Je haïssais la danse. Si ca n'avait tenu qu'à moi, j'aurais supprimé cette matière. C'était vraiment insultant de se prendre des gadins toutes les deux minutes, et de ne rien pouvoir y faire. Je ne comptais plus le nombre de bleus que j'avais récolté dans mon cours. Heureusement j'avais une professeur compréhensive – je trouvais même étrange qu'elle n'ai pas encore pété un câble. Heureusement que je n'avais pas l'intention d'en faire mon métier. La seule chorégraphie que je pouvais exécuter sans risquer de me faire une fracture ouverte était celle de Gee – et on peut pas dire, malgré tout l'amour que je porte à ce groupe, que la chorégraphie en soit très complexe. Le reste du temps, soit j'avais l'air de m'être pété la hanche, soit je ressemblais à un pigeon qui se serait pris dans une ligne a haute tension – autrement dit, mes mouvements étaient trop saccadés pour paraître naturels, et je donnais l'impression de m'électrocuter. Je vous laisse imaginer ma tête lorsque le prof nous a annoncé qu'une showcase allait bientôt avoir lieu, et qu'elle voulait que nous nous entrainions sur une chorégraphie, afin de réaliser une double performance. Tronche de trois mètres de long, yeux exorbités prêts à débiter des torrents de larmes, jambes tremblantes. Dans ma tête défilaient images de pansements, straps, désinfectants, plâtres, pommades... bref, la pharmacie du coin semblait destinée à devenir mon refuge pour la semaine à venir.

Ma prof me fit un signe de la tête, qui signifiait clairement « je t'attends à la fin du cours ». J'y étais habituée, et généralement, c'était de petites remontrances, ou des encouragements. Malheureusement, tous les conseils du monde n'avaient pas suffit à régler mes soucis de rythmes et d'orteils rebelles. Cependant, elle ne semblait pas disposée à perdre son temps, cette fois ci.

« Na Ra, pour ce showcase... tu devrais faire appel à quelqu'un. »
« Le club des mauvais danseurs anonymes, peut-être ? » Mon air sombre la fit rire.
« Je pensais plutôt à quelqu'un qui serait disponible en dehors des heures de cours pour t'offrir son aide. Tu as dû surement entendre parler de Park Hyun Jae ? »

J'étais surprise. Je n'avais pas oublié le jeune homme de la sunshine agency qui rougissait toutes les deux secondes; j'avais même gardé son numéro, soigneusement rangé dans le rabat de mon cahier d'art dramatique – c'était une place de prestige, étant donné que tout ce qui touchait au théâtre était religieusement répertorié dans ce cahier soigné; mais naturellement, je n'avais pas eu l'idée de l'appeler pour qu'il m'aide en danse. Était-ce de la fierté ou de la gène ? Toujours etait-il que j'avais depuis toujours me débrouiller seule, et uniquement seule. J'aimais avoir le sentiment de ne devoir mes réussites qu'à moi même, et je preferais n'avoir m'en prendre qu'à moi même en cas d'échec. Et puis je m'en voulais encore trop pour oser demander cette faveur au jeune homme. Je n'avais toujours oublié la manière dont je l'avais traité à la sunshine agency, et à quel point il en avait été touché. Cependant... la prof avait raison. J'étais carrément dans une situation inextricable et j'avais désespérément besoin d'aide; auquel cas, j'avais cent vingt pour cent de chances de me planter en beauté devant tout le gratin du spectacle lors du showcase. C'était pour ça que je finissais par prendre mon téléphone et par composer le numéro. Ce fut la messagerie qui me répondit, et je laissais un message qui frôlait le pathétique. Je le suppliais presque de venir m'aider. Ça faisait très « demoiselle en détresse ». Je m'en voulais de lui demander ça.

