encore, elle s'était montré raisonnable. Je n'aurais rien eu contre le fait qu'elle lui demande poliment un autographe ou une photo. Mais là, elle me rabaissais au simple rang de groupie sans importance. Bon sang, n'avais-je pas mérité de me retrouver aux côtés de Hyun Ki, une bonne fois pour toutes? Est-ce que toutes les épreuves que nous avions traversé ne signifient, au final, rien du tout? Je refusais d'avoir fait tant d'efforts sur moi-même pour me voir traiter comme si je n'étais pas importante pour lui. Alors, oui, je considérais avoir le droit de m'énerver contre cette fille. Voilà pourquoi je n'avais pas aimé la réaction de mon petit-ami. Certes, son comportement était plus raisonnable que le mien. Commettre un meurtre à la veille du lancement des Shooting Stars n'était pas forcément une bonne idée. Mais à cet instant précis, devoir enterrer un cadavre ne me paraissait pas être un acte si horrible que ça, finalement. Je me débattais vivement lorsqu'il me ceintura de son bras, criant pour qu'il me libère mais il se contenta de me tirer en arrière.
HYUNKI : Ça suffit.
Le ton de sa voix me calma aussitôt. Jamais je ne l'avais entendu s'adresser à moi d'une façon aussi autoritaire, aussi durement. Voyons que mes faibles tentatives pour me dégager ne servaient strictement à rien, je croisais les bras telle une gamine capricieuse, affichant une moue boudeuse. Je le laissais m'entrainer jusqu'à notre table où il m'obligea à m'asseoir, ignorant le regard interrogatif qu'il me lança. Il posa sa gaufre devant moi mais si j'avais été tenté d'y toucher quelques minutes auparavant, j'avais désormais l'estomac noué. Et l'évidence de ma bêtise me retomba dessus telle une douche froide qui me glaça d'effroi jusqu'au sang. Et tandis que Hyunki se dirigeait vers sa fan, je fermais les yeux en soupirant, passant une main lasse sur mon visage. J'étais une imbécile qui avait agit sans réfléchir aux conséquences. Il n'était plus n'importe qui désormais. Et bientôt, j'allais suivre le même chemin que lui. Cette célébrité que j'avais attendu depuis tellement longtemps, me paraissait désormais hostile. Réussirait-elle à m'arracher mon amoureux? Je ne pu réprimer un frisson d'appréhension.
HYUNKI : Écoute moi attentivement. Il faut que tu t'enlèves de la tête cette adoration. Et surtout... Je n'ai rien d'un dieu, et je n'ai aucun droit sur aucune personne de ce monde. Je ne suis pas non plus ce que l'on appelle une 'star'. Je suis une personne ordinaire, qui a des dispositions pour prendre la peau d'un personnage. Mes relations, je les construit comme tout un chacun: avec le temps. Alors... si tu m'as vu embrasser cette jeune femme, là-bas...
Je tournais doucement la tête vers lui, redoutant la suite de sa tirade. Il y avait cette angoisse sourde qui résonnait dans mes entrailles, me donnant envie de m'enfuir, histoire de ne pas subir le moment qui allait suivre. Car j'étais certaine qu'il allait sévèrement me réprimander pour mes agissements. Ce qui, au final, était juste. Je méritais d'être punie, d'une façon ou d'une autre. Quoi que je n'étais pas certaine de vouloir le perdre, encore. Mon cœur se serra douloureusement. Était-ce la goutte qui ferait déborder le vase? Allait-il me quitter, définitivement?
HYUNKI : C'est qu'elle compte pour moi, que je l'aime et qu'elle ressent la même chose pour moi. Et en aucun cas je ne forcerais une inconnue à m'embrasser. Jamais. Et de toute façon,je doute qu'on puisse y prendre un quelconque plaisir.
J'effaçais l'expression de surprise qui s'était peinte sur mon visage, avant qu'il ne se tourne vers moi. Toutefois, je ne pu le quitter des yeux, hésitant entre lui sauter dessus pour le violer l'embrasser tendrement ou continuer ma petite bouderie. Il se réinstalla près de moi et ce fut son sourire qui me décida. Je baissais la tête, honteuse. J'avais failli lui causer de gros problème. Toutefois, je me souvins des paroles qu'il venait de prononcer et je sentis mon cœur faire de petits bonds joyeux dans ma poitrine. Il m'aimait, il n'y avait plus aucun doute là-dessus. Pourtant, je doutais encore d'être suffisamment digne de lui.
HYUNKI : Navré. J'ai tendance à être autoritaire et plus froid quand je suis tendu et fatigué. MI SUN : Je t'ai conseillé d'aller te coucher mais tu ne semble pas décidé à m'écouter... HYUNKI : Tu en meures d'envie.
