« Les apparences suffisent largement à faire un monde.

Tout semble si fade, une perte de temps. Ta lassitude et ton ennui se lisent sur ton visage resté inexpressif depuis bien longtemps. Où est donc ton sourire, jeune enfant ? « Il s'est envolé. » Plus rien n'empourpre ton visage si pâle ? Pourtant, il y a encore cette intense lueur qui s'émane de ton regard noisette. Tes yeux expriment ce que tu penses éteint depuis bien des années, il reflète ton âme, ce que tu n'as plus envie de ressentir.. Ou es-tu simplement persuadé que ton cœur s'est endormi. Ton sourire s'étire, ce si magnifique signe de bonheur brille quand il s'émane de toi. On dirait un ange. Un si bel ange au trait dur et machiavélique. Tu as beau inspiré la crainte, ton regard, ton sourire, ta dureté nous captivent, nous donne la force de t'admirer mais pas assez pour oser s'aventurer vers toi. On se tait, on regarde de loin, on te dévisage. Ton apparence change chaque mois, mais il y a toujours ce même magnétisme qui nous mène vers toi. Tu n'as jamais eu besoin de faire beaucoup d'artifices pour attirer notre attention, des vêtements parfois simples, parfois un peu plus décalés, cheveux blond, brun, noir, qu'importe. Tu seras toujours Joon Han, celui qu'on a du mal à saisir, celui qu'on pense sans-cœur, sans âme, mais qui nous pousse vers d'autres théories lorsque ton sourire et ton regard nous éblouissent. Qui es-tu ? « Je ne sais pas. » Un silence. Le son de ta voix résonne encore dans nos esprits. Ce timbre suffit à nous intimider, à nous rendre muet, à t'écouter. Il serait idiot que tu te détournes de ce monde où la musique règne en maître. La mélodie que produit tes cordes vocales est envoûtante, ton corps bouge si sensuellement, tu es talentueux. Mais là n'est pas l'important, n'est-ce pas ? Ton physique, ta manière d'endurcir ton visage, de l'éteindre en effaçant tes sourires, ou au contraire en l'éblouissant par ton simple regard, ou encore ton apparence nous poussera toujours à tirer des conclusions hâtives sur toi, mais jamais cela nous aidera à connaître ce que renferme ton cœur. L'apparence n'est rien. Elle n'est qu'une couverture de ton âme, une carapace.

» Un caractère bien fade est celui de n'en avoir aucun.

Tu dis ne pas savoir qui tu es, ne pas arriver à te comprendre parfois. Tu en viens même à te caractériser comme un océan de contradiction, la réincarnation-même du paradoxe et c'est vrai qu'on a parfois du mal à te suivre. Ce n'est pas que tu changes souvent d'humeur, bien loin de là. Même si donnes l'apparence de quelqu'un de constamment en colère, il est pourtant bien difficile de te taper sur le système.. Bien que tu te lasses très vite. C'est sans doute ton plus gros défaut, non ? Non. Ça ne l'est certainement pas. Il y a bien pire en toi, bien pire qui te constitues. Tu te lasses vite, c'est un fait, un rien t'ennuie et il est difficile à capturer ton attention. Malgré tout, tu es quelqu'un de loyal, patient et fidèle quand c'est de l'ordre de l'amitié. Parce qu'ils sont indispensables pour toi, tu essaies d'être le plus juste possible avec eux, bien que tu n'es pas du genre à user de favoritisme. L'honnêteté, bien qu'elle puisse manquer de délicatesse, est le prix de ton amitié. Parce que, c'est bien vrai, tu es loin d'être doux quand il s'agit de dire ce que tu penses, tu ne prends pas le temps de peser tes mots, tu les dis tels quels, tel que tu les penses sans chercher à savoir si ça pourrait blesser. «Non, c'est juste que je me fiche de faire du mal.» Dur, froid et antipathique, je me trompe ? Tu ne comprends pas les sentiments humains, bien que tu sais reconnaître quand tu t'es attaché à quelqu'un et tu le fais savoir.. Peut-être un peu trop maladroitement, mais personne ne peut t'en vouloir parce que tu es Joon Han. Tu n'as jamais su exprimer ce que renfermait ton cœur, et cela fait bien longtemps qu'il a appris à se taire. Tu ne parles pas beaucoup, d'ailleurs. Tu te contentes souvent de quelques mots, c'est largement suffisant. Pourquoi gaspiller ta salive à dire quelque chose qui n'a aucune importance ? Tu ne t'encombres pas de futilités, ne demande rien et ne cherches pas à savoir quelque chose qui ne t'intéresses pas.
Ton avenir est déjà tout tracé, cela fait déjà un bon moment que tu réfléchis dessus et que tu fais tout pour le réaliser, bien que l'idée d'entrer dans cette école ne t'ai jamais réellement venu à l'esprit. On t'y a poussé, mais au fond tu es reconnaissant. Quand tu as une idée en tête, tu as toujours fait le maximum pour atteindre ton but même si tu dois, pour cela, te jouer des autres. Calculateur, égocentrique et égoïste. Venant de Joon Han, on aurait du s'en douter. Tout fonctionne selon tes idées quand cela te concerne et tu te fiches éperdument des autres. Si tout devait s'arrêtait au bonheur d'autrui, plus personne ne réaliserait ses rêves parce qu'on aurait peur de blesser ceux qui nous sont cher. Toi, tu ne perds pas ton temps à jouer dans cette cour, tu préfères avancer sans te soucier des nombreuses personnes à qui tu as pu faire du tort. Et qui oses empiéter d'un peu trop près sur tout ce qui pourrait te concerner, recevra tes foudres. Il y a bien une chose sur laquelle ton apparence ne trompe pas, c'est ton agressivité. Tu ne peux t'empêcher de sonder l'autre par des piques juste pour en connaître sa réaction, pour pouvoir mieux le comprendre.. Ou simplement par ennui ? Tu provoques bien souvent les autres juste pour savoir jusqu'où vont leurs limites mais aussi parce que ça t'amuses, ta nature sadique révulse les autres et te font passer pour un être cruel.
Malgré tout, cette dureté que ton âme et ton apparence expriment en permanence dissimule cette tendresse et douceur dormant paisiblement dans ton cœur. Tu connais son existence, seulement tu n'as pas envie de montrer tes faiblesses aux autres.