Je me rendais à la KAHS, et une fois dans la salle de danse, je sortais mon ordinateur portable – ou plus exactement l'ordinateur portable de Sun Woo que j'avais confisqué pour l'occasion – et le posais sur une table. J'ouvrais la vidéo correspondante, et regardais attentivement les pas de la jeune femme sur l'écran. Tentant vainement de les reproduire du mieux que je pouvais, je me rendais bien vite compte – grâce à cette fichue glace qui était posée tout le long du mur – que … c'était une catastrophe. Je finissais même par trébucher avec mes propre pieds, et je tombais fesses les premières sur le revêtement de la pièce... et prenais une moue boudeuse, en laissant mes bras tomber sur le sol. Je massais ma cheville douloureuse, avant d'entendre un bruit de pas. Un sourire éclaira mon visage, et je joignais mes mains en position de prière:

« Pitiéééé, grand maitre, venez à mon secours ! »

J'avais du mal à me dire que la nature pouvait créer des êtres si gracieux comme Hyun Jae, et d'autres aussi maladroits que moi. Quand on me regardait danser, on se disait que l'espèce humaine était bien gauche et balourde. Et puis il y avait des miracles. Cependant, je doutais que le jeune homme puisse faire quoi que ce soit pour moi. J'étais résignée.

Je repensais à ce qui s'était passer l'autre fois... Cette rencontre avec cette jeune fille, la discutions avec celle du toit, l'homme en noir... Tant de chose pour une simple journée. Je ne pensais qu'à cela depuis plusieurs jours. Je savais que ma carrière avançait à grand pas ; deux jours après l'entretient avec l'homme mystérieux, qui n'aurait jamais eut lieu si Na Ra n'avait pas été là, une réunion eut lieu. « Félicitation à vous tous ! J'ai eu de très bon échos vous concernant, du moins en partit. Certains d'entre vous m'ont humilier. […] Et toi Hyun Jae, dois-je te rappeler que tu n'es qu'un trainee, et que tu ne dois avoir aucune relation ! Tu me ferras le plaisir de laisser cette jeune fille qui t'avais retarder.

Je ne sais pas de qui il s'agissait, mais je ne préfère pas le savoir. Il en vaut mieux pour elle comme pour toi ! Et tu te concentreras un peu plus sur ton travail ici dorénavant, c'est compris ? C'était la dernière fois !
- Je... Oui, pardon... »

Je n'avais pas le courage d'expliquer que la jeune fille en question n'était en aucun cas une « relation ». La colère qui envahissait notre manager m'intimidait, ainsi que les regards des autres trainee rivés sur moi... Les réprimandes passées, il en vint enfin au fait attendu de tous. Personne ne savait réellement ce qui se produirait pour ceux qui auront été choisit, mais tous ici présent savaient qu'il s'agissait d'une « guerre », et qu'il fallait à tout prix plaire à ce jury. Seul quatre sur quinze furent appelés, et à ma grande surprise je faisais partie de ces personnes. On nous expliqua la suite ; pour le moment, nous devions reprendre le travail habituel, mais nous étions loin de reprendre les vieilles routines. Nous étions encore en compétition. On nous informa que l'homme rencontré était un haut dirigeant de la S.A, mais aussi celui qui a mené de nombreuses stars du monde entiers au sommet de la gloire. Celui-ci recherchait un nouveau talent sud-coréen, pour représenter la corée du sud au état-unis, mais aussi dans quelques pays d'europe. En ce jour, mon destin de jeune trainee était en jeu. Je n'avais plus rien à faire à part attendre. Il fallait donner le meilleur de soit même pour que la S.A nous choisissent...
En quittant la salle de réunion, je me remémorait la discution qui avait eu lieu avec Sun Hye sur le toit. Je ne savais ce qu'elle me voulait, elle s'était contenter de me demander de venir sur le toit de la S.A. « Tu es en retard ! » m'avait-elle dit... Je lui avait expliqué la cause de mon retard, du moins, une partie. Je ne lui ai pas parler de Nara, au risque de la rendre jalouse.

« Ok je te pardonne. Bon, j'ai besoin de toi ! Une de mes élèves est vraiment un manche à ballai coincé dans le derrière d'un hippopotame !
- Pourquoi est-elle en danse alors ?
- Justement, elle n'y est pas. Mais le showcase approche à grand pas, et elle a vraiment besoin d'aide. Tu es un danseur talentueux, et je pense que tu pourras l'aider, moi je désespère. En plus, la S.A trouvera cela remarquable que tu aide leur école !
- Hum... Quel est le nom de cette jeune fille ?
- Tu t'en occupe ? Super, merci Hyunnie ! Allez je me sauve avant qu'il t'arrive des problèmes. »

Sunny m'avait embrasser sur la joue avant de partir. Elle avait oublier de me donner le nom de la jeune fille que je devais aider... Je me disait que ce n'était pas grave, qu'elle me rappellerait.


