Joon brancha la chaine hifi qu'il avait apporté tout spécialement dans la salle abandonnée. Les cloisons a demi vitrées étaient cependant obscurcies par sa poussière qui s'y étaient incrustées au fur et a mesure des années d'inactivité. Il put donc, après avoir fermé la porte, mettre la musique comme il l'entendait tout en étant presque sure que personne ne viendrait le déranger, malgré le bruit. Il ouvrit le premier casier de la chaine hifi et sortit de son sac le CD qu'il avait décidé d'apporter pour son entrainement – Michael Jackson. Son idole. Quel danseur n'admirait pas ce génie de la discipline ? Lors de ses nombreuses sorties avec son groupe de potes, ils dansaient sans arret sur ses musiques, tentant d'atteindre la perfection de ses pas, la pureté de ses gestes. Il n'y étaient forcement jamais parvenus, mais le résultat de ces entrainement acharnés était que Joon connaissait désormais plusieurs de ses chorégraphie par cœur. Billie Jean faisait partie de celles ci. Il connaissait les pas, les paroles, le rythme sur le bout des doigts, et ne faisait qu'un avec la mélodie lorsqu'elle retentissait; il faisait partie de ces gens qui se laissaient emporter par la musique et oubliaient tout ce qui se trouvait autour.

Joon ota sa veste, se retrouvant en débardeur dans la salle, qui, mal isolée, était plus froide que le reste de l'établissement. Un frisson de froid parcourut la peau de ses bras. Il appuya sur le bouton 'play', et la musique fut lancée. Il ferma les paupière, se laissant guider par le bruit de la batterie en fond sonore. Ses pieds se mirent lentement en mouvement, et finalement, il s'avéra qu'il ne suivit pas du tout la chorégraphie qu'il connaissait tant. Son buste, ses jambes, ses bras, suivirent une inspiration spontanée, qui lui venait de dieu sait où. Il se mit même à fredonner la chanson – il s'était amélioré considérablement depuis son entrée à Kirin en chant, et il arrivait désormais à chanter et danser simultanément. « Billie Jean is not my lover, she's just a girl who claims that i am the one... » Au bout de quelques minutes, une silhouette s'arrêta devant les vitres quelques peu opacifiées de la salle, et marqua un temps d'arrêt. Puis la porte s'ouvrit silencieusement, à moitié, laissant entrapercevoir un visage curieux. Si Joon ne s'en rendit nullement compte lors des premières minutes, il sentit au bout d'un certains moment qu'un regard était posé sur lui et détaillait chacun de ses gestes. Il ne s'en formalisa pas, pensant à une nouvelle groupie, mais un mouvement circulaire et rapide l'informa que ce n'était pas n'importe qui qui l'observait aussi assidument. Yune se tenait dans l'embrasure de la porte, timide. Il continua de danser, enchainant sur un moonwalk parfaitement exécute – Joon aimait en mettre plein la vue. Il n'avait définitivement plus froid – une goutte de sueur coula même sur sa tempe, jusqu'à son cou, et continua son parcours jusqu'au tissu du débardeur qu'il portait. Lorsque la musique s'atténua jusqu'à s'éteindre – bientôt suivie par une autre musique de Michael Jackson, il se retourna enfin et marcha avec assurance jusqu'à Yune, un sourire sur ses lèvres tordues par la satisfaction. « Salut. » Il l'attira d'un bras posé sur sa hanche, et referma la porte derrière elle, les laissant enfermé dans un silence feutré uniquement comblé par le bruit de la chaine hifi. 'Beautiful girl' « Décidemment, tu as la manie de me croiser lorsque je suis en débardeur... et que je transpire. » Il lui adressa un nouveau sourire taquin, puis prit sa main comme lors du cours de danse. Ses exercices précédents l'avaient quelque peu échauffé, et la présence soudain de la jeune fille dans la salle fermée ne l'aidait en rien à se contrôler. Il l'a fit basculer à demi dans le vide, la tenant d'un bras dans son dos, et son regard se baissa instantanément vers ses lèvres qui lui semblaient particulièrement désirables en cette belle journée. Mais la tristesse de ses yeux lui tira une moue mécontente. Il n'avait nullement l'intention de s'amuser avec une fille qui avait des airs d'enterrement.