» Le passé ne sert qu'à l'avenir, rien ne sert de s'y attarder.

« Je n'ai pas connu ma véritable famille, si ce n'est par de bref on-dit que j'ai pu entendre de la bouche de ceux qui m'ont recueillis. Je n'ai pas cherché, non plus, à en savoir plus sur leurs identités. Courir après un fantôme, chercher à comprendre le passé, à comprendre bien nombres de questions me passent largement au dessus. J'ai vécu avec ces étrangers, cette famille qui n'était pas du même sang que le mien. Ils étaient gentils, adorable avec moi, mais jamais ils n'ont pu m'entendre les appeler par ces termes qu'un enfant adresse à ceux qui lui ont donné la vie. Pourtant, ils m'ont recueilli et en quelque sorte je leur dois ce que je suis devenu, ce que j'ai vécu. Je leur dois énormément de choses, mais j'avais le sentiment que les considérer comme mes parents c'étaient comme si j'ouvrais les portes de ma famille à un inconnu. Insensé. Je les aimais, c'est certain. En fait, je ne sais pas ce qu'est une famille. Ils ont pourtant essayé de m'en faire découvrir le sens, le sentiment, la sensation, mais je n'ai pas su prendre cette opportunité de tendre la main vers eux et de me laisser guider vers cet endroit qui m'est totalement inconnu. Ils ont fait tellement, mais je me suis toujours renfermé. Ça a toujours été ainsi, que ça soit chez eux comme à l'école. N'importe où. Oh, oui, bien sûr, j'avais des amis. On faisait énormément de conneries ensemble d'ailleurs, entre les drogues et alcools, quelques vols à l'étalage et je me souviens aussi de ma première visite dans une discothèque avec une fausse carte d'identité. C'était quand j'avais 15 ans. Tous mes amis traînaient à droite et à gauche afin de se trouver des filles pour la soirée, moi j'avais préféré perdre mon temps sur la piste de danse. Il suffit d'une expérience pour que tout votre avenir vous tombe dessus et c'est ce qui m'est arrivé. Cette fois où mon corps bougeait et suivait inlassablement le rythme de la musique m'a ouvert les yeux sur ce qui me tenait vraiment à cœur. Depuis cette nuit-là, je regardais souvent des émissions où des artistes et danseurs de break dance apparaissaient afin de mémoriser leur chorégraphie et je passais la plupart de mon temps dans le garage à m'entraîner et essayer de progresser. Le reste de mon temps c'était avec la petite bande que je le passais, en boîte de nuit. C'était devenu un peu comme notre lieu de prédilection. J'ai aussi eu quelques aventures, rien de bien sérieux juste le temps d'un soir, d'évacuer tout le stress et de se sentir planer dans les bras de quelqu'un. Homme, femme. Aucune importance, aucune différence. La sensation et le plaisir ressenti en était le même pour moi.
J'ai eu mon diplôme de fin d'année sans penser une seule seconde que je devais m'orienter vers la scène. J'étais certainement imprégné de cette passion pour la danse et le chant, mais il m'était impensable que je vienne à réaliser mon rêve. De quoi rêverais-je sinon ? Malgré tout, mes amis m'ont poussé à passer les portes de Kirin et à tenter ma chance. C'est ce que j'ai fait, et me voici. »