Une semaine passa, aucun coup de file ; ni de Sunny, ni de Nara. En réalité, je trouvais cela étrange que mon téléphone n'avait pas sonner depuis une semaine... Mais, je me rendit compte que c'était normal... Cela faisait une semaine que je me trimbalait sans mon téléphone... Cela faisait aussi une semaine que je n'étais pas rentré chez moi. En même temps, Mikkie doit rester à la Kirin, alors je n'ai rien qui me pousse à rentrer chez moi. Et puis, j'avais tellement à faire à la S.A que je dormais sur place, dans un coin discret. J'étais certain d'arriver à l'heure comme ça. Je passais tout de même rapidement à la maison pour me changer, et nourrie les petites bêtes qui résident là dedans. Au bout de cette semaine, le travail étant effectué, je rentre chez moi pour me reposer. Deux jours s'écoulèrent. Je dormis la majeur partie du temps. La S.A ne m'avait pas contacter – et mon téléphone était à côté, ce qui me fit deux jours de vacances. Je décide enfin de regarder si j'avais des messages. J'en avais. Principalement oral. J'écoutais sans le faire, les messages qui s'enchaînèrent, quand soudain l'un d'eux disait qu'il avait besoin d'aide en danse. Je reconnus la voix de Nara. Je fut envoûté par cette voix. Je me vêtis rapidement, et partis en direction de KAHS.


J'aimais revenir dans cette école, cela me rappelait tant de bons souvenirs... Je me rendit machinalement à la salle de danse. Après tout, j'allais tous les jours dans cette salle. J'entrouvris la porte, et j'aperçus la jolie petite Na Ra. Je sentis mon cœur s'accélérer. J'étais si heureux de la voir de nouveau. Lorsque je décide enfin d'ouvrir la porte et d'entrer, celle-ci tomba à terre. Il est vrai que je suis d'accord avec Sunny ; Cette petite est vraiment nulle en danse. Elle me regarda avec un grand sourire, et me supplia de l'aider. Ce « grand maître » me mit mal à l'aise. Je me sentis rougir. J'avançais à elle, gêné, et lui tendis la main pour qu'elle se relève. « Quel coïncidence... Je n'aurais pas penser que tu étais une élève de Sun Hye... ». Elle se releva. Je la regardais attentivement, tout en tenant encore sa main. Au bout d'une minute de silence et d'admiration, je relève enfin la tête pour apercevoir l'ordinateur portable exposé au loin. Je lâche donc la main de Nara, pour regarder de plus près la vidéo défilant sur l'écran. Je me penche pour regarder. Queen ? Cette chorégraphie est d'une simplicité enfantine. En plus, je la connais déjà. Je commençais à me trémousser comme sur la vidéo, puis constatant que la jeune fille derrière moi me regardait étrangement. Je me redresse, sourire au lèvre, quelque peu gêné, et la fixa en me grattant la tête. « C'est ça que tu dois apprendre pour le showcase ? ». Elle me répondit que oui. « Je vois. C'est très simple tu sais... Je vais t'aider. » Je ne savais quoi dire de plus. Je restais piqué devant elle, lui cachant la vu de l'ordinateur portable qui était juste derrière moi.