Je lui adressa un tendre sourire, incapable de continuer à faire la tête. Il coupa sa pâtisserie en deux parties et m'en tandis un bout, que j'acceptais volontiers, maintenant que la boule de peur avait disparu de mon ventre. Je mordais dedans avec délice, ne quittant pas Hyunki des yeux. Qui a dit qu'il était facile de se débarrasser d'une addiction? Car, après tout, c'était ce qu'il était. Mon addiction à moi. Dieu que ça fait niais. Et pourtant, je ne trouvais aucune autre façon de le désigner. J'étais totalement et irrémédiablement accro de sa petite personne. Je mêlais mon rire au sien lorsqu'il se mit du nutella partout, grand gamin qu'il était. Je nettoyais affectueusement une trace de chocolat qu'il avait sur la joue tandis qu'il me volait un baiser en prétexte une excuse bidon qui me fit néanmoins rigoler. J'avais retrouvé ma bonne humeur, résultat de son retour inattendu. A peine avions nous terminé de manger qu'il se leva et attrapa mon sac sans me laisser le temps de réagir. Ce geste me fit rougir. Aucun de mes précédents petits-amis n'avaient jamais eu de telles attentions envers moi. La preuve que mon Hyunki était parfait *sbaff *
HYUNKI : Et si on partait d'ici ? Il me semble que nous sommes suffisamment observés ici.
Je me levais à mon tour, passant une main sur la jupe de mon uniforme pour la défroisser, ne voyant ainsi pas le regard anxieux qu'il posa sur moi. Ce fut le fait qu'il soit si soudainement silencieux qui me fit lever les yeux vers lui.
HYUNKI : Est-ce que le fait que je puisse devenir célèbre te dérange? Oh, évidemment, rien n'est sûr, mon drama va peut-être faire un flop total.
La question me déstabilisa. Avant ma petite crise de jalousie, piquée quelques minutes auparavant, sa future notoriété n'avait jamais été un problème. Au contraire, je me sentais particulièrement fière que son talent soit enfin reconnu. Je pris le temps de réfléchir sérieusement. Inutile de lui fournir une réponse faussée. Cette fois-ci, son rire ne me fit pas réagir. Pas plus que le bras qu'il glissa sur mes épaules. Serais-je capable de supporter les hordes de fan hystériques? Serais-je capable de supporter le fait de ne plus pouvoir me balader tranquillement, main dans la main avec lui, comme un couple normal? Mais la situation pouvait s'inverser. Bientôt, j'allais faire mon entrée officielle dans l'univers de la Kpop. Je ne passerais plus aussi facilement inaperçue. Supportera-t-il que je devienne un des nouveaux fantasmes de troupes de fanboys? Supportera-t-il de me voir me faire draguer par des types totalement inconnus? Car, soyons réalistes, c'est le lot de toutes les Idoles de sexe féminin. Devenir un fantasme vivant. Finalement, j'eus un sourire rassurant et je me blottis vivement contre lui.
MI SUN : Je suis désolé d'avoir agit comme une imbécile ultra possessive, tout à l'heure. Et je ne vois pas pourquoi ton drama ferait un flop total, comme tu dis. Je suis même certaine que tu vas devenir ultra méga célèbre. Même que je pourrais me venter auprès de toutes mes copines parce que mon amoureux est le grand et talentueux Song Hyun Ki.
J'eus un sourire amusé en imaginant cette scène. Oui, ça me plairait plutôt bien. Cela créerait peut-être des situations amusantes comme le fait de devoir nous cacher dans un recoin sombre, histoire d'être un peu seuls, juste avant de monter sur scène. Je chassais cette image attirante de mes pensées, la gardant précieusement dans un coin de ma tête, histoire de la tester un de ces jours.
MI SUN : Où est-ce qu'on va maintenant? Oh, dis, on ne pourrait pas aller à ton appartement? Hyun Woo m'a dit qu'il te forcerait à me faire visiter un jour, si tu ne te décidais pas à me le proposer. Est-ce que je dois l'appeler tout de suite, pour qu'il m'aide à te décider?
Je lui adressais un regard moqueur. Loin de moi d'avoir des pensées perverses. Je voulais vraiment visiter son appartement, par pure curiosité. Histoire de voir dans quel environnement vivait mon Oppa. Voyant qu'il hésitait, je l'obligeais à s'arrêter. Je vérifiais rapidement que le couloir était désert. Évitons désormais les éventuels scandales. Puis, je lui fis face, me collant à lui et affichant une moue suppliante. Je passais mes bras autour de sa taille et levais la tête – Dieu ce qu'il était grand! - pour plonger mon regard de chat botté dans le sien.