➽ la dernière chanson que ton personnage a écouté : She Be like (Bom Bom) - Git Fresh.
➽ la chanson qu'il préfère le plus au monde : Number 1 - Big Bang.
➽ est-il doué en danse : Absolument.
➽ son timbre de voix est plutôt comment : Baryton.
➽ a t-il un talent pour le théâtre : Assez, oui.
➽ sait-il jouer d'un instrument : Aucun.
➽ serait-il prêt à faire un solo : Pourquoi pas.
➽ aime t-il être en groupe : Ça dépend de son humeur et surtout des personnes. Mais s'il devait vraiment répondre, il ne dirait pas non.

Avais-je bien fait de venir ici ? Est-ce vraiment ma place ? Ne vais-je pas le regretter ? Non, bien sûr que non. Quelles stupides questions. Que j'échoue ou que je réussisse, le résultat sera le même; j'aurai relevé un défi, quelque chose qui me tenait à cœur. Essayer d'intégrer à Kirin est sûrement l'objectif le plus fou que j'ai pu avoir jusqu'à présent. Elle est l'école la plus prestigieuse mais aussi, et surtout, renommée pour les nombreuses célébrités qui y ont mis les pieds pour étudier. Jamais je n'aurai cru me voir dans l'enceinte de cette école, en train de passer un casting et essayer d'y décrocher la place que je désire.

- « Ton nom ? »
- « Yeo Joon Han. »

La secrétaire baisse la tête, faisant glisser ses lunettes le long de son nez à l'aide de ses doigts et laisse son stylo parcourir la longue liste jusqu'à m'y trouver et m'annoncer d'une voix sobre mon numéro de candidat. 367. Sans tarder je rejoins les autres candidats dans la grande pièce et j'attends mon tour. Quelques étirements ici et là, j'échauffe mes cordes vocales et fais le maximum pour mettre toutes les chances de mon côté, en même temps je lève ma tête et admire la structure de l'établissement. Tout est flou, je n'arrive pas à réaliser ce que ces imbéciles ont réussi à me faire faire.

{ Flashback }
3 Avril. Appartement de Yung Tae;

Une chaleur étouffante, les rideaux tirés, un voile de fumée polluait l'oxygène de la pièce, écrans et consoles allumés avec une ambiance musicale sortant d'un des ordinateurs derrière nous. C'était notre quotidien, nos week-ends quand rien d'autres nous venaient à l'esprit. Nous étions une bande de jeunes ados que beaucoup pensaient de perdus, d'incontrôlable ou instables. Des désespérés. Certainement. Oui, c'était fort possible. Mais on vivait notre vie, d'une manière différente, d'une manière qui ne plaisait à personne sauf à nous. C'était ça le plus beau.

Yung Tae - « Quelqu'un veut une bière ? Mon père a fait les courses il n'y a pas longtemps, on peut lui en faucher quelques unes. »

Je levais machinalement la main en guise de réponse, afin de ne pas perdre le fil du jeu. Mes doigts appuyaient sur toutes les touches de la manette de manière précises puis je fis pause, pris la canette que Yung Tae me tendait, l'ouvris et repris le jeu en buvant quelques gorgées.

Dong Soo - « Raaaah, fais ch*er ! T'es trop fort, Han ! »
Joon Han - « C'est toi qui est nul. »
Yung Tae - « En même temps, quand on regarde tes doigts, on se demande si t'as pas appris les combinaisons par cœur. »

Je me mis à rire à cette boutade, continuant de jouer jusqu'à ce que le résultat s'affiche. Dong Soo jeta violemment la manette loin devant lui et préféra se lever pour s'allonger sur le canapé.