Il la releva donc, et la fit tourner sur elle même, une mine concentrée rendant ses traits beaucoup moins agaçants – peut-être plus beaux. Il la fit danser ainsi quelques instants, suivant le rythme de la chanson qui continuait de tourner, et ne s'arrêta pas lorsque cette dernière se stoppa doucement. Il avait rapproché leurs deux corps, posant une main sur la hanche de Yune, et sa bouche effleurant la chevelure de la frêle jeune femme. Un souffle imperceptible lui échappa, tandis que ses lèvres s'attardaient sur sa tempe, redescendant au fur et a mesure et de manière indolente jusqu'à sa joue. Non, Joon n'était pas fait pour se contrôler, pour aller à l'encontre de ses désirs. Et il se laissait peu à peu aller au danger – sa vengeance au départ totalement désintéressée laissait place à un désir vif de l'avoir, de la posséder, et non uniquement de faire souffrir le petit con qui avait osé s'opposer à lui.

Peut-être n'aurait-elle jamais du se rendre dans la salle abandonné de l'école puisque le loup s'y trouvait. Par mégarde, elle se lançait dans la gueule du loup sans se soucier de ce qui pourrait lui arriver par la suite. En franchissant le seuil de cette salle, elle avait aperçu sa silhouette dansante dans tout les sens, et bien entendu, elle ne pouvait que l'admirer, lui et sa stature de danseur parfait. Elle ne pouvait pas le nier, il était doué à côté d'elle – la musicienne. « Il n'y a qu'une musicienne qui puisse avoir des doigts aussi fins et abîmés. » avait-il prononcé dans un murmure lors du premier cours de danse auquel elle avait assisté et avait choisi par mégarde Lim Joon comme partenaire de danse. Quel idiote ne l'aurait pas choisi de toute façon ? Bon danseur. Parfaite stature. Le bon point en danse quoi. Ses yeux se posaient sur la silhouette du garçon. Il était si talentueux qu'elle se perdait dans sa contemplation et oubliait presque sa venue ici. Solitude. Détresse. Tristesse. Plus d'une fois elle s'est rendue dans cet endroit sinistre et désert pour se laisser aller dans une once de pleurs et de remords. La vie de Kwon Yune n'a jamais été drôle et bienveillante – ne croyez pas le contraire. Ses accoutrements montrent son indiscipline et sa mauvaise écoute des conseils et obligations qu'on lui a donné tout au long de sa vie – mais cela montre aussi la détresse que son esprit éprouve face aux suicides de son père, face aux crises d'hystérie de sa mère, face aux ricanements continuels de ses frères et soeurs. Yune étoufferait-elle ? Pas le temps de se poser la question puisque Joon s'avançait vers elle. Elle ne réagissait même pas. Elle restait presque pétrifiée sur place et ne disait mot. Leurs corps rapprochés l'un de l'autre ne permettaient sans doute pas plus à Yune de réfléchir correctement. Clignant des yeux, elle se rendait bien vite compte que Joon tentait visiblement de la faire « chavirer ». Sa main posée sur sa hanche, ses lèvres glissant le long de sa tempe jusqu'à sa joue. Sans doute, Yune ne pouvait rien faire contre cela. Immobile au milieu de la salle, avec pour seul appui les épaules de Joon sur lesquelles elle avait posé ses mains, elle ne le lâchait pas du regard, elle restait pétrifiée mais le regardait avec avidité, passion – comme-ci elle attendait quelque chose, un signe. Un soupir sortit de sa bouche doucement. Elle passa sa langue le long de sa lèvre inférieure. Yune n'avait pas perdue son habitude – Yune avait beau être triste et décontenancé, il était là, elle était là, autant se changer les idées. Le jeu recommençait indéniablement depuis la dernière fois où ils se sont retrouvés à jouer dans le couloir aux yeux de tous. Yune avait gouté les lèvres de Joon à plusieurs reprises ce jour-là et semblait-elle s'être lassé d'être « éloigner » de celles-ci ? Semblait-elle vraiment vouloir recommencer l'expérience, quitte à en