MI SUN : S'il te plait, dis-oui, dis-oui, dis-oui!
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« Je t'ai conseillé d'aller te coucher mais tu ne semble pas décidé à m'écouter... » Je faisais fi de ses paroles. Franchement, comme voulait-elle que je puisses me reposer alors que je venais de la retrouver ? Sûrement qu'elle m'aurait assailli d'argument plus logiques les uns que les autres, mais l'amour que j'avais pour elle était irrationnel. Rien de logique là-dedans. Du moins, si les bases de mon amour tenaient sur une attirance des plus commune – son caractère, ses envies, ses valeurs, étaient autant de choses que j'aimais chez elle – le reste n'était que pure folie: je l'aimais plus que mon être. Et je n'étais pas sûr que beaucoup de gens puisse dire la même chose de leur copine; l'idée de rester avec elle jusqu'à mes vieux jours, loin de me rebuter comme le voulait la société, m'enchantait parfaitement. Il ne m'était pas envisageable de vivre avec une autre: elle seule me satisfaisait pleinement et provoquait en moi cette petite chose en plus. Une étincelle, un feu d'artifice, comment le définir ? Et même en cet instant où elle m'exaspérait, une touche de gaieté venait se mêler à ma lassitude: elle m'estimait assez important pour s'escrimer contre l'idiotie d'une jeune fan. Elle n'avait certes pas assez réfléchi pour justement mettre le compte de son discours sur sa jeunesse, mais comment lui en vouloir ? Je savais qu'un jour ou l'autre, je serais moi même confronté à l'adoration de jeunes hommes. Et rien que d'y songer me faisait plisser les lèvres et me pinçait le cœur. Il me faudrait la partager – certes, ses fans ne profiteraient pas d'elle comme moi, mais l'idée qu'ils puissent être reliés à elle de quelque manière que ce soit, aussi tenu ce lien soit-il, me rebutait. Je ne l'acceptais pas. J'aurais préféré, quelques secondes, que nous soyons deux jeunes gens ordinaires. Mais c'était notre particularité qui nous avait rapproché. Sans Kirin, je ne l'aurais jamais remarqué, je l'avouais. Mais il me semblait inutile de m'enfoncer dans des suppositions. Les 'si' ne donneraient pas de solution à mon problème.
J'effaçais ces idées moroses de mon esprit en partageant ma gaufre avec Misun. Voilà qui était déjà bien plus réjouissant. Je me mettais du nutella partout, comme la tradition le souhaitait, et elle s'empressait avec tendresse de m'essuyer la joue. Je la couvais du regard, insatiable, et soudain, je ne doutais pas une seconde qu'elle deviendrait une artiste connue et reconnue. Si elle n'en n'avait pas conscience, elle possédait un charisme particulier, une aura spéciale qui participait à son charme. Je ne doutais pas non plus qu'elle deviendrait un fantasme pour nombre de coréen, et cette fois-ci, loin d'être jaloux, j'en éprouvais une certaine fierté. Parce que au fond de moi je savais que tous les fans du monde ne suffiraient pas à la séparer de moi. Nous étions liés – et nos retrouvailles d'aujourd'hui en étaient une preuve indéfectible. Lassé d'être l'objet de bien des regards, je me levais soudain, empoignais son sac, et entreprenais de l'emmener plus loin, là où nous serions au calme; Mais le calme est meurtrier parfois, et mes pensées rejaillissaient dans mon esprit, vicieuses. Je restais silencieux d'abord, puis, n'y tenant plus, la questionnait avec appréhension. Elle resta elle même silencieuse quelques instants, et je l'observais, impatient, cherchant la réponse dans ses yeux. Mais je ne l'interrompais pas dans ce que je savais être une intense réflexion; ma patience fut récompensée par un sourire rassurant et une étreinte qui mit du baume à mon cœur. « Je suis désolé d'avoir agit comme une imbécile ultra possessive, tout à l'heure. Et je ne vois pas pourquoi ton drama ferait un flop total, comme tu dis. Je suis même certaine que tu vas devenir ultra méga célèbre. Même que je pourrais me venter auprès de toutes mes copines parce que mon amoureux est le grand et talentueux Song Hyun Ki. »