Dong Soo - « Il est trop stupide ce jeu. »
Joon Han - « Avoues plutôt que t'es mauvais perdant. »
Dong Soo - « Jamais ! Ca va à l'encontre de mes principes ! »
Yung Tae - « Hé, Han ! T'es au courant pour Kirin ? »

Je levais les yeux vers lui d'un air interrogatif. Ouais. J'étais au courant et je me doutais aussi que ce qu'il voulait me dire avait un rapport avec le casting et mon talent pour la danse. J'étirais soudainement un sourire ravi par cette perspectif.

Joon Han - « Hors de question. J'irais pas là-bas. »
Dong Soo - « T'abuses ! Tu gâches une occas' en or de te trouver là où est ta place ! Laisse pas passer ça ! »
Joon Han - « Quelle occasion ? Prestigieuse, tu sais ce que ça veut dire ? J'ai pas ma place dans ce genre d'endroit. »
Yung Tae - « Alors tu es prêt à cracher sur le meilleur moyen de tester tes limites pour une excuse aussi stupide ? J'aurai jamais cru que tu étais aussi faible. »

{fin du flashback}

Yung Tae a toujours su trouver les mots pour me convaincre et me pousser à faire quelque chose. C'est bien le seul, d'ailleurs, mais jamais il ne s'est trompé. J'espère qu'aujourd'hui il en sera de même.

- « Numéro 367, c'est ton tour. »

Je lève les yeux vers la personne qui vient de m'appeler et la suis jusqu'à disparaître derrière de grandes portes. Un jury est présent, me regarde entrer et prendre place en face d'eux. L'ambiance y est lourdement pesante mais à des années lumières de me déstabiliser. Je suis sûr de moi, c'est ce qui me procure cette force d'affronter leurs regards et leurs avis critiques et tranchants.

Jury 1 - « Yeo Joon Han, c'est bien cela ? Qu'allez-vous nous interpréter ?
Joon Han - « J'ai décidé de vous chanter Be my love de The Quiett puis je vous ferai une démo de danse. »

Aussitôt, je m'exécute en me mettant en place devant le micro soigneusement mis en place puis, dès que la musique émerge dans la pièce, ma voix n'hésite pas un seul instant à l'accompagner et danser avec elle.

La musique à elle-seule me suffit à faire bouger légèrement mon corps. En restant stoïque en face d'eux, je n'aurais certainement pas eu l'air décontracté, sûr de lui, sûr de ce qu'il fait et j'aurais aussi eu l'air d'un candidat manquant de détermination. Tout ce que je ne suis pas, tout ce que je ne veux pas paraître, tout ce que je ne veux pas qu'il ressente en me voyant. Cette audition est importante pour moi afin que je puisse me prouver que j'ai assez de talent pour mériter ma place ici, au sein de cette école. Tout le monde a droit à une chance, je viens de la saisir.
Les notes s'arrêtent puis enchaînent sur un tout autre rythme, un peu plus entraînant. J'abandonne alors le chant et passe à ce que j'affectionne le plus et ce pour quoi je suis réellement venu; montrer ce que je vaux en danse. Je ne sais pas encore si ce que j'ai prévu va plaire, mais les goûts et les couleurs n'ont pas leurs places ici, seulement la beauté d'une œuvre et le talent d'une personne influencent leur vote.

Tout ce que je peux donner jusqu'au plus encré des sentiments, je le met en œuvre ici et je l'exploite. Je suis le créateur de ses pas, il ne m'est pas difficile de les comprendre et de savoir ce que je veux faire ressentir au jury. Je termine ma chorégraphie en les remerciant de m'avoir accorder une audition et j’attends sagement leur décision finale en ne disant pas un seul mot. Je leur ai montré ce que je sais faire et de quoi je suis capable, il dispose. Verdict ?

Jury 2 - « Votre voix est remarquable, la chanson est plutôt bien choisie pour votre capacité vocale. Pour ce qui est de la chorégraphie, elle est loin d'être à notre goût, je dois bien l'admettre. »

Il s'arrête, sourit et regarde son voisin pour hocher ensemble la tête et reprendre la parole.

Jury 1 - « .. Cependant, on serait sans doute aveugle si on ne pouvait constater le potentiel que vous dégagez. Félicitation, Monsieur Yeo Joon Han. Vous êtes, à présent, officiellement élève de Kirin. »

Joon Han - « Merci beaucoup. »

Je me penche et sors de la salle. Ce n'est qu'une fois que j'ai passé les grandes portes que je me rend véritablement compte que beaucoup de choses vont changer, à présent. J'ai réussi.