Vous pouvez pas vous imaginer à quel point j'étais heureuse de le voir. Avec son arrivé, c'était la fin des galères qui se pointait gaiement. Bon, dans le fond, j'étais persuadée qu'il ne pourrait rien faire pour moi. Qui en était capable ? J'étais déjà résignée à mon triste sort – à savoir: me planter en beauté devant des centaines de personnes. Mon seul espoir était de tout miser sur ma voix, cristalline et veloutée, qui était, je le savais, appréciée du public, et qui captait l'attention. J'avais pu tester le pouvoir de ma voix lors des précédents showcase. Je n'avais reçu aucune proposition des agences, cependant, et c'était tant mieux. Je ne voulais pas avoir la tentation d'abandonner le théâtre pour un bonheur qui aurait été trop facile. Accepter le chant par défaut par peur de ne jamais pouvoir vivre de ce qui était ma passion... non, c'était trop lâche. Cependant, je ne nourrissais aucun espoir quant à ce showcase: ma voix ne serait jamais assez prodigieuse pour parvenir à masquer le désastre que représenterait ma danse. Ce serait même l'inverse: ma performance vocale serait totalement effacée par ma rythmique catastrophique. Hyun Jae me tendit la main, je la prenais avec reconnaissance et me relevais doucement, en époussetant mon uniforme. Je voulus reprendre ma main mais il la tenait toujours entre ses doigts, me fixant d'une manière qui me mit aussitôt mal à l'aide. Je détournais les yeux et cherchais du regard quelque chose dans la salle qui me permettrait d'échapper à ce regard soutenu de manière pas trop ridicule – par exemple, une lampe qui clignotait, ou une latte abimée m'auraient parfaitement convenu. Il quitta enfin mes yeux pour observer l'ordinateur derrière moi; il s'en rapprocha, je triturais nerveusement mes doigts en attendant son verdict. J'avais honte de moi. Je savais que cette chorégraphie était d'une simplicité enfantine, et que même pour les moins doués, son apprentissage ne prenait pas plus d'une heure. Mais... j'étais plus que pas douée. Il eut la réaction que j'attendais.

« C'est ça que tu dois apprendre pour le showcase ? »
« Hm hm... »
« Je vois. C'est très simple tu sais... Je vais t'aider. »

Il se planta devant moi et je piquais un fard immédiatement. C'était surement la première fois de toute ma vie que ca m'arrivait: avoir honte n'était pas dans mes habitudes. Mais d'ordinaire je halerais seule, devant la glace, et je n'étais pas confrontée au retard d'autrui. Là... c'était plus délicat. Mon ego était assez développe pour que je sois gênée de montrer ainsi mes faiblesses. Ça brisait mon apparence de fille forte sans aucun faille... et j'avais appris à mes dépends qu'il ne fallait jamais dévoiler ses faiblesses, au risque de se retrouver trahi et victime... J'essayais de récupérer un semblant de dignité en gardant une attitude froide. Mais je me rappelais que je ne pouvais pas me permettre ce genre de comportement avec le jeune homme sensible. Je fermais donc la bouche que j'avais ouverte pour lâcher une remarque cynique. Je le regardais me montrer le premier pas, et en amorçant un mouvement qui se voulait similaire... je me rendais compte que je ne l'avais pas du tout. Pas la peine d'aller plus avant pour comprendre que je massacrais la chorégraphie. Je devenais sans aucun doute aussi rouge qu'une tomate en moins de deux dixièmes de secondes. Mes mains tremblaient, mes jambes claquaient et si ça continuait, j'allais mourir de honte...

« Ferme les yeux deux secondes... »

Je lui faisais un signe de la main pour qu'il ferme les paupières, et me faisais l'effet d'une petite arrogante capricieuse. Était-ce si dur que cela d'avouer que j'avais des faiblesses ? Non... en vérité, j'étais prise d'une crise de timidité tellement forte que j'en perdais tous mes moyens. J'avais perdu en l'espace d'un quart de seconde toute mon assurance, et j'étais aussi confiante qu'une enfant de dix an devant un adulte colérique... Bouger devant Hyun Jae relevait désormais du défi insurmontable à mes yeux. J'aurais rêvé, en cet instant, bouger comme une déesse, être capable d'onduler ces foutues hanches sans avoir l'air de convulser. Mais je bougeais comme une déesse... je n'aurais pas eu besoin de l'appeler, n'est-ce pas ? Dans un sens, ce n'était donc pas si terrible que cela... pourtant, j'étais écarlate – cette glace traitresse était là pour me le rappeler. Je tentais le pas de nouveau et poussais un gémissement de honte. Hyun Jae rouvrit les yeux et j'affichais une mine penaude en le regardant.

« Même ça, j'en suis incapable. J'ai l'impression d'avoir du béton dans les hanches, dans les bras, dans les jambes... Oui, c'est cela, j'ai l'impression d'être réduite à l'état de statut. J'ai tellement honte.... »

Je triturais mes mains nerveusement et enfouissais mon visage dans mes paumes. Je n'osais même pas relever la tête pour le regarder. Je prenais mes cheveux entre mes doigts et les enroulaient convulsivement, fuyant le regard du jeune homme. Mais que m'arrivait-il ?