Je souriais à l'idée que j'avais pensé la même chose d'elle quelques instants plus tôt. Ravi, je déposais un rapide baiser sur sa joue, un sourire scotché aux lèvres. « Où est-ce qu'on va maintenant? Oh, dis, on ne pourrait pas aller à ton appartement? Hyun Woo m'a dit qu'il te forcerait à me faire visiter un jour, si tu ne te décidais pas à me le proposer. Est-ce que je dois l'appeler tout de suite, pour qu'il m'aide à te décider? » Je déglutissais. Hyun Woo ?! Elle avait donc vu Hyun Woo ?! Cependant, je ne l'avais jamais croisée à l'hôpital, ce qui signifiait qu'elle m'avait soigneusement évité. Cette pensée fit retomber en flèche mon enthousiasme. Mais mon pragmatisme me souffla au coin de l'oreille que je ne pouvais lui en vouloir. Elle avait accusé le coup de notre séparation et n'avait pas souhaité se faire plus de mal que nécessaire en me voyant régulièrement au chevet de Hyun Woo. Je lui adressais un sourire quelque peu contrit, puis répondait avec un peu plus de malice, après qu'elle m'eut supplié en recourant à des moyens totalement illégaux – comment voulait-elle que je lui résiste si elle me faisait cette moue et s'accrochait à moi de la sorte ?! « Je te rappelle, comme tu l'as si bien dit, que je suis pervers. Et que j'ai deux ans de plus que toi, ce qui n'est pas négligeable. » Je ricanais, fier de ma répartie, et caressais sa joue doucement. « C'est parti pour mon appartement. Si vous voulez bien vous donner la peine. » Je lui offrais mon bras en parfait gentleman, son sac toujours sur l'épaule, et je l'entrainais de nouveau le long du couloir, repassant devant la cafeteria. Nous sortîmes de l'académie, et je la menais tout en discutant jusqu'à mon repaire – celui de mon frère, par la même occasion. Mais je le savais absent, aujourd'hui. Nous arrivâmes bientôt dans mon quartier, et je la guidais jusqu'à un pâté d'immeuble; nous entrâmes dans le second, ou il nous fallut monter quelques marches. Une fois devant la porte, je me tournais vers elle, et quelque peu anxieux, prenait la clé de la porte dans ma poche. « Prête? » J'enfonçais la clé dans la serrure, la tournais avec lenteur, et ouvrais la porte en silence, observant les réactions de Misun avec interêt. Elle entra, je refermai la porte.
Nous étions dans la cuisine. Une petite pièce chaleureuse, avec un plan de travail gris, et une petite table au coin de la pièce où nous déjeunions, Hyun Woo et moi. Quelques placards en dessous et au dessus des plans de travail permettaient de ranger des provisions, et dans l'unique espace qu'il restait, un frigo d'occasion, pas de prime jeunesse. Je posais une main sur la hanche de Misun. « Je te fais visiter ? » Finalement, cela s'était avéré moins dur que je le pensais, et j'étais fier de lui montrer mon univers, et tout ce qu'il représentait.
Ainsi, je lui montrais toutes les pièces: la salle de bain, fonctionnelle, le petit salon dont nous disposions, minuscule mais peint avec des couleurs chaudes qui donnaient envie de s'asseoir dans un fauteuil et de ne plus en bouger. Je lui épargnais la visite de la chambre de Hyun Woo – trahir ainsi son intimité ne me plaisait guère. Cependant, j'entreprenais avec timidité de lui ouvrir les portes de ma chambre. Celles ci s'ouvrirent en grinçant doucement.
Les murs étaient peints en bleu gris, une couleur apaisante. Une fenêtre, en face de la porte, donnait sur la rue en contrebas, et était protégée par des rideaux taupe, qui tamisaient agréablement la lumière. Mon lit – à deux places, étant du genre à bouger dans mon sommeil – trônait à gauche de la fenêtre, et était juxtaposé à une petite table de chevet où un livre recouvert d'une fine pellicule de poussière attendait d'être ouvert. En face du lit, à droite donc de la fenêtre, un bureau en bois clair où était posés des CD ainsi qu'une chaine hifi, ainsi que mes livres favoris. Je rougissais à la vue de la photo de misun posée en évidence sur une petite étagère, et je préférais concentrer mon attention sur mon violoncelle, casé à côté d'une armoire où étaient entreposés mes vêtements. Je me rendais compte que j'étais silencieux. Sans bruit, contournant la silhouette de Misun donc je guettais la réactions, je m'asseyais sur le lit, profitant d'un support moelleux. Enfin, je prononçais mes premiers mots depuis plusieurs minutes déjà: « C'est ici que je compose mes musiques – je désignais les feuilles sur mon bureau – et que je travaille. C'est mon lieu d'inspiration. » Quelque peu intimidé par cette intrusion dans une partie de mon intimité, je soufflais: « Qu'en dis-tu ? » Son avis m'étais important. J'avais toujours considéré cette chambre comme un lieu agréable. Les couleurs pâles me semblaient agréables et délicates, mais qu'allait-elle, elle, en penser ?
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