« Un jour je serais roi de cette prairie et je gouvernerais jusqu'à Elden. Cette fille au loin que tu peux apercevoir, elle sera ma reine et toi mon ami tu seras mon valeureux valet. »

Un énorme rire froid écrasait l'atmosphère ambitieuse que la télévision diffusait dans le salon spacieusement habillé de meubles rustiques, parfaitement polis et brillants à la lueur des réverbères de la ruelle extérieure. Ce rire ne venait certainement pas de l'enfant dont les cheveux d'un roux flamboyant brillait de mille feux à la lueur du feu crépitant face à lui et ses jouets d'enfant gâté posés sur le sol. Il venait plutôt du père de ce petit garçon. Un certain Nahm Jin Jung, père coréen, diplomate ayant fait polémique, c'est pourquoi lui et sa "famille" s'était réfugié en ces lieux sinistrement sombres et pourtant si chaleureux. C'était révoltant de voir que son enfant ne lui ressemblait point. Plus révoltant quand il savait parfaitement la nette réalité des choses, face à la nature de cet enfant à la couleur de cheveux presque trop magnifique pour qu'on réussisse à lui en vouloir quand il agissait comme un bête enfant ne connaissant rien à la vie. Jin Jung gardait un oeil sur cet enfant qui n'était pas le sien, cet enfant qu'il osait laissé dans l'ignorance en connaissant parfaitement la réaction instantané qui pourrait l'attendre avec le caractère qu'il développait de jour en jour. Jin jung avait parfois peur. Peur d'une trop bonne ou trop mauvaise réaction de son "fils". Nahm Ronàn est un gamin capricieux et malgré ses airs d'enfant froid et déterminé, à vous foutre la honte face aux autres, il reste sans nul doute très intelligent et pleins d'entrain à vous faire la "misère" ? Ronàn n'est pas un bon garçon - sachez le dès, maintenant.

« Ronàn... chéri... »

Il avait juste envie de dire " la ferme " mais cela n'aurait été que trop peu approprié envers sa pauvre mère irlandaise de surcroit qui n'avait d'autre chose à faire que de se soucier de la santé de son fils. Pourtant un jour, ce jour, elle se soucia de lui - lui et ses sarcasmes. Le fils de Jin Jung et Amélia n'était pas normal. Le fils de Jin Jung et Amélia n'était surtout pas le leur. Eux le savaient. Lui l'ignorait. C'était ça le pire dans l'histoire - c'était ça l'énorme différence qui s'installait entre les crises de colères effrayants le voisinage d'un simple enfant dôté d'une capacité extrême à analyser les malaises et les bonnes ententes. Ce jour-là, le gamin remarquait indéniablement que sa mère ne l'approchait plus - plus une embrassade - plus une douce accolade de son père sur son épaule. Plus rien de leur part à eux deux. Il était comme un étranger dans sa maison et c'était plutôt néfaste pour sa personnalité, et son moral. Sachez que le garçon qu'est Ronàn n'est point un de ses garçons cordiales et gentlemans, oh que non... Ronàn est tout sauf le garçon exceptionnelle qui ai le pouvoir de vous sauver d'une embuscade de vieux pervers alcoolisés qui ne souhaitent que de vous un dessert appétissant. Au contraire. Ronàn est comme ces vieux pervers alcoolisés, bien qu'à des égards, il semble rester discret et raisonnable, cela n'empêche pas le garçon de déraper un peu - beaucoup - souvent. Ce ne fut qu'à son quinzième anniversaire qu'il toucha à son premier verre d'alcool - si ses souvenirs sont bons et assez précis, il s'agissait même d'un verre de whisky, du jolie n'es-ce pas ?

« Yo sexy girl. »

Il y a toujours une retombé après un triomphe intérieur. C'est ce qui arriva à l'arrogant personnage qu'est Nahm Ronàn. Tout d'abord parce que le nombre de conquêtes qu'il accumula, trahissait sa bonne fortune et son regard d'ange. Ensuite, car il ne vivait jamais sans qu'une catastrophe survienne dans sa journée. Enfin, parce qu'on le considérait comme le clown ridicule de Dublin, capitale de son pays natif. Le clown ridicule aux cheveux roux - trop flamboyants - trop visible - pour le coup, Ronàn qui veut souvent se la jouer discretosman, c'est raté, faudrait une coloration pour arranger ça, mais encore, tout Dublin le connait comme étant " l'abruti qui s'est rétamé la face sur le quai en ayant voulu rattraper une des prostitués dont il fut tomber amoureux " Génial l'image. Trop géniale même.

Il était prévisible que Nahm Ronàn finirait mal - très mal dans ce monde néfaste et sombre dans lequel il vécu jusqu'à exactement ses dix huit ans. Après ça, il ne s'est pas fait prier pour quitter la maison familiale étant donné qu'il a appris à ses quatorze ans qu'il était orphelin de surcroit et un enfant adopté - qu'il n'était en aucun cas le fils de ses parents. Ronàn, en bon rancunier, s'était fait une raison, mais il s'était presque promis de ressembler à n'importe qui d'autre qu'à lui-même à ce moment-là. Et s'en suivait des péripéties flagrantes qui pourrissaient son image un peu plus qu'elle ne l'avait été jusqu'à ce qu'il se retrouve bourré avec sa "bande de potes" à ses quinze ans. Premier verre, première connerie. Dernier verre, première pensée révélatrice d'une possible autre image. En fait c'était la plus grosse connerie de la vie de Ronàn, de croire qu'il pouvait changer et devenir "meilleur". Déjà que sa carapace endurci avec le temps, l'alcool et les moqueries s'avéraient être insondable, incassable comme faite de marbre, de pierre, de cristaux infranchissables.

« Mec, j'te suis redevable à jamais. »

Il ne fallut que quelques secondes pour que Ronàn sauve la vie d'un jeune homme à la chevelure blonde brillant dans les reflets du soleil du matin. Il était quoi, cinq heures et demi du matin et le soleil se levait déjà sur Dublin avec chaleur, rougeoyant ? il était quoi... bourré, déchiré et pourtant il sauvait la vie d'un homme pour qui il n'éprouvait aucune compassion jusque là ? S'en devenait pire que idiot n'es-ce pas ? Ce garçon qui ne prend partie pour personne, prenait la responsabilité aujourd'hui d'aider un homme. Mais au fond, Ronàn était stupide et complètement naïf de ses gestes et ses actes - parfois il se pousse vraiment dans le mauvais chemin, il se pousse dans le terrier du loup et ne peut plus y échapper par la suite. Rencontrer, Ebraïm McCallaghan était en revanche plus que le terrier d'un loup, c'était le trou noir total qu'il fallait contourner rapidement - de toute évidence, il avait plongé tête baissé, pensant qu'un ami aussi redoutable que lui ne pouvait le trahir, mais il se mettait le doigt dans l’œil, évidemment.

« Tu vois la gonzesse là bas ? C'ma soeur. »

C'était le premier accrochage qui bouleversa leur "amitié" sans précédent. Ils avaient été liés comme les doigts de la main rapidement - ils ne se quittaient jamais, faisaient de nombreuses conneries à en revendre, c'était presque à s'en demander si Ronàn n'espérait pas se refaire une "réputation" en trainant avec un fils de riche qui balançait son argent par les fenêtres. Mais il ne suffit pas seulement d'un regard pour la petite soeur de Ebraïm que celui-ci remarquait indéniablement, il y eu aussi le coup de coude non remboursé, le coup de boule pour l'avoir couper dans sa phrase, le coup de poing dans le ventre quand il ne fit pas ce qu'il lui avait dit. Ebraïm prenait trop de place dans l'esprit de Ronàn à ce moment-là et il fallait vraiment qu'il s'enfuit, qu'il quitte ce "démon" maltraitant ses dit-amis. Ebraïm était certes quelqu'un de très bien, mais une personne comme ça se devait d'être en prison plutôt que dans la rue à taper sur des femmes, des enfants ou des hommes sans défense. Il disait avoir ses nerfs qui lâchaient. Ronàn pensait qu'ils lâchaient beaucoup trop souvent pour que ce soit normale. Et puis un soir...

« Mon frère est schizophrène... si tu restes avec lui, mon pauvre, jamais tu ne sortiras de ses filets, de cette toile indéchirable dans laquelle nous sommes tous pris inconsciemment. »

La petite soeur de Ebraïm s'avérait être un ange tombé du ciel, il le savait. Mais savoir qu'elle venait ainsi pour lui dire de fuir, de partir loin, d'échapper à la schizophrénie de son frère... c'était de l'irréalisme pur pour lui. Il admirait la beauté de cette petite - de cette jeune femme aux épaules frêles. En réalité, il n'avait jamais imaginer que les irlandaises bourgeoises soient aussi douces, jolies... et que leurs peaux soient aussi sucrés, soyeuses et délicieuses au toucher. Un léger sourire sur le visage du garçon à peine âgé de vingt deux ans. Il avait encore beaucoup à vivre - beaucoup d'étapes à franchir et il semblait que la petite Aslinn ai un penchant pour les garçons durs, froids et sans tact - comme lui. Le sourire de Ronàn s'accentua et sa main glissait sur la douce joue de l'enfant. Elle était bien trop jeune. Elle était bien trop frêle.

« Tu pourras en faire tomber plus d'un... plus tard... très chère Aslinn. Mais pas moi. Mon coeur restera toujours de marbre. Tout mon être restera froid au contact de chaque femme, même avec celle qui puisse me rendre fou amoureux... Je ne suis pas un de ses garçons gentlemans comme ton frère, tu le sais... Et puis malgré la schizophrénie de ton frère, j'ai promis : de ne pas t'approcher, mais de te protéger. *silence* Fait attention à toi, petite perle bleu. »

Non il n'avait jamais aimé vraiment une femme. Mais il semblait que quelques sentiments aient pus traverser la carapace de marbre de Ronàn lors de son vingt deuxième anniversaire, quand la petite soeur de son "meilleur ami" schizophrène lui demanda de fuir pour son bien être, pour sa vie, mais en échange, elle désirait un baiser ou plus... Il avait fuit certes, mais en aucun cas il ne put toucher à cette femme si jeune, si vivante. Il aurait même voulu l'emmener avec lui, lui faire pousser des ailes pour qu'elle le suive et qu'elle échappe aux crises de fureur de son frère. Trois jours après son départ, il s'était demandé si par pur hasard ils se reverraient - mais ça, il ne l'aurait su.

La Corée fut un des endroits les plus émerveillant pour Ronàn. Après son départ de l'Irlande, il ne put se rendre que dans le pays d'enfance de son "père". Nahm Jin Jung, après la fuite de son fils de la maison quand eu l'âge requis, décida de retourner au pays, laissant sa femme et son fils derrière lui comme des chaussettes délaissés sur un parquet mal balayé. C'était souvent comme ça dans leur famille - une vie de bohème et pourtant si étrange, si froide. C'est pour cette raison que Ronàn ne supporta pas plus longtemps cette situation, surtout depuis qu'il était au courant de son adoption inattendu. En arrivant en Corée, le garçon fut perdu - désarçonné par ce changement incongru. Mais un changement engendre souvent un renouveau et Nahm Ronàn, en apprenant le suicide de son père, décida de remonter cette pente infranchissable qui s'était installé entre lui et la vie heureuse - entre lui et son bonheur continuel. Qu'es-ce que le vrai bonheur quand l'on a eu la moitié d'une vie à s'acharner à vivre contre soi-même ? Nahm Ronàn arpente peu à peu cette pente glissante, retombant sur ses pieds malgré lui, s'écorchant à nombreuses reprises les mains et les pieds, mais il n'en sortira que plus fort bien entendu.

Être professeur d'anglais est l'une des premières bonnes résolutions qu'il pris. Devenir meilleur que ce qu'il n'a été auparavant en était certes une autre, mais bien plus complexe, bien plus idéologique que facile à réaliser. Rencontrer Lee Melisende, l'une des professeurs de théâtre de l'école, l'une des seules jeunes femmes qui puissent à présent "l'approcher", était à la fois une erreur et quelque chose d'irrévocablement nouveau pour lui. Ronàn a grandit... avec vivacité et ardeur mais sa douce vie ne s'arrête pas qu'à tout cela. Il y a encore trop de choses à apprendre.

persévérant, admiratif, exaltant, peu passionnant, affectueux, délicat, sage, doux, gamin, enfantin, espiègle, puéril, fripon, taquin, malicieux, facétieux, comique, parfois trop bouffon pour voir la vérité en face de ses yeux, maladroit, impulsif (...).