perdre la tête ? Jamais elle n'eut ressenti telle sensation dans tout son être quand un garçon l'approchait. D'ailleurs, jamais elle n'avait toléré qu'on l'approche réellement – les seuls garçons qui eurent pus s'approcher d'elle, étaient ses anciens petits amis – peu nombreux, et tous la fuyant sans précédent. « Aehm.. je n'étais pas venue ici pour cela mais... ca peut être plus intéressant que pleurer sur son sort... erm... » Elle ne voulait pas en dire plus. Elle voulait juste plus de sa part à lui. Un léger sourire prétentieux se dessinait sur les lèvres rondes de la jeune femme tandis qu'à son tour, elle s'accrochait au désir et à la passion qu'elle avait tant rechercher. Yune glissait ses bras autour de son cou. Yune effleurait ses lèvres des siennes. Yune n'osait cependant pas entourer son bassin de ses jambes, tout de suite. Elle préférait le rendre fou, le faire patienter. Yune avait toujours cette manie de faire languir, de faire attendre, de faire désirer les autres quand il ne fallait pas, avec les gens qu'il ne fallait pas. Sa respiration s'accélérait malgré elle. C'était un point de faiblesse qui se montrait au grand jour. Yune détestait se montrer indépendante des gestes des autres – de ses gestes, qui plus est. Se mordant la lèvre inférieur avec ferveur, son regard plongé dans le sien, un sourire se dessinait discrètement sur le coin de ses lèvres tandis qu'elle déposait un baiser brûlant sur sa joue, sur sa mâchoire, sur sa clavicule, dans son cou, tout en restant submergé par ce désir inlassablement là qui ne voulait pas partir, qui s'attisait au fur et à mesure qu'elle répondait, qu'ils se répondaient. Elle glissa en arrière. Elle reculait, se détachant ainsi de son imposante stature, pensant aussi que le feu, le brasier intense qui grandissait en elle allait se refroidir, se calmer – sans succès. « Je ne suis vraiment pas venue ici pour cela. Joon. » Prononcé son nom, elle ne l'avait quasiment jamais fait jusque là. Prononcé son nom, de cette façon là, elle ne l'avait vraiment jamais fait. Un soupir et elle s'assoit sur une des tables près de la fenêtre donnant sur la cour. Elle venait de couper court à leurs ébats "sexuelles". Elle était sure qu'il allait se renfrogner, le pauvre petit.

« Aehm.. je n'étais pas venue ici pour cela mais... ca peut être plus intéressant que pleurer sur son sort... erm... » Franchement, Joon n'en avait que faire. Il la voulait – bien plus que la dernière fois, bien plus qu'il ne pourrait jamais la vouloir, pensait-il. Et à moins qu'elle ne le repousse violemment, il irait jusqu'au bout – Joon n'était pas un violeur mais était assez téméraire pour tenter le tout pour le tout jusqu'à la déchirure et la crise. Les lèvres qu'elle déposa sur les siennes ne firent qu'attiser le brasier qui brulait au fond de lui – un brasier étrangement plus puissant et plus grands qu'avec les autres, qu'avec toutes les autres. Ses mains vinrent empoigner ses hanches, les collant à son bassin et il donna plus de force au léger baiser qu'elle lui avait donné. Il ne supportait plus de voir ce sourire se dessiner sur ces lèvres, narquois, comme si elle le contrôlait, comme si tout se trouvait entre ses mains graciles. Sa théorie fut confirmée lorsqu'elle s'éloignait brutalement de lui, le laissant les bras ballants, le regard perdu, l'esprit envahi par des images et des sensations qui le dépassait. Elle le rendait fou, à se dérober ainsi, à jouer sur la tension, de cette manière. Et la seule excuse qu'elle trouvait c'était qu'elle 'n'était vraiment pas là pour ça'? Pour quoi était-elle là ? Joon n'était pas le genre de garçon à s'inquiéter des états d'âme des gens. Il la rejoint près de la table, posa ses mains sur ses cuisses avec autorité, et plongea son regard dans le sien. La musique avait de nouveau changé, pour 'the way you make me feel'.

« On parlera ensuite, tu veux ? Et puis je n'ai jamais émis l'hypothèse que tu avais le choix... » Ses mains glissèrent le long de ses cuisses et vinrent se loger dans son dos, ou elles exercèrent une pression afin de la rapprocher à nouveau de lui, alors que ses lèvres se heurtaient à la douceur de la peau de son cou, à la volupté de la peau de ses épaules, à celle de sa gorge. Il l'étendit sur la table, et dans cette position, il put avoir accès à tout ce qu'il désirait le plus. Le ventre, délicat, sur lequel a bouche tremblante s'attarda, sous la tunique, les lèvres, rondes et désirables, qui s'entrouvraient doucement. Tant de beauté lui tirait un éclat étrange dans ses pupilles, lui tirait une respiration trop profonde pour être retenue, lui tirait une fébrilité trop violente pour être contenue. Dehors, il put voir distraitement un groupe d'étudiants qui passaient, et s'il était empressé, Joon n'était pas idiot. Il empoigna la taille de Yune, la souleva, et tout en l'embrassant avec fièvre, ferma à l'aveuglette les contrevents électriques, puis appuya le corps léger de la jeune femme contre le mur le plus proche. Un sourire vicieux passa sur les lèvres du jeune homme qui s'était détaché des siennes pendant un dixième de seconde. Il dut s'arrêter quelques secondes avant de pouvoir prononcer une parole cohérente – la course de son coeur l'empêchait de se concentrer sur quoi que ce soit, hormis sur la gorge de Yune qui, dans cette position, semblait lui être offerte.

« Ne t'avais-je pas dit que tu m'appartiendrais ? » Sur ces mots, elle se débattit, et il la laissa retomber mollement sur le sol. Encore un changement d'humeur, encore un rebondissement. Il la retint par le poignet, avec plus de douceur qu'il ne l'avait voulu, et ses yeux se firent suppliants, presque. Une brève tension et elle revenait dans ses bras – il l'enlaçait avec tendresse. Il n'aurait su démêler le désir pur de douceur du désir plus bestial qui le poussait a se faire caressant pour mieux obtenir ce qu'il voulait: ces deux envies se mêlaient de manière troublantes et troublée. Il ne savait pas – ne savait plus. Ses incessants revirements à elle lui faisait perdre la tete à tel point qu'il ne croyait plus simplement au désir charnel qui l'avait guidé jusque là – il n'était plus tout a fait lui même. Il la poussa de nouveau contre un mur, l'emprisonnant comme il y avait quelques minutes, mais avec considérations, avec empathie. Leurs deux visages, presque scellés, se cherchaient, s'évitaient. Joon se perdait dans la contemplation de ses prunelles ou une tristesse naissait, derrière d'autres sentiments. Il soupira brièvement, contrecarré dans ses plans. « On va parler de tes problèmes. Vas-y, dit moi tout. » L'offre semblait bien ridicule dans la situation présente, alors qu'il chatouillait chaque centimètre carré de son visage de baisers volages et éphémères qui ne faisaient qu'effleurer son épiderme. Ses lèvres si firent plus audacieuses, glissant sur la clavicule, le long de la jugulaire.