Un sourire. Un rire. Un regard. C'est comme-ci ils étaient encore si visible dans son esprit. Son sourire à elle. Son regard froid et distant. Pourquoi autant de distance entre eux ? Pourquoi autant de distance entre cette fille à la chevelure longue et soyeuse, d'un brun mielleux qui faisait jaillir des émotions extrêmement intéressantes dans son coeur à lui... Son coeur bat. Son coeur vit. Le jeune homme semble ne pas vouloir la perdre des yeux. Et puis les yeux de la jeune femme rougissent, un peu trop, beaucoup trop. Ils rougissent de larmes et de peur, d'anxiété et d'effroi. Ils rougissent comme-ci le sang lui montait au yeux. Effrayé, il recule. Ce n'est pas elle qui rougit, mais lui. Ses mains tremblent. Il perd l'équilibre. Un bruit de klaxon. Des fards l'éblouissent. Le choc. Plus rien. Le noir total. Il se réveille en sueur une nouvelle fois, allongé dans ce lit d’hôpital - du moins ce qu'il croit. En fait cela fait trois heures qu'il est rentré à bon port de l’hôpital à l'appartement que Hyun Ki et lui occupaient jusqu'à ce qu'ils soient... occupés. Un soupir d'effroi traverse les lèvres rougeâtres par le flot de sang et l'adrénaline de cet énième cauchemar. Non il n'est pas à l'hopital aujourd'hui. C'est terminé ce temps-là - de vivre parmi les malades, de vivre avec une cicatrice ancré dans son esprit, à vie. Il est chez lui, maintenant. Il déglutit difficilement et s'assoit sur le rebord de son lit en inspirant profondément des bouffées d'oxygènes qui pourraient éventuellement calmer les battements incessants de son coeur. Il rebondit dans sa poitrine comme un tambourin assourdissant. Ses tempes claquent presque et lui filent la migraine. Il inspire. Il expire. Rien à faire. Il a juste, besoin de se déshydraté un peu et de manger, oui, manger et boire c'était les simples choses qui réussiraient à calmer légèrement son malaise. Ce cauchemar se répète de jour en jour. Il le hante chaque heure, chaque minute qui passent comme-ci il était obligé de s'en vouloir, d'avoir vécu une telle aventure désastreuse. Avait-il seulement demandé à effondrer sa voiture contre celle d'un autre conducteur ? Avait-il seulement demandé à être percuter de plein fouet par un camion gigantesque ? Pourquoi était-il vivant au juste ? Pour mourir dans un cauchemar lui torturant l'esprit ? Il se lève doucement de son lit et titube lentement. C'est d'une difficulté maintenant – de se rendre là où il veut sans aucun effort. Hyun Woo vit un enfer depuis son retour parmi les comateux. Il vit un enfer constamment. Il se demande comment il peut être vivant puisque au départ cet accident a semblé être vraiment grave et le nombre blessés fut, parait-il, irrévocablement affolant. Ce qui affolait un peu plus Hyun Woo, c'était savoir qu'il était survivant d'une embuscade de voitures, camions et autre véhicules crashant les unes sur les autres, les unes après les autres. Chaque nuit qu'il passait, il ne dormait pas plus de cinq petites heures, envahi par une soudaine pulsion d'adrénaline provoqué par le cauchemar ressassant l'accident qui aurai pu lui être fatal – mortel.

« T'es un crétin, Hyun Woo, c'est pas comme-ci tu ne le savais pas. »

Il affiche un léger sourire sur son visage, mais les fils des points de suture sur le coin de sa joue lui tirent la peau presque à sang. Il fait une moue légère. En quittant l'hôpital, il n'aurait pas pensé devoir y retourner pour enlever les quelques points de suture qui parsèment son visage et ses bras. Il a eu de la chance – sans aucun doute – de n'être à peine blesser suite à l'énorme clash que provoquait les voitures contre la sienne. Il aurait du crever. C'était clair. Mais il était là – bel et bien vivant. Debout au milieu de sa chambre, il se traine presque jusqu'à la porte et l'ouvre lentement. Il n'a pas même pas regarder l'heure qu'affiche son réveil, de toute façon, il s'en fiche irrémédiablement de l'heure – il a soif et faim. Se dirigeant vers la cuisine, il remarque le soleil qui plonge à travers les vitres pour exposer le plan de travail à une parfaite luminosité. Un léger sourire en coin, il retrouve ses marques rapidement. Pour lui, c'est comme-ci c'était hier qu'il était parti – alors que cela faisait des semaines. Hyun Ki avait rempli le frigo ? Il allait bien le savoir en ouvrant celui-ci. A sa grande surprise, une bouteille de lait était à peine entamé et il comprenait que son frère était déjà levé. S'en était déroutant, mais Hyun Woo avait beau être un simple frère jumeau pour Hyun Ki, ce n'était que trop rare quand il ne savait pas que son frère était dans les parages disons. Oui Hyun Ki était encore dans l'appartement – son intuition lui permettait de l'affirmer. Mais peu importait, il attrapait déjà la bouteille de lait et sortait un verre du placard au dessus de ses yeux. Il avait besoin de boire et n'importe quoi ferait l'affaire après ce terrible et énième cauchemar qu'il maudissait de revoir chaque nuit durant.

« Bon... il est... »

Son regard se tourne vers l'horloge au mur face à lui. Sept heures quatorze. C'est bien sa veine... Il se lève vraiment trop tôt alors qu'il peut profiter d'une grasse matinée – m'enfin ce n'est pas comme-ci il avait demandé à être réveiller par un cauchemar. Un soupir sort d'entre ses lèvres et il dépose le verre vide sur le rebord du plan de travail, pendant que sa main glisse dans ses cheveux. Il émet un léger bâillement. Dieu qu'il a envie de dormir mais c'est trop tard pour y penser maintenant, la journée semble commencer pour lui – à présent.

Je jetais un coup d'œil à mon réveil, qui affichait six heures du matin. Je me levais tant bien que mal, engourdi, endormi, ensommeillé. Pas du tout apte à rester éveillé encore une journée, après être rentré en catastrophe à kirin. Je marchais maladroitement vers la salle de bain, et frottais mes yeux doucement, et finissais par les asperger d'eau, tentant vainement d'effacer le violet qui teintait sous mes paupières inférieures. J'étais fatigué – c'était indéniable. Mais je n'arrivais pas à récupérer. L'état de mon frère m'inquiétait davantage que mon manque de sommeil, et c'était d'ailleurs pour lui que je me levais si tôt depuis quelques mois. Je savais que ses réveils étaient eux-mêmes très matinaux. Et ces cauchemars l'assaillaient sans cesse. Il croyait sûrement que je l'ignorait, mais ses levés précipités me réveillaient le soir, et remplissaient mon esprit d'interrogations. Je doutais de pouvoir faire quoi que ce soit pour lui, et je me refusais – bien que j'y eu pensé – à mettre des médicaments dans son verre, le soir. Plutôt mourir que d'agir à son insu.
J'enfilais une tenue convenable ainsi qu'un manteau – il faisait frais, à cette heure du matin – et sortait de notre appartement, prenant la voiture. Un court aller retour plus tard, je revenais dans la cuisine de notre 'maison' et déposait dans le placard des viennoiseries fraîches qui l'attendraient sagement à son réveil, et préparait du café, en minimisant le bruit de mes actions. Pour ma part, j'avalais quelques gorgées de lait au goulot qui me revigorèrent quelque peu, puis partit m'occuper dans la salle de bain, prenant une douche rapide afin de rattraper ma toilette rapide.

Des bruits légers m'indiquèrent qu'il était levé à son insu, une fois de plus. Je le laissais s'installer dans la cuisine, sachant qu'il n'apprécierait pas d'être vu dans un état d'effroi proche de l'hysterie – mon frère était fier, parfois arrogant. Ou plutot, il avait été arrogant. Sa vanité avait considérablement baissé depuis l'accident. A vrai dire, il n'était plus tout à fait le même. Mais il était toujours mon jumeau. Il le serait jusqu'à la mort. C'était une chose indestructible. C'était inscrit dans nos gènes et notre sang. L'amour que je lui portais était gravé dans mon coeur.
Quelques minutes plus tard, je me rendais à mon tour dans la cuisine, masquant ma fatigue par un sourire affable, et lui adressant une pression sur l'épaule et un agréable: « Bonjour. » Puis j'ouvrais le placard, et sortais avec un nouveau sourire le paquet de viennoiseries qui lui était destiné, et le posais devant lui, sur la table. « Je suis allé chercher ça. Il y a un peu de tout, j'espère que tu trouveras ton bonheur. » A vrai dire, Hyun Woo ne s'étonnerait surement pas de cette attention. Elles étaient devenues courantes depuis son accident. Lui ramenant sans cesse des gâteaux, des menues choses dont il pouvait avoir besoin, prenant soin de lui grâce à des attentions discrètes.

Mais il était là, encore debout, et mon cœur se serra, et instinctivement, par un de ces gestes enfantins et spontané qui me caractérisaient, je me rapprochais de lui et le serrais dans mes bras avec chaleur. Hyun Woo m'aurait d'ordinaire rabroué avec véhémence, mais il était plus fragile. Plus accessible en quelque sorte. Son petit cœur s'était flétri et n'était plus aussi bien protégé. Et le voir ainsi fendait le mien. J'avais besoin de mon frère sur de lui, arrogant, peu soucieux de l'avis des autres et égoïste. J'avais besoin de le voir rigoler pour être moi même heureux. Ses peurs devenaient les miennes, ses peines déteignaient sur moi comme la peinture à travers un papier trop peu épais. Et pourtant, je ne l'aimais pas moins. Notre amour s'était renforcé au cours de ces mois de fragilité. Notre complicité aussi.
Je desserrais mon étreinte, et lui souriais, silencieux, et profondément relié à lui, comme je ne l'avais jamais été. Je ressentais avec plus de sensibilité ses états d'âme. Je l'invitais à s'asseoir à la manière d'un papa poule, et sortais une à une les viennoiseries du sac, les lui presentant comme sur une vitrine. « Mange. En plus ça a l'air délicieux. » Je me laissais d'ailleurs tenter par l'une d'elle, contentant ainsi mon estomac vide. Je mâchais lentement, profitant au maximum du goût, sans lâcher du regard Hyun Woo. Un regard attentif.
« Ça te dirait qu'on sorte, aujourd'hui ? Je pense que ça te ferait du bien. »

« Bonjour. » L'apparition de son frère dans la cuisine ne l'étonnait en rien. Il savait que Hyun Ki était debout depuis surement une heure déjà, c'était ainsi depuis quelques temps – même quand il logeait encore dans sa chambre d'hôpital, le jeune homme osait venir super tôt avant le lever du garçon, des croissants en main et un verre de jus de fruits déjà posé sur le rebord de la table roulante de l'hôpital. Un léger sourire sur les lèvres de Hyun Woo. La confiance et la persévérance dont il faisait autrefois preuve, avaient perdus de leur ampleur suite à l'accident effroyable qu'il avait vécu – traumatisé ? On pourrait presque dire qu'il s'agissait d'une forte de traumatisme intérieur qui bloquait la personnalité de Hyun Woo – en outre, il n'agissait pas comme autrefois, rien n'était comme avant, depuis ce foutu accident qu'il aurait préféré surement éviter. Une inspiration profonde et il regarde son frère ouvrir lentement le placard d'où il ressort les quelques viennoiseries qu'il se doutait bien voir ce jour-ci aussi. « Je suis allé chercher ça. Il y a un peu de tout, j'espère que tu trouveras ton bonheur. » C'était peu dire si Hyun Woo s'était habitué à cette facette de Hyun Ki – du moins, ce n'est pas comme-ci du jour au lendemain, il s'était avéré être gentil et doux, attentionné et inquiet pour Hyun Woo, mais il s'agissait surtout d'une considérable complicité plus profonde à présent. Hyun Ki et Hyun Woo, depuis l'accident de celui-ci, partageaient presque des journées – parfois silencieuses, d'autres pas. Depuis l'accident, ils étaient devenus beaucoup plus proches qu'au départ. Et pourtant, il s'agit bien d'une relation de frères plutôt normale qui les reliait au départ – jumeaux de surcroit, on ne les a presque jamais vu se prendre la tête en public, presque jamais oui, cela a sans doute pu arriver lors de leurs années lycées alors que le jeune Hyun Woo jouait de ses charmes sur n'importe quelle divinité qui pourrait attirer son regard. Hyun Woo coureur de jupons ? Plus maintenant en tout cas, plus autant. Il fixait son frère doucement. Ce jour-là Hyun Woo semblait ne pas avoir sa langue dans sa poche, c'était visible sur son visage et dans sa gestuelle que Hyun Ki devait examiné quotidiennement pour voir si il y avait constamment un changement positif dans son comportement – sans succès. Et puis Hyun Ki le prenait dans ses bras. Étrange sensation que d'être bercer par les bras de son frère jumeau qui semble vraiment s'inquiéter par l'état de son jumeau. Hyun Woo serait définitivement resté de marbre si on n'avait pas aperçu sa main droite se poser doucement sur l'épaule de son frère et un léger sourire se dessiner sur son visage. Hyun Woo et Hyun Ki était de plus en plus liés par les doigts de la main qu'auparavant – ça s'en était une certitude.

« Ehm... Merci... » Il pouvait dire quoi d'autre à part des remerciements face à tout ce qu'il entreprenait pour arranger le confort de son frère ? Il pouvait faire quoi d'autre que s'assoir à la table sur laquelle Hyun Ki avait posé les croissants ? La chaise grince sur le sol et la silhouette de Hyun Woo semble vivre comme un robot vivrait – c'est à dire d'une gestuelle continuellement robotisé par … tout ce qu'il faisait. S'en devenait peut-être maladif pour Hyun Ki, mais il ne savait que trop peu le mal de Hyun Woo suite à tout ces évènements qui s'étaient superposés les uns après les autres. Le cauchemar qui se révélait être le pire calvaire de toutes ses nuits, le hantait encore au moment où il avait posé ses fesses sur la chaise en bois en fixant le paquet de viennoiseries qu'il n'osait pas réellement toucher. « Mange. En plus ça a l'air délicieux. » Il fixa un instant son frère et rabaissait son regard vers le paquet de viennoiseries que son frère ouvrait lentement pour en sortir son propre encas du matin. Il se doutait bien que depuis qu'il était debout, Hyun Ki n'avait pas déjeuner. Surtout si il était sorti faire des emplettes pour le bon plaisir de Hyun Woo. Bien entendu, celui-ci ne demandait rien – et malgré qu'il soit gratifiant de toutes les mesures et précautions que son frère prenait à son égard, il se sentait presque comme un boulet qu'on traine, par moment. Il s'exécutait à la suite de son frère en attrapant un croissant dont il mâchouillait déjà un morceau, sous le regard attentif de son frère – toujours sous ce regard là. « Ça te dirait qu'on sorte, aujourd'hui ? Je pense que ça te ferait du bien. » Relevant son regard vers son frère, il acquiesçait difficilement – s'en était désespérant, mais Hyun Woo n'espérait que trop échapper aux « sorties » depuis qu'il était rentré et qu'il vivait ; depuis son accident surtout. Il redoutait qu'on le regarde qu'il était un idole des Shootings Stars et que tout le monde parlait sans doute de son accident. Mais que pouvait-il faire à part approuver ce que son frère disait ? Il n'allait pas refuser – il n'avait plus l'étoffe de ce garçon qui refusait catégoriquement quoi que ce soit, confiant et arrogant – il n'avait plus du tout cette étoffe-ci. « Du bien, nee? Bfeeuh... Si tu veux... » Il avalait une bouchée de croissant et se renfrognait presque à l'idée de sortir. « Tu sais déjà ce que j'en pense... alors de toute façon, je suis contraint à te suivre où tu vas et où tu souhaites me trainer... Teh. » Un léger sourire sur son visage. Il est obligé d'avouer que de toute façon Hyun Ki a raison – cela ne lui ferait que trop de bien, espérons du moins. Mais il préférait déjà changer de sujet – chose qu'il aimait faire très souvent autrefois ; avant l'accident – comportement qu'il n'avait pas perdu de temps à reprendre malgré le changement considérable qui s'apportait en lui. « Ehm... T'as revu... T'as revu Mi Sun ? »

« Eh bien... disons qu'aussitôt le tournage finit, j'ai sauté dans la voiture. Et.. enfin voilà. Elle m'en voulait pas trop. » Hyun Woo sourit. Un vrai sourire depuis des jours – pas un de ses faux sourires qu'il s'avisait de faire pour le bien de son interlocuteur inquiet de son état – pas un de ses faux sourires qu'il admettait faire beaucoup de fois à son frère. Il mentait sur la situation sans aucun doute – en souriant presque trop gaiment pour que ce soit normal. Mais là, au contraire, son sourire était un des plus vrais au monde. Hyun Woo semblait réellement heureux pour son frère. Mi Sun. Il en avait entendu parlé un bon nombre de fois pour savoir qu'elle était importante aux yeux de son frère – aussi importante que lui même d'ailleurs. Regardant son frère exécuté plusieurs actions à la suite, il resta muet – observant chaque fait et geste que son frère faisait. Il aurait aimé être aussi dynamique que lui malgré la fatigue qui devait emparé son frère – il savait qu'il n'en pouvait plus et qu'il croulait sous la fatigue – il savait et il s'en désolait tellement. « Oh ? Tant mieux... Vaudrait mieux qu'elle ne t'en veuille pas. T'as décidé de la demander en mariage que je puisse l'appeler belle soeur ? » Couramment, Hyun Woo blaguait sur les autres – à longueur de journées presque – couramment mais plus maintenant, jusqu'à aujourd'hui. C'était rare depuis l'accident du jeune homme qu'il blague sur quoi que ce soit – en fait, il était presque certain lui même qu'il n'avait pas été arrogant, froid, amusé, ricaneur, narcissique et blagueur depuis l'accident. Ce jour-là, c'était comme un coup de chance qui reformait petit à petit l'espoir du petit garçon innocent et frêle qui se présentait face à son frère comme une petite chose qu'il fallait surveillé tout les jours comme-ci il était un gamin susceptible de plonger dans une profonde dépression ou de faire des bêtises plus grosses que lui. Un sourire léger se dessine sur son visage et il grimace lentement en se rendant compte de sa stupide vanne à deux balles. Au moins... il redevient petit à petit lui même – sans doute – éventuellement – apparemment. « Erm... Pardon... » Comme un gamin, il s'excusait de son idiotie – celui arrivait de temps en temps, depuis l'accident, quand il redevenait lentement lui même et que le peu d'estime qu'il avait de lui le rappelait à l'ordre indéniablement. Le croissant qu'il a entamé est posé sur le rebord de la table – il n'a pas vraiment d'appétit ce matin.

« Puisqu'une sortie à l'extérieure est compromise, on pourrait passer la journée à glander devant la télé comme des légumes. Et je parlerais sans cesse, histoire de faire comme si tu m'écoutais.  » Hyun Ki tire la langue à son frère. Il sourit doucement et baisse son regard sur ses mains tandis que le téléphone sonne. Certes, Hyun Woo ne sait pas de quoi il peut bien s'agir, mais son intuition lui dit que la gêne de son frère à son retour près de lui n'était déterminé que par cet appel qui réclamait surement des informations sur son état actuel à lui. Hyun Woo s'en voulait d'être presque un poids en cette journée plutôt joliment éclairé à travers les fenêtres étroites de l'appartement qu'ils occupaient. Hyun Woo aurait aimé l'avouer, mais le soleil lui manquait éperdument – la sensation de fraicheur – la sensation du vent dans ses cheveux – tout ça lui manquait, autant que son manque de confiance en lui, évidemment. « Si... si tu veux, je peux faire un effort... Je... On peut sortir dehors, si tu le souhaites. Je ne promets pas que... Je veux dire tu sais aussi bien que moi que les regards sont indésirables et que je... je n'ai plus confiance en.... » Il ne terminait pas sa phrase. Son frère comprendrait forcément. Mais il tentait malgré lui de faire un effort – il tentait de se montrer à lui même qu'il était capable de surmonter le pire. Le pire, nee? Quel était le pire entre l'accident qu'il eu provoqué quelques temps auparavant et l'accident qu'il aurait pu provoqué en compagnie de la jeune demoiselle dont le nom lui était inconnu et dont le visage le hantait ? Il n'en avait pas parlé à son frère – de cette fille. Il pensait qu'il allait le prendre pour un dingue, évidemment qu'il allait le faire, c'était si irréaliste que Song Hyun Woo rencontre une femme qui puisse déstabiliser son esprit avant comme après son accident. Déstabiliser son esprit n'était même pas le groupe de mot adéquat. Un léger sourire passait sur le visage pâle de Hyun Woo, pâle de sa nuit passé, pâle contre tout les efforts qu'il faisait. « Vaudrait mieux sortir... Il fait beau et... la télé... je suis certain que les programmes ne sont pas intéressants... nee?. » Il s’efforçait à sourire et détournait la tête vers la fenêtre de la cuisine tout en se levant pour s'y rapprocher et regarder les passants marchant - semblables à des gens normaux. Pendant un instant, Hyun Woo aurait aimé ne pas être connu du monde - pendant un instant, il aurait aimé tout effacer et tout recommencer.

Je fus surpris de voir un sourire ravi se dessiner sur ses lèvres si souvent moroses. Cela me fit sourire à mon tour. Les rares moment de gaieté de mon frère étaient contagieux. Et ces moment étant de plus en plus rare, j'essayais à chaque fois d'en gouter la saveur avec plus d'intensité. J'avais conscience d'être rattaché à lui de manière irrévocable ces temps-ci, ses états d'humeur devenant les miens. Des fois, la nuit, il m'arrivait de me réveiller d'un cauchemars en ayant la sensation d'être lui. D'être en fusion avec son être. Et des fois, lorsque j'étais seul, cela m'effrayait. Mais lorsque j'étais avec lui, mes intérêts passaient après son bien-être. « Oh ? Tant mieux... Vaudrait mieux qu'elle ne t'en veuille pas. T'as décidé de la demander en mariage que je puisse l'appeler belle sœur ? » Je rigolais franchement, rejetant ma tête en arrière, pris d'un accès d'hilarité. « Peut-être que la question se posera un jour, mais pour l'instant je préfère la garder loin de la famille Song. » Je songeais à l'effet étrange que produirait le fait que Hyun Woo appelle Misun 'belle sœur' et je rejetais cette idée avec rapidité. Non, c'était définitivement trop étrange. Et l'idée d'être marié à Misun... me semblait toute aussi étrange, bien que non dénuée d'un aspect agréable.« Erm... Pardon... Je rigolais encore plus, amusé par la mine défaite de Hyun Woo qui devait penser avoir commis une faute. Je me penchais au dessus de la table et lui ébouriffais les cheveux avec bonne humeur, décidé à le dérider et à la sortir de sa léthargie maladive.

C'étaient les pensées qui m'habitais jusqu'à ce que la sonnerie du téléphone résonne et me force à me lever et à répondre à une voix masculine que je m'empressais d'éconduire sans même prendre la peine d'être poli. Je revins dans la cuisine et écoutai avec surprise la décision de mon frère. « Si... si tu veux, je peux faire un effort... Je... On peut sortir dehors, si tu le souhaites. Je ne promets pas que... Je veux dire tu sais aussi bien que moi que les regards sont indésirables et que je... je n'ai plus confiance en.... » Une pale copie de sourire ourla les lèvres charnue de Hyun Woo, qui poursuivit en ces mots: « Vaudrait mieux sortir... Il fait beau et... la télé... je suis certain que les programmes ne sont pas intéressants... nee?. » Je l'observais, silencieux. Ne sachant que dire. J'étais touché par ses efforts, et je m'asseyais à côté de lui, un air attendri sur le visage. Lui adressant un sourire ravi, je répondais: « Et bien disons que si certaines personnes viennent nous déranger... je pourrais endosser nos deux costumes. Il faut bien que mes talents d'acteur servent à quelque chose, tu ne crois pas ? » J'exerçais une pression sur son épaule. « Et puis, si jamais tu en as marre, on prend un taxi et on rentre, d'accord ? On a aucune obligation. Et soyons optimistes: il ne se passera peut-être rien. Je lui faisais un clin d'œil, tentant d'effacer ses peurs et appréhensions. Je doutais moi même que nous puissions ne croiser personne, mais il me semblait évident qu'il avait besoin de quelqu'un qui ne l'appuyait pas dans ses peurs.

Je piquais une nouvelle friandise, dans laquelle je mordais goulument. J'ouvrais la bouche pour parler, et cette dernière étant encore pleine, je mâchais mes mots: « On choisiras des rues tranquilles, histoire d'éviter un maximum de monde. Tu te souviens de ce marchand de glace ou nous allions petit, dans cette petite rue éclairée ? Il faisait des glaces au chocolat exquises ! On pourrait aller y faire un tour, qu'en dis-tu ? Et puis, tu adorais ses glaces au citron. » J'avalais ma bouchée, et je songeais secrètement que nous pourrions aller a l'académie et faire un tour, mais je me rappelais qu'il ne voulait croiser personne et la probabilité que nous soyons reconnus là-bas était de cent pour cent. Pourtant, j'étais persuadé que se remettre à la musique, à la danse, lui ferait le plus grand bien et pourrait le sortir de la routine qui était devenue la sienne au fil des mois. Son activité favorite – le chant – pourrait surement déclencher en lui un déclic, puisque même moi j'étais impuissant.

Soudain, hoquetais. Mes poumons me firent souffrir, et je me levais avec précipitation, courant à demi jusqu'à la salle de bain. Dans un placard, je fouillais avec empressement, et trouvais une seringue que j'enfonçais avec fébrilité dans la peau de mon bras à l'aide de doigts tremblants. Ma crise passée, je m'appuyais au lavabo et reprenais difficilement mon souffle. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu de crises – cela ne m'avait pas manqué.

« Peut-être que la question se posera un jour, mais pour l'instant je préfère la garder loin de la famille Song. » La garder loin de la famille Song ? Rien de plus compréhensible. Hyun Woo qui connaissait assez bien Mi Sun pour partager des centres d'intérêt et un point commun qui était : leur groupe respectif, avait apprit bien des choses sur les sentiments en son égard pour son frère. Ce qui paraissait drôle, c'était le changement encouru dans le comportement du jeune homme – autrefois entreprenant et charmeur, il aurait du rire au nez de la jeune femme qui faisait battre le coeur de son frère, mais Hyun Woo et son bon fond n'avait fait qu'accroitre les chances d'un amour en partageant plus qu'une simple amitié en compagnie de la jeune femme qu'est Kang Mi Sun. Un léger sourire se dessinait sur le visage du jeune homme, malgré le peu de confiance qu'il accordait à ses paroles plutôt insensés – autrefois il aurait rit avec son frère, un énorme sourire sur ses lèvres – à présent, la donne était changé. « Comme-ci Appah et Omma seraient pas heureux d'avoir une belle fille... Enfin j'dis ça...  » J'dis ça j'dis rien. Hyun Woo esquissa un sourire et tourna son regard vers le paquet de viennoiseries encore nonchalamment posé sur la table. Il inspirait une profonde respiration. Il respirait malgré lui – il se demandait encore trop de fois comment il eut pu survivre à ce genre d'accident motel comme celui-ci auquel il eut affaire – il se demandait comment lui, le puérile et narcissique Hyun Woo d'autrefois, avait pu survivre. Un soupir aurait du s'échapper de la bouche du jeune homme, mais le téléphone sonnant une nouvelle fois, sortait ide sa léthargie maladive le jeune homme. Un soupir aurait du s'échapper une nouvelle fois de sa bouche, tellement l'incompréhension et la mollesse de ses plus sombres pensées le trahissaient vainement au fond de lui. Un soupir et encore un soupir – il n'avait su faire que ça depuis qu'il était sorti de l'hopital et avait rejoint le « cocon » que son frère et lui partageaient avant qu'ils ne se retrouvent croulant sans une gloire un peu trop enchevêtré par des obstacles plus gros encore qu'il n'aurait pu l'imaginer. Ca le dépassait. Ca l'avait dépassé depuis le jour où il avait rejoint les Shooting Stars – il se trahissait lui même avec sa fierté et voilà le prix qui en était donné aujourd'hui. Pour lui, retourner au bercail et était une façon de retourner en arrière et d'arranger certaines choses. Pour lui, c'était comme un « renouveau » indéniable. Sauf qu'il était bien difficile d'avancer dans les circonstances. Si il s'avérait que les rumeurs qui détournaient souvent les choses sur la réalité, tournaient aujourd'hui autour de lui, il n'était pas prêt de redevenir plus confiant, plus adroit, plus... lui ? C'était une tâche difficile à mettre en oeuvre et Hyun Ki semblait se démener le plus possible pour arranger les choses – il se démenait d'ailleurs beaucoup trop aux yeux de son frère.

« Et bien disons que si certaines personnes viennent nous déranger... je pourrais endosser nos deux costumes. Il faut bien que mes talents d'acteur servent à quelque chose, tu ne crois pas ?  » Un léger sourire mince se dessinant sur le visage de Hyun Woo, il fallait bien admettre que les talents d'acteurs de son frère dépassaient irrévocablement les idées qu'on puisse s'en faire. Hyun Woo le sait bien. Il connait son frère par coeur et jusque là, l'un comme l'autre, ils avaient été assez doués pour se hisser en haut de la scène pour montrer leurs talents respectifs. Hyun Ki était doué pour devenir acteur, bien qu'il sache aussi bien jouer de ses talents, Hyun Woo a toujours penché vers le chant et tout ce qui se rapprochait de la musique. Les deux frères, talentueux et liés comme les doigts de la main, seraient-ils aussi capable d'inter-changer leurs vies ? Ce qui est drôle c'est que Hyun Ki et Hyun Woo ont parfois échangés leurs identités – Les jumeaux Song ont plus d'un tour dans leur sac semblerait-il, mais ce n'est pas comme-ci Hyun Woo était capable aujourd'hui de jouer à la Hyun Ki attitude comme il avait tant apprécié le faire jusque là. « Et puis, si jamais tu en as marre, on prend un taxi et on rentre, d'accord ? On a aucune obligation. Et soyons optimistes: il ne se passera peut-être rien.  » Il écoutait son frère. Silencieux. Il l'écoutait et n'osait dire un mot face aux explications de son frère – qui semblait assez déterminé à sortir son frère de là. « On choisiras des rues tranquilles, histoire d'éviter un maximum de monde. Tu te souviens de ce marchand de glace ou nous allions petit, dans cette petite rue éclairée ? Il faisait des glaces au chocolat exquises ! On pourrait aller y faire un tour, qu'en dis-tu ? Et puis, tu adorais ses glaces au citron.  »

Quand son frère se précipita d'un pas pressé et mal assuré jusqu'à la salle de bain, il sut qu'un problème survenait. Il savait parce qu'il n'était que trop rare que son frère aille mal, depuis quelques temps il se demandait même si ce n'était pas étrange que sa santé ne lui joue pas des tours. La fatigue. L'énervement. Tout ce qui faisait qu'il bougeait trop, travaillait trop, il savait que c'était néfaste pour lui. Hyun Woo s'en voulait d'être une loque qu'il fallait gérer un peu trop souvent. Un soupir et se mordait la lèvre inférieur en rejoignant son frère dans la salle de bain. Le voir appuyé contre le lavabo le faisait se sentir encore plus mal. « On va évité la sortie pour aujourd'hui... non ? » Il posait sa main sur l'épaule de son frère, un léger sourire attristé sur son visage. Il n'aimait pas ce genre de situation. Avant il aurait su quoi faire, aujourd'hui il n'était que plus ignorant de chaque situation qui le suivait de près ou de loin. « Je veux dire... Tu... Tu vas bien, nee? Il faudrait que tu te reposes... Tu t'occupes trop de tout.. Laisse moi un peu... Je vais bien et puis... » Exerçant une pression sur l'épaule de son frère, il s'en voulait considérablement de lui prendre tout son temps – si évidemment tout n'avait pas été dans ce sens, Hyun Ki aurait pu ne pas avoir une de ses crises habituelles dont il s'était habitué pendant leurs années au lycée principalement. Un sourire timide traversa les lèvres de Hyun Woo et il glissait contre le mur à la gauche de son frère pour s'y coller et se laisser glisser jusqu'au sol avant de s'asseoir en tailleur. « Même si j'ai... quelque peu changé... Je déteste toujours autant que tu... »

Il aurait du se douter qu'il y aurait un problème avec son frère – il aurait du savoir – il était son jumeau après tout,celui avec qui il avait tout partager jusque là. Il s'en voulait véritablement d'être un stupide idiot qui ne pensait qu'à sa propre personne, ou qui pour le cas actuel, ne savait pas s'occuper de lui correctement sans avoir à supporter de l'aide de la part de son frère. Hyun Woo comprenait parfaitement – et ça le tuait. Quand son frère haussa finalement le ton, lui assis contre son mur sur le carrelage froid de la salle de bain, il déglutissait difficilement. « Ne me raconte pas de salades, veux-tu ? Au risque de blesser ton orgueil, tu ne vas pas bien, et il est inutile de me mentir. Je sais pour tes cauchemars Hyunwoo. Je sais pour la majeure partie des choses qui te concerne, ces derniers mois, et je sais parfaitement que ce n'est pas en restant immobile, ainsi, sur le sol qu'on changera quoi que ce soit. Et, – il toussait et Hyun Woo savait que cette « vulgaire crise pulmonaire » n'était pas du au hasard – ce n'est pas une vulgaire crise pulmonaire qui va m'empêcher de t'aider. Parce que si je ne t'aide pas, je ne suis pas digne d'être ton frère, tu m'entends ?! » Il savait que son frère était digne d'être celui qu'il était auprès de lui. Au contraire, ça le tuait juste de savoir qu'il était mal en point à cause de lui – forcément à cause de lui. Peut-être que Hyun Woo s'en préoccupait beaucoup trop à ce moment-là, mais il ne se souciait que trop de la santé de son frère au moment même où il eut franchi le seuil de la salle de bain. « Alors ne prends pas pour excuse ma maladie pour rester ainsi confiné ici. » Il lui semblait presque que la réaction de son frère était normale. Les paroles de son frère le faisait tressaillir. La colère qui s'y émanait le faisait frissonner. Il savait. Il savait que par inadvertance il blessait son frère en restant ainsi tel une loque confiné dans un cocon de dépression. Il le savait et il ne pouvait rien faire contre cela. Il ne pouvait pas aller à l'encontre de la colère de son frère face à sa léthargie maladive. Il en avait marre – c'était totalement compréhensible. Il n'en pouvait plus – comme Hyun Woo n'en pouvait plus lui aussi. Il sortit de la salle de bain, tandis que Hyun Woo le fixait ne remarquant que trop bien le trouble qui s'installait sur le visage de son frère. Il sortait et le fuyait sans équivoque, mais Hyun Woo ne bougeait pas pour autant. Il avait envie de s'excuser d'être ce qu'il était aujourd'hui – il avait envie de parler, de tout lui dire, mais tout ce qu'il tentait d'effacer de son esprit ressurgissait dans ses cauchemars multipliant son malaise intérieur – malaise qu'il aurait du dissiper en parlant avec son frère, mais il n'arrivait pas.

« Je... excuse moi.... Excuse moi d'être ce que je suis. Excuse moi d'être un stupide idiot qui se prend pour une loque, non pardon, qui est carrément une loque en dépression considérable. Désolé d'être moi, Hyunki; mais tu sais très bien à quel point tout ça... ça m'a terriblement affecté. Tu le sais ! Je ne t'ai jamais demandé de t'occuper de moi, je peux très bien me débrouiller seule.... Confiance en moi ou pas. » Le ton froid de Hyun Woo ressortait de l'ordinaire si on connaissait l'orgueil et l'arrogance dont il savait preuve autrefois. Il savait qu'il blessait son frère, à chaque phrase qu'il se déterminait à prononcer. S'étant approché de la porte, il entre-apercevait la silhouette de son frère effondré dans le couloir. Il savait que c'était exténuant de s'occuper de lui, il ne demandait rien d'autre, rien, même pas qu'on bouge le petit doigt pour lui – Hyun Woo n'était pas quelqu'un qui voulait qu'on ai de la pitié pour lui. Non en fait, la simple présence de son frère lui faisait tellement de bien... il savait qu'il était en colère mais il n'y pouvait rien, si il mentait sur la réalité, si il restait là à ne rien faire. Il l'aurait fait – bouger, courir, marcher, rire, jouer, chanter – il l'aurait fait si il avait supporter le choc irrévocable de ce foutu accident qui le hantait. « Tu crois que j'ai demandé à être victime de l'accident ? Tu crois que j'ai demandé à prendre ma voiture et me faire percuter par un nombre impressionnant de voitures ce jour-là ? Laisse moi rire Hyunki, je suis vivant merde. Je suis là bel et bien vivant et c'est tout ce qui compte aujourd'hui. Je n'y peux rien si je restes là à rien faire – si je ne fais rien pour satisfaire simplement ta propre personne – j'aimerais bouger, j'aimerais rire, j'aimerais faire tout ce que je faisais AVANT, mais là, c'est impossible. Amène moi où tu veux, j'en ai rien à faire, c'est autant mieux que rester confiner là, tel une loque. C'est toujours mieux évidemment, je n'ai pas dit le contraire, mais... ne me pose pas la question. Agis. Fais ce que tu veux faire. Mais ne me pose pas la question. Tu sais très bien la façon dont je répondrais. Tu me connais. Moi et ma fébrile léthargie de ses quelques mois. Alors... » Contre toute attente, Hyun Woo brisait sa carapace. Il criait au diable et s'annonçait comme étant un tyrannisé de la vie – c'était presque ainsi qu'il fallait le prendre avec le ton qu'il employait pour parler à son frère. Se collant au mur face à son frère, il se laissait tomber – loque, pantin. Des larmes naissaient au coin de ses yeux, mais il se refusait de pleurer. « Crois tu que ce soit normal que ton frère face autant que cauchemars sur un simple accident ? Non ce n'était pas un simple accident. Je n'ai pas voulu me suicider, je n'ai rien voulu de tout ça. C'est juste... l'enchainement des circonstances qui fit quet cela se passa. J'ai été victime du destin, c'est tout. J'ai été victime de cette amnésie détestable – je ne me rappelle de strictement rien. C'est pour cela que je fais ses cauchemars. J'essaye de me rappeler. D'un détail. D'un indice. Quelque chose qui pourrait m'aider à savoir pourquoi je me suis retrouvé là au mauvais moment. Il y a cette fille. Ce visage qui me hante. C'est tout ce que je peux te dire. Tout. Alors... Tu sais pour mes cauchemars ? Tant mieux voyons, mais tu ne sais pas tout – rien du tout même.  » Certes tout ce lot de paroles provoquaient les larmes de Hyun Woo, mais c'était sans doute une façon de se libérer l'esprit. Se mordant la lèvre d'anxiété, il aurait voulu taper le mur autant de fois qu'il pouvait si sa colère, sa nervosité et son dégoût de ne pas savoir la vérité sur certaines choses ne l'exténuaient pas qu'à pleurer. Pleurant, l'enfant perdu – car il en avait vraiment l'étoffe - se recroquevillait, genoux contre sa poitrine, visage dans ses mains. Il inspirait malgré lui l'air comprimé; il inspirait mal. « Je... Désolé... Tu... »

« Je... excuse moi.... Excuse moi d'être ce que je suis. Excuse moi d'être un stupide idiot qui se prend pour une loque, non pardon, qui est carrément une loque en dépression considérable. Désolé d'être moi, Hyunki; mais tu sais très bien à quel point tout ça... ça m'a terriblement affecté. Tu le sais ! Je ne t'ai jamais demandé de t'occuper de moi, je peux très bien me débrouiller seule.... Confiance en moi ou pas. » Je levais des yeux durs vers lui. Il me blessait. Chacun des mots qui dépassait la barrière de ses lèvres me donnait envie de me lever et de lui expliquer les choses à ma façon – une façon, qui, d'ordinaire, n'était pas la mienne. A vrai dire, personne ne m'avait jamais vu aussi furieux. Aussi peu sûr du contrôle de moi même. J'aurais pu bondir et me jeter sur lui, hurler que je le détestais, si je ne possédais pas cette sensibilité presque féminine qui m'en empêchait, ainsi que cette foncière honnêteté. Je restais immobile sur le sol, le foudroyant du regard comme je n'avais jamais foudroyé quelqu'un des yeux. Si un regard pouvait tuer... « Tu crois que j'ai demandé à être victime de l'accident ? Tu crois que j'ai demandé à prendre ma voiture et me faire percuter par un nombre impressionnant de voitures ce jour-là ? Laisse moi rire Hyunki, je suis vivant merde. Je suis là bel et bien vivant et c'est tout ce qui compte aujourd'hui. Je n'y peux rien si je restes là à rien faire – si je ne fais rien pour satisfaire simplement ta propre personne – j'aimerais bouger, j'aimerais rire, j'aimerais faire tout ce que je faisais AVANT, mais là, c'est impossible. Amène moi où tu veux, j'en ai rien à faire, c'est autant mieux que rester confiner là, tel une loque. C'est toujours mieux évidemment, je n'ai pas dit le contraire, mais... ne me pose pas la question. Agis. Fais ce que tu veux faire. Mais ne me pose pas la question. Tu sais très bien la façon dont je répondrais. Tu me connais. Moi et ma fébrile léthargie de ses quelques mois. Alors... »

Je me levais soudain. Des larmes de rage roulaient sur mes joues réchauffées par la colère. Ma voix, bien que furieuse, tremblotait sous l'effet des pleurs qui serraient ma gorge douloureusement, ne m'aidant pas à retrouver un souffle normal. Mes phrases étaient hachées d'inspiration sifflantes. « Tu n'es qu'un égoïste. Un foutu égoïste. Et tu sais quoi ? Tu peux bien te démerder tout seul, puisqu'aucun de mes effort ne trouve grâce à tes yeux. Puisque ma volonté, mon amour – j'insistais sur ce mot avec fébrilité – pour toi n'est pas suffisant pour monsieur qui s'estime mieux tout seul, à trembloter dans son coin comme un enfant pleurnichard, à attendre que le destin se bouge à sa place et à espérer qu'un changement pointera le bout de son nez – d'ailleurs, Attends ! Attends si ça te chante, mais rien ne vient par hasard, Hyunwoo!! - alors tu vas rester seul » Il s'était laissé tomber contre le mur à son tour, et je me rapprochais, le toisant avec désespoir et colère, faisant dégringoler sur lui le fruit de mes émotions, ces larmes chaudes qui pleuvaient désormais sur la peau de ses mains, de son front, sur ses cheveux de jais. « TU M'ENTENDS ?! SEUL ! » « Crois tu que ce soit normal que ton frère face autant que cauchemars sur un simple accident ? Non ce n'était pas un simple accident. Je n'ai pas voulu me suicider, je n'ai rien voulu de tout ça. C'est juste... l'enchainement des circonstances qui fit quet cela se passa. J'ai été victime du destin, c'est tout. J'ai été victime de cette amnésie détestable – je ne me rappelle de strictement rien. C'est pour cela que je fais ses cauchemars. J'essaye de me rappeler. D'un détail. D'un indice. Quelque chose qui pourrait m'aider à savoir pourquoi je me suis retrouvé là au mauvais moment. Il y a cette fille. Ce visage qui me hante. C'est tout ce que je peux te dire. Tout. Alors... Tu sais pour mes cauchemars ? Tant mieux voyons, mais tu ne sais pas tout – rien du tout même. » Je rigolais avec acidité, ironie. Avec une méchanceté qui n'était pas familière dans ma bouche – une méchanceté que nul ne m'avait jamais vu adopter. « Tu veux que je te dises ? Je n'en ai rien à foutre, de cette fille. De toute façon, tu les collectionnes. Ah, non. Tu les collectionnais. Tu n'es plus capable de rien aujourd'hui. Et je suis fatigué – je suis las – d'essayer de te rendre capable à nouveau. Je suis même exténué. Je n'ai eu de cesse de te rendre visite. Est-ce que tu te rends seulement compte du temps que j'ai passé à ton chevet, Hyunwoo ? Est-ce que tu te rends compte que mes journées se résumaient au tournage et à toi, et que les rares heures de sommeil que je me permettais – pas plus de quatre heures – étaient secouées d'angoisses qui me poursuivaient jusque dans mon sommeil ? Oh, tu vas me dire que tu n'as rien demandé. Mais la question n'est pas de savoir si tu as quémandé où si je l'ai fait de mon propre chef. Je l'ai fait, c'est tout. Et je crois que c'est ce qui compte le plus. Sauf pour toi, évidemment. Monsieur n'a besoin de personne pour se rétablir, il est invincible, même dans la plus pure des faiblesse. » Je ricanais, d'un rire sarcastique, bien que ma dernière tirade ai été soulevée d'une profonde fatigue, qui accentuait les cernes sous mes yeux et le râle provoqué par mes difficultés à respirer. J'essuyais dans un sanglot les larmes qui coulaient toujours, flots insatiables, et me détournais de la vue plus qu'insupportable de mon frère. « Je... Désolé... Tu... » « C'est trop tard. Il fallait réfléchir à ce que tu disais avant. » Je me dirigeais vers ma chambre, les jambes tremblantes, prenait mes médicaments au passage, et m'enfermais à double tour. J'empoignais mon violon et entamais une musique, meilleur moyen de me détendre.