Elle avait cru qu'il avait arrêté l'alcool. C'était ce qu'il lui avait dit, quelques semaines à peine avant cette soirée. Elle aurait dû se douter qu'il mentait – il n'était pas du genre à dire la vérité, même à elle, et elle n'était pas du genre à détecter le mensonge, même chez lui. Il était affalé dans un couloir, alors que les lumières étaient déjà en train de s'éteindre. Il l'avait accueillie avec un grognement, sans la reconnaître surement. Ce qui ne l'avait nullement empêchée de le prendre par les épaules, et de le trainer jusqu'à sa voiture, ou il avait finit par protester vaguement, mais son esprit était trop embué pour comprendre quoi que ce soit. Telle une mère pleine de bonnes attentions, elle l'avait ramené à son appartement et l'avait couché dans son propre lit. Elle avait mit la couverture sur son corps, et avait caressé sa chevelure avec affection, malgré le fait qu'elle le détestait moins de cinq minutes avant – elle détestait le voir ainsi, aussi démuni dans son ivresse.

Elle se réveilla tôt ce matin là, cependant, le soleil était déjà levé, et son premier réflexe fut d'aller voir son invité nocturne, après une douche rapide. Il était toujours couché sur le lit, et semblait endormi. Couché en chien de fusil, la bouche ouverte – rien de bien sexy ni de bien attirant, et pourtant il arrivait à faire défaillir bon nombre de filles – il lui évoquait un fœtus, à peine formé, qui ne demandait qu'à être protégé. Joyeuse – elle se sentait d'humeur joviale ce matin, et ceci était peut-être due à la présence Ronàn chez elle – elle se glissa dans les draps et se colla, féline, contre le dos du jeune homme, glissant ses bras autour de sa taille. Sa bouche vint déposer un baiser sur la joue mal rasée de l'irlandais, et il esquissa un mouvement exagérément lent. Elle souffla à son oreille avec un doux rire: « Bonjour, beau roux. Le café est prêt, il n'attend plus que vous. »

Elle glissa son visage dans le cou de son alter-ego. C'était souvent comme ça avec eux. L'amour amitié. Elle l'adorait, autant qu'elle le haïssait. Elle n'avait aucune honte à l'embrasser sur la joue, à jouer avec lui, à le prendre dans ses bras. Elle l'aimait de tout son être, il la comprenait mieux que quiconque, ils avaient toujours su – toujours senti- qu'ils étaient fait pour être meilleurs amis, bien que cette désignation ne pouvait pas définir la complexité de leur relation. Elle songea quelques instants à d'autres bras. Des bras moins pales, peut-être, une chevelure aussi noire que celle de Ronàn était rousse, mais la bonheur de la présence de ce dernier effaça ces quelques images – il avait besoin d'elle, elle était là.

« Pourquoi continu-tu à boire ? Tu es toujours malheureux ? » Elle resserra son étreinte sur le jeune homme, et se releva quelque peu afin de surplomber le visage encore endormi de Ronàn. « Tu peux tout me dire, tu sais. » Elle caressa avec un sourire plein d'amour le front du jeune homme, écartant ses mèches de cheveux incandescentes. La scène aurait sûrement parue incongrue à d'autres personnes. Sûrement les aurait-on pris pour des frères et sœurs incestueux, mais Melisende s'en contrefichait. Elle n'avait pas pour habitude de s'occuper des commérages – bien qu'elle y prêta une oreille attentive – et encore moins avec Ronàn. Leur relation ne répondait pas aux us et coutumes. Aussi lunatiques l'un que l'autre, ils se déchiraient autant qu'ils s'aimaient.

Il n'existe que deux ou trois types d'antidépresseurs sur terre. Il y a tout simplement le cachet, qui agit aussi rapidement que si l'on recevait un un coup de poing en pleine face. Et puis il y a le repos de son esprit, le repos de son corps tout entier. Le repos paradisiaque – bon, on dit souvent que cette option ne marche pas vraiment – pas du tout même. Enfin, il nous reste souvent cette dernière option – la plus probable et la plus mauvaise sans doute, mais de toute manière tout les types d'antidépresseurs cités ici ne sont pas bénéfiques au moral et à la santé de chacun, ce n'est pas comme-ci ils étaient censés nous enfoncer dans ce trou noir qui semble se former dans notre esprit ou dans notre coeur – mais pour en revenir au dernier antidépresseur qui s'annonçait comme le meilleur aux yeux de Nahm Ronàn, il s'agissait bel et bien de l'alcool lui même. Cet alcool enivrant qui en attire plus d'un vers l'échec. Cet alcool enivrant qui sort les gens que leur carapace et montre souvent, bien trop souvent, leur vrai nature. Ronàn était ce genre de garçon qui, conduit par l'alcool, faisait beaucoup de bêtises, disait beaucoup trop ce qu'il pensait au fond de lui, et ne mesurait jamais l'ampleur de ses phrases autant que de ses gestes anodins. Ronàn est le genre de type à devenir dépressif pour un sous, surtout depuis qu'il s'est retrouvé avec un meilleur ami schizophrène à l'age de vingt deux ans, ou même avec un père suicidaire deux ans avant son intégration à la kirin art high school. Disons juste que la chance de Ronàn de se retrouver en Corée aujourd'hui même, de se retrouver dans une prestigieuse école à instruire des élèves à l'anglais, langue maternelle qu'il a toujours voulu enseigner aux plus jeunes (…) disons juste que cette chance passe au dessus de son passé tortueux et que malgré les longues vagues envahissants de générosité, de gentillesse et d'enthousiaste ne l'ont pas autant aider que cela depuis qu'il est à la KAHS. C'est vrai. Ronàn est un garçon étrange. C'est vrai. Il se plonge dans l'alcool dès que quelque chose ne va pas. Cela ne veut en aucun cas dire que ce garçon, ce professeur d'anglais, n'est qu'un alcoolique de surcroit qui ne pense qu'à replonger. Non en fait la dernière fois qu'il avait replonger datait exactement de six mois et dix huit jours, le calendrier attaché dans l'entré de son appartement miteux peut vous le confirmer tout comme le nombre de tasses de cafés jonchant la table de salon poussiéreuse et collante qu'il n'a pas osé laver depuis des lustres. Ronàn est un garçon très désordonné et pourtant, l'organisation dont il fait preuve pour apprendre à ses jeunes gamins comment on parle vraiment anglais est tout aussi différente que les organisations des professeurs d'anglais des écoles publics ou privés qui n'ont aucunes spécialités dans l'art de la scène. Peut-être es-ce parce que Ronàn est lui aussi doté d'un talent artistique ? Il sait jouer la comédie – car au fil des années qui sont passés derrière lui, il sait y faire avec cette vie aussi « misérable » soit elle. Nahm Ronàn vit-il vraiment une vie misérable et sans vivacité ? Apparemment ce fut encore le cas en cette journée froide à laquelle il prit parti avant de se fondre dans la masse d'un supermarché à coté de l'école et d'acheter un pâque de bières fraiches qu'il ramena à l'école. Premièrement – ne jamais être professeur et boire de l'alcool. Deuxièmement – ne jamais être professeur, boire de l'alcool et être dans l'établissement scolaire que l'on fréquente. Troisièmement – ne jamais être professeur, boire de l'alcool, être dans l'établissement scolaire que l'on fréquente et être discret. Car généralement, Ronàn n'est pas discret – alcool dans le sang ou non. Car généralement, Ronàn grogne quand on l'approche – alcool dans le sang ou non. C'est un peu une façon pour lui de rappeler qu'il n'est pas un garçon facile, que son regard bleu glacial peut s'avérer cacher sa facette mesquine en lui, que sa barbe mal rasé cache la froideur et l'arrogance dont il fait preuve – dont il faisait preuve dans son passé. Un sourire narquois se dessinait sur son visage tandis qu'assis sont le mur du couloir, il était vautré comme un pantin sans fil pour le faire vivre, pour le faire bouger et agir. Puis la voir entre deux clignements de yeux flous...

« Bonjour, beau roux. Le café est prêt, il n'attend plus que vous. » La voix de la jeune femme lui parvint rapidement tandis que les bras fins et légers de la jeune femme s'étaient glissés autour de sa taille. Un léger sourire se dessinait au coin de ses lèvres et il inspirait profondément tandis que sa cage thoracique se gonflait d'air pesant. Il songea à ses nombreuses altercations et querelles qui les reliaient le plus souvent, mais il fallait aussi avouer que les moments ainsi – quand Melisende était d'humeur joviale et lui dans l'impuissance de repousser une telle attention de la part de celle qui était presque comme une « meilleure amie » pour lui. En effet, à bien des égards, leur relation se construisait sur des bases solidement accrochés à leur caractère bien trempés. On aurait tous crus qu'ils se détesteraient toutes leurs vies durant mais ce ne fut seulement qu'à la première faiblesse de Melisende qu'il fut là et puis suivit une autre faiblesse, la sienne cette fois-ci. Ils étaient là pour l'un et pour l'autre et s'ignoraient presque royalement quand ils n'étaient pas d'humeur à se câliner ou à s'engueuler comme un vieux couple de professeurs doués. Car oui, Ronàn, jusque là, avait toujours admirer le talent de Melisende en théâtre – peut-être ne le savait-elle pas, mais il s'avérait qu'il l'avait souvent observer dans l'amphithéâtre de l'école tandis qu'elle répétait seule, tel ou tel réplique qu'elle n'arrivait pas à enchainer avec son élève de troisième ou quatrième année. Melisende était joviale. Melisende pouvait même être très sévère et stricte. Ronàn aimait beaucoup les nombreuses facettes de cette femme. Elle vint resserrer son étreinte sur lui. Un soupir et ses yeux s'ouvraient à la lenteur d'un escargot – belle gueule de bois en perspective. « Pourquoi continu-tu à boire ? Tu es toujours malheureux ?  » La question fatidique n'es-ce pas ? Pourquoi ? Pourquoi hier et pourquoi pas aujourd'hui ? Pourquoi boire ? Pourquoi pas ne pas fumer ? Et puis pourquoi elle aussi ? Pourquoi c'était-elle qui le ramassait à la petite cuillère comme posséder par cet instinct de grande petite soeur qu'elle se donnait, qu'elle adoptait avec tant de fierté à ses côtés ? Il n'avait pas besoin d'elle – c'est ce qu'il pensait bien entendu, mais nous savions tous que les hauts et les bas que Ronàn cumulaient, étaient particulièrement troublants et plus encore pour Melisende, supposons-le. « Tu peux tout me dire, tu sais.  » Il échappait un soupir léger et grinça des dents lentement. Se relevant doucement, il attrapa les poignets de la jeune femme et dé-serra cette étreinte peut être trop maladive. Ronàn avait peut-être pris l'habitude de faire partie des hommes que Melisende câline, embrasse et chouchoute comme un bébé qui vient de naitre, mais il s'avérait qu'il n'était pas vraiment doué pour cela. Grimaçant doucement il recula contre le mur derrière lui et ajusta son t-shirt débraillé. Un soupir léger et il relevait son regard vers la jeune femme remarquant une moue légère sur son visage d'habitude rafraichis par un sourire. Levant les yeux au ciel, il glissait sa main le long de son dos tandis qu'elle glissait sur sa hanche avant de l'attirer contre lui et se poser son menton sur le haut de son crâne. « Je ne suis ni malheureux, ni alcoolique, sache-le petite. » Un léger sourire se dessinait sur ses lèvres fines et il respira doucement tandis qu'il balançait doucement sa tête de gauche à droite, son menton glissant sur le haut de son crâne à elle. Il baissa son regard vers celui de Melisende doucement. « Enfin, si être malheureux s'est de se retrouver dans les bras de Lee Melisende, je crois que je le serais tout les jours alors... » Il échappait un léger rire. « Oui je sais, cela ne réponds aucunement à la question, mais je suppose que je n'ai aucune réponse adéquat... vois-tu ? » Il déposa ses lèvres sur la douce joue de la jeune femme tandis que sa tête vint se poser sur l'épaule de la petite Melisende qu'il n'avait pas lâcher d'un pouce. Ses bras avaient entourés ses épaules et elle était ainsi collé à son torse et ne pouvait se défaire de cette étreinte si envahissante. « D'après moi... vue l'heure actuelle qu'il est.. nous devrions être à l'école, n'es-ce pas ? »




[ j'aurais pas du répondre, j'ai pas fini ma fiche. MAIS je voulais. mwahaha ♥ ]

Melisende savait bien que leur étreinte ne durerait pas bien longtemps. Ce fut pour ça qu'elle y mit tout son amour et toute sa force – histoire qu'il n'oublie pas qu'elle l'aimait, cet idiot aux cheveux roux. Il se détacha d'elle bien trop vite – une moue de déception fit grimacer son visage pourtant ravi quelques secondes auparavant. Sûrement dut-il s'en rendre compte car il leva brièvement les yeux au ciel, avant de la relever et de l'attirer contre lui, entre ses bras – elle s'y blottit avec bonheur, comme une jeune enfant en manque d'amour, et ses mains fines accrochèrent le tee-shirt. Elle rigola lorsque son menton – il était immense, et n'avait aucun mal à la dépasser, surtout aujourd'hui, alors qu'elle était pied nue sur le parquet – gratta le haut de son crâne. Sa réplique lui fit lever les yeux – ou plutôt poser le bas de sa tête contre le haut de son dos, le visage presque à l'horizontal pour pouvoir scruter ses yeux à la recherche d'un mensonge, même si elle savait pertinemment qu'elle ne détecterais aucun de ceux ci. Il en maitrisait l'art à la perfection, à son plus grand dépit à elle.

Leur relation tenait de l'inéluctable, mais aussi de l'inexplicable. Il était anormal que deux personnalités, qui se déchiraient si souvent, s'aiment avec cette passion; il était tout aussi anormal qu'ils acceptent de l'autre tant de défauts, tant de dérapage; et il semblait tout aussi impossible que chacun soit si différent en la présence de l'autre. Comment Nahm Ronàn pouvait-il devenir, doux, compréhensif, aimant, alors qu'il n'était qu'une enveloppe de froideur et de haine d'ordinaire ? Comment Lee Melisende pouvait-elle tout confier, même ses peurs, ses chagrins les plus profonds à celui qu'elle ne connaissait, finalement, que depuis moins d'un an, alors qu'elle était si méfiante d'habitude ? Et pourtant, tout semblait en apparence les rapprocher. Originaires d'Europe, adoptés. Mais leurs traits, leurs cheveux – cette masse incandescente qui attirait irrémédiablement le regard sur eux – étaient si semblables que nombres de personnes les avaient pris pour des frères et sœur. « Je m'y appliquerais. Tu ne cesseras jamais d'être malheureux » Elle lui adressa un regard éperdu, plein d'amour, et ses lèvres s'ourlèrent en un sourire qui montrait toute sa confiance, tout ce qu'elle fondait en lui. Lorsqu'elle le regardait, elle se voyait, car dans ses yeux luisait tout ce qu'elle lui avait confié, plus ou moins directement. « D'après moi... vue l'heure actuelle qu'il est.. nous devrions être à l'école, n'est-ce pas ? » « Nous sommes samedi, idiot. » Dans sa bouche, le terme semblait plus affectif qu'autre chose, et en réponse au baiser qu'il avait posé sur sa joue, elle lui renvoya sur le bout de son nez, et elle se détacha de lui après avoir ébouriffé ses cheveux. « Va te laver. Tu pues l'alcool. » Sa franchise la fit rire. Il n'était pas rare entre eux qu'elle lâche ces phrases qu'un enfant de deux ans aurait pu prononcer. « Tu sais que tu as des habits dans mon armoire. » En effet, il était tellement fréquent qu'il vienne se réfugier – à son insu, souvent – chez elle qu'elle avait tout le nécessaire. Rasoir, habits, produits cosmétiques, qui rendaient son appartement de célibataire un peu plus vivant. D'ailleurs, on aurait presque pu dire qu'elle attendait son mari, chaque soir, tant sa personne était présente, par petite touche, dans certaines pièces. Elle se plaisait à dire que Ronàn était l'homme de sa vie – du moins jusqu'à il y a quelques semaines, car désormais, l'idée que deux hommes faisaient partis de sa vie s'insinuait dans son esprit. Mais il était clair que pour elle, quiconque franchirait le barrage de son cœur devrait passer l'étape finale: accepter Ronàn. Il était inconcevable qu'elle l'abandonne pour quelqu'un d'autre – quelqu'un de nouveau. Le jeune homme était entré dans sa vie, et elle n'avait nullement l'intention de l'en chasser.

Il revint bientôt, fraichement habillé, lavé, rasé. Elle se leva de son canapé – où elle s'était préalablement assise, dans le salon, en l'attendant – et l'inspecta du regard. Un signe du pouce indiqua qu'elle approuvait: son Ronàn était beau et sentait bon – elle vérifia rapidement. « Tu es quand même bien plus séduisant lorsque ton odeur est celle-ci. » Elle lui sourit, et s'affala à nouveau dans le canapé. « Et si on regardait un film ? Si tu veux, je peux te faire un plateau repas – ou du moins tu peux te le faire: on est pas mariés et tu sais où tout se trouve, dans cet appartement. » Elle se releva et le poussa vers la cuisine, hurlant au passage qu'elle allait elle aussi prendre une douche. Cette dernière fut rapide – bien que le séchage de ses longs cheveux prit un temps assez conséquent. Nullement lissés, et encore quelque peu humides, ces derniers ondulaient et lui donnaient l'allure d'une déesse grecque, qui, telle aphrodite, aurait surgi des flots. Sa silhouette, habillée d'un tee-shirt trop large et d'un survêtement informe, contrastait avec la magnificence de son visage. Elle se jeta sur le canapé, avec un soupir de satisfaction.

Quand elle fut sortie du salon, laissant derrière elle un sourire large sur le visage de Ronàn, il fallut bien admettre qu'il ne sut trop quoi faire, trop quoi dire. Melisende était bien trop gentille, bien trop bonne avec lui. Elle se proposait toujours pour le garder comme un enfant en bas âge qui aurait fait une bêtise à l'école. C'était tout comme disons, puisqu'il s'avérait qu'il se ramenait souvent dans l'enceinte de l'école, ivre mort, gisant presque le carrelage froid, provoquant un filet de bave sur sa joue. Désastreuse image du professeur viril, n'es-ce pas ? Il était pourtant certain que seul Melisende avait eu ce « privilège » de voir Nahm Ronàn le fabuleux professeur qui fait baver les premières années, dans un état d'ébriété élevé. Debout face au canapé, il laissait donc la jeune enfant partir au bain tel une déesse recherchant douceur et sérénité. Lui, décida de s'atteler à chercher quelque chose à manger. A vrai dire, avait-il seulement déjeuner la journée précédente, avant de s'attaquer aux bouteilles de bières qu'il avait décemment laisser dans les poubelles de l'école en s'y promenant presque à cloche pied ? Pas vraiment. Un grondement sourd s'émanait du ventre plat du garçon et il fallut admettre qu'il avait beaucoup plus faim qu'il en avait l'air. Un creux énorme lui rongeait l'estomac. Depuis combien de jour n'avait-il pas avaler quelque chose de décent ? Il n'aurait su répondre. Ouvrant le réfrigérateur, il en sortie une simple pomme fraiche dans laquelle il croquait avec avidité. Pomme rouge. Rouge sang. La couleur qu'il aimait beaucoup, à bien des égards. Il arpenta l'appartement d'un pas lent. Il fallut bien qu'il reconnaisse que Lee Melisende vivait dans un palace à côté de son chez soit à lui. Mais il ne comptait pas pour autant s'y installer à son insu – il avait sa vie – elle avait la sienne, même si elles étaient trop étroitement liés bien entendu.

« Lee Melisende... que caches-tu derrière ce sourire d'ange.. » Sur l'une des étagères à côté de la télévision, il apercevait une tête d'enfant aux tâches de rousseur multiples. Une chevelure rousse flamboyante qui s'installait sur le crâne de la petite fille et cachait ses magnifiques yeux enjoués et ronds. Lee Melisende était déjà belle aujourd'hui, mais à l'époque, Ronàn la considérait comme «  à croque » comme cette pomme dont il appréciait le goût avec stupeur. Ce n'était pas son genre de faire des remarques comme celles-ci - «  toi tu es belle » - « toi tu es moche ». Ronàn se fiche totalement de l'apparence des femmes qu'il fréquente, ce n'est pas comme-ci il désirait vraiment avoir une femme dans sa vie. En désire t-il une ? Lee Melisende devrait lui poser la question, elle aurait droit à une drôle de réponse. Un soupir traversa les lèvres minces du garçon, croisant son regard dans un miroir face à lui. Des cernes bleuâtres semblaient être visible sous ses yeux bleus électriques, mais il se fichait bien de son apparence, il était... en pleine forme ? Plutôt oui, à côté des jours où il se rendait à l'école, tel un zombie prêt à s'effondrer sur le sol à et convulser indéniablement sans s'arrêter. « T'as une gueule de bois, pauvre type. » Nahm Ronàn prenait beaucoup l'habitude de se parler à lui même. Trop l'habitude sans doute, mais, il aimait ça. Ca lui rappelait la schizophrénie de son ancien meilleur ami de l'époque où il vivait encore à Dublin. Ca lui rappelait aussi combien de fois il s'était retrouver seul errant dans les ruelles de Séoul dans ses premiers temps d'adaptations à la vie en Corée.

Quand elle sortit de la salle de bain, il fallut encore admettre qu'elle n'était autre que plus belle que le soleil qui éclairait les terrains verdoyants devant chez elle, ce matin-là. Un léger sourire secoua la stature de marbre de Ronàn de ses quelques minutes tandis qu'elle s'effondrait sur le canapé, soupirant de bonheur à l'idée d'être au calme et dans la sérénité en ce samedi matin. « Fais moi une place, petite. » Il aimait beaucoup trop la taniquer pour arrêter son jeu. La poussant avec rudesse, il savait pourtant très bien qu'elle n'allait pas se laisser faire. Un léger sourire taquin se dessinait sur son visage tandis qu'il attrapait la jeune femme par les poignets et se mettait à genoux sur les cousins pour se retrouver à sa hauteur. « Prosterne toi, gente dame. Ou je te briserais la nuque. » Il explosa de rire, tellement la dureté de sa voix n'était que trop fausse. « Et après on me dis dur à cuir alors que je ne peux être sérieuse avec toi, Mel ? » Il soupira et toujours face à cet ange embelli par la clarté du jour, déposait son front sur l'épaule de celle-ci tandis que ses mains lâchaient littéralement ses poignets. Ronàn avait beau tenter d'être sérieux quand il décidait de jouer, il ne l'était pas. Il ne pouvait pas, pas avec Lee Melisende, cette beauté, comme il réussissait à la qualifier alors qu'il était censé ne pas l'apprécier pour un clou au début de leur relation peu amicale. Les opposés s'attirent tels des aimants irréversibles. Melisende et Ronàn sont-ils simplement des opposés avec toutes ses similitudes qui les rapprochent beaucoup trop ? L'amour amitié qu'ils partagent est juste insondable, indestructible. Il inspirait profondément le parfum de la jeune femme dans son cou, car oui, il avait osé glisser son visage dans le cou de la jeune femme, refoulant un frisson qu'il ne devait pas se permettre de ressentir. La fraicheur de sa peau l'enivrait doucement et il clignait des yeux. L'ivresse du soir même s'était pourtant bel et bien estompé, mais le roux osait jouer avec le feu – mais le roux allait se prendre forcément une gifle d'ici là. Se raclant la gorge, et relevant la tête doucement en admettant qu'il fallait peut-être instaurer une distance, il attrapait la télécommande sur la table de salon et appuyait sur ON. Mais le simple temps qui s'installait entre le temps que la télé s'allume et ce dérrapage semblait.. trop long. « Erm.. pardon... *silence* On regarde quooi?  »

« Fais moi une place, petite. » Elle lui jeta un regard effaré, de ses yeux ronds, tandis qu'il la poussait sans aucune considération pour son bien être. Elle se releva, faussement furieuse, et le poussa avec violence contre le côté opposé du canapé. « Je suis ici chez moi, Monsieur ! Alors je vous prierais de me laisser ce canapé, et de... » Déguerpir. C'était ce qu'elle avait voulu dire, mais ses mains emprisonnées par l'étau de celles de Ronàn l'empêcha de terminer sa réplique. Elle se débattit – il était trop fort, elle était trop faible. « Prosterne toi, gente dame. Ou je te briserais la nuque. » Toute aussi effarée par cette réplique, néanmoins accompagnée d'un sourire taquin, elle balança son crane dans le thorax de son adversaire en dernier recours. Ce geste lui rappela les bagarres mémorables qu'elle faisait avec son père, lorsqu'elle était petite. Ce dernier disait à tous, avec fierté, que sa fille était un véritable ouragan. En effet, elle n'hésitait pas à mordre, griffer, et à se débattre dans tous les sens possibles, et ses coups n'étaient nullement retenus. Et en cet instant, s'il tenait toujours ses mains comme rançon, ils étaient tous deux affalés sur le canapé, elle couchée sur son ventre, et lui, à moitié dans le vide. Melisende ne s'était pas retenue – et un mal de tête dû au choc se profilait. Elle frotta sa main contre sa tempe déjà douloureuse.

Ils se relevèrent tant bien que mal, et toute la hargne de Melisende s'envola aux quelques mots de Ronàn, qui posa son visage contre son épaule. Sa main à elle vint caresser la douce nuque blanche, remontant sur la ligne des cheveux éclatant. Mais ces mouvements affectifs furent stoppés lorsque le visage de Ronàn se pressa contre la peau de son cou. Il était rare qu'il soit aussi expansif, et lorsqu'elle l'entendit respirer avec force, elle fut tentée d'éclater de rire. Cette respiration la chatouillait, et lui donnait envie de se reculer pour voir la tête de son ami à ce moment là. Elle n'en fit rien, et ses caresses reprirent lentement, appliquées, ses doigts plongeant dans l'océan de sa chevelure, chatouillant le cuir chevelu sensible, un frisson parcourant ses paumes réchauffées par la douche récente – ce genre de contacts profonds n'était que très rares avec lui - jusqu'à ce qu'il se sépare d'elle, une pointe de trouble dans ses yeux bleus – les même que les siens. Il attrapa maladroitement la télécommande, et chercha un moyen de reprendre contenance - elle l'aimait bien ainsi, quelque peu gêné, et plus fragile que lorsqu'il se trouvait au lycée, froid, fermé, dur - et le regard interrogateur de melisende ne devait pas l'aider à rester impassible. Il arrivait parfois que son regard se fasse plus perçant que celui d'un aigle et qu'il vous fasse l'effet d'un rayon X. C'était le cas en ce moment là, tandis qu'elle cherchait en lui les tréfonds de ses pensées, de ce qui le composait tout entier; c'était aussi cela, entre eux. Ils se connaissaient autant qu'ils pouvaient parfois se méconnaître. Combien de fois l'avait-elle surpris, et vice-versa ?

Soudain, une question lui vint à l'esprit, et au lieu de répondre à celle posée par Ronàn, elle s'enquit, puérilement: « Ronàn... est-ce qu'il t'ai déjà venu l'envie d'avoir... une femme ? » Elle se lova contre les coussins, les jambes repliées afin de laisser de la place à Ronàn – il prenait décidément beaucoup de place, ce charlatan, autant dans l'espace que dans son cœur – couchée sur le dos, la tête à demi tournée vers l'écran de la télévision. Elle se releva brusquement, et lui pris la télécommande des mains – elle aimait bien prendre les devants et être la femme de la maison, dans leur couple. Elle zappa, zappa, zappa, sans trouver de quoi la satisfaire, et éteignit finalement la télé avec colère – ses doigts fins et d'ordinaire délicats appuyaient avec violence sur les touches. Comme irrésistiblement attirée, elle vint se lover près de lui plutôt que près des coussins, et elle n'aurait su dire lequel des deux était le plus confortable. Silencieuse, elle guettait la réponse fatidique. Curieuse, désormais, elle semblait presser son alter-ego du regard. « Alors, alors, alors ? » semblait-elle dire silencieusement.

« Ronàn... est-ce qu'il t'ai déjà venu l'envie d'avoir... une femme ? » Alors qu'elle venait se loger tout contre lui, Ronàn restait de marbre. Inconsciemment, Melisende avait reforgé cette carapace insondable qu'il s'efforçait de mettre de côté quand il était avec cette jolie rousse aux cheveux flamboyants. Là encore, il savait que la violence de ses mots qui lui arrachaient toute pensée réfléchie, n'était rien comparé à l'étreinte qu'elle vint lui offrir par la suite. Ses bras légers et fins de la jeune femme posés l'un contre l'autre, sa tête posé sur le haut de sa poitrine, il aurait pu poser à nouveau son menton sur le haut du crâne de la jeune femme tout en l'enveloppant de ses bras robustes, mais il n'en fit rien. Restant de marbre, assis nonchalamment sur le côté du canapé, il inspirait de grandes bouffées d'air et fixait la chevelure soyeuse de la jeune femme. Il ne dit mot pendant quelques instants. C'était sa façon à lui de montrer qu'elle n'aurait pas du aborder le sujet – celui là ou un autre, il aurait agit de la même manière de toute façon. Ronàn n'aimait juste pas parler, pas dévoiler sa vie au monde. Melisende n'était pas le monde, elle était juste sa Melisende, la jolie rousse qui l'avait « sauvé » dirons-nous. Mais Ronàn avait toujours ce mal être intérieur qui le rongeait et qui l'empêchait de parler à coeur ouvert comme il avait réussi à le faire en moins d'un an avec la jeune femme. Aujourd'hui, c'était juste plus difficile que les autres jours. « T'as un tact pas possible, mon chou.. » Il échappait une légère grimace tandis que sa main droite remontait le long du bras de la jeune femme, caressant doucement sa peau du bout de ses doigts fins. Il échappait un léger soupir qui en valait presque dix, mais il se contenait de paraître désespéré auprès d'elle car il n'en avait pas le droit, il ne s'en donnait pas le droit en fait. Depuis qu'ils se connaissaient, Ronàn et Melisende tentaient l'un comme l'autre de s'ouvrir leurs coeurs et leurs sentiments, leurs secrets et leurs passés, mais Ronàn semblait parfois trop sceptique à l'idée d'étaler sa vie – il n'était pas ce genre de garçon et ne le serait surement jamais d'ici là, mais Melisende pouvait sans doute y travailler, seulement elle le pouvait. « Avoir une femme... ? Tu t'imagines sans doute que Nahm Ronàn a déjà été amoureux... c'est peut-être probable, j'en sais rien... » Il échappait un soupir suivit d'un pincement de lèvres pour la jeune femme.

Tomber amoureux c'est quoi exactement ? Ressentir des papillons dans son ventre et claquer des doigts en criant qu'on aime tel ou tel personne ? Cela pourrait être terriblement stupide, mais parfois, non, souvent, Ronàn avait l'impression que c'était exactement ça. Claquer des doigts et tomber amoureux. Pouvait-il faire ça aussi ? Pouvait-il claquer des doigts et admettre qu'il était amoureux de Lee Melisende, par exemple ? Il était clair que cela paraitrait totalement faux et peu original, vue la contenance de leur relation trop tactile qui s'était installé en peu de temps, mais... il aurait pu essayer, cela l'aurait fait bel et bien rire. Il avait même envie de rire à l'heure actuel, rire de bon coeur et de détresse aussi, car il aurait aimer, cela est vrai, connaître quelqu'un pour qui il aurait ressenti autre chose que l'affection irrévocable qu'il exerçait pour Lee Melisende. « Si je désirais une femme, mon chou, ça ne serait sans doute qu'une femme aussi charmante et enivrante que toi. Le savais-tu ? » Il posa son index sur le bout du nez de la jeune femme et appuya doucement dessus en baissant sa tête pour apercevoir son regard. L'affection qu'il lui portait était parfois trop relative, il ne se pressait pas à l'embrasser sur la joue toutes les cinq secondes ou à la garder dans ses bras pendant plus de une minute. Ronàn exercait une pression continuel dans son esprit – comme pour se dire que Melisende ne lui appartenait pas qu'à lui, certes, il aurait aimé, mais ce ne pouvait être le cas. « Hm... Breeeeeef, hein ? J'ai pas envie de parler femme avec toi.. Parce que... parce que t'es Mel, donc, Mel, on lui parle pas d'une autre que d'elle. » Un sourire léger s'installait sur le visage de Ronàn et il vint glisser le bout de ses doigts sur la douce joue de Melisende jusqu'à son cou, puis sa main retombait nonchalamment sur le côté comme-ci le fil qui la faisait agir avait été rompu contre son gré. Il n'aurait su vraiment que faire pour détendre cette atmosphère qu'il n'appréciait que trop peu. Une moue s'installait sur son visage et il fallut bien admettre qu'avec Melisende loger ainsi contre lui, on aurait cru à un couple s'aimant très fort, il fallait aussi bien admettre qu'avec Melisende loger ainsi tout contre lui, il ne pouvait pas vraiment bouger. Échappant un soupir, il se détacha légèrement de la jeune femme, en tapotant doucement le haut de son crâne avec affection. Diversion. Fuite. Ronàn n'était qu'un puéril petit garçon qui ne supportait pas qu'on lui parle d'amour et qui ne supportait pas le peu de proximité installé avec elle. « J'ai encore... du mal... » - certes il ne finit pas réellement sa phrase mais il était certain que Melisende comprendrait. Pour ne pas qu'elle lui en veuille de s'éloigner d'elle, il glissa sa main sur la sienne doucement et, toujours assis sur le rebord du canapé, il la tirait par le bras pour jouer avec ses petits doigts fins, comme perdu dans ses pensées.

« T'as un tact pas possible, mon chou.. » Melisende soupira. Elle venait de refermer la coquille de Ronàn. Du moins était-ce qu'elle pensait, avant que son bras à lui ne caresse son bras à elle. Elle se regarda, surprise qu'il ne se soit pas déjà éloigné – Ronàn était versatile, lunatique. Il soupira à son tour, elle l'écouta attentivement, comme si la vérité absolue sortait de sa bouche. « Si je désirais une femme, mon chou, ça ne serait sans doute qu'une femme aussi charmante et enivrante que toi. Le savais-tu ? » Elle sentit son doigt appuyer sur son nez, et elle rougit. De plaisir ou de gêne ? Surement un mélange des deux. Elle lui adressa une faible bourrade – elle n'était pas de taille à le frapper violemment lorsqu'elle le voyait faible, ainsi. Une certaine fierté l'envahissait. Elle n'avait jamais songé qu'il pourrait répondre ainsi – qu'il pourrait la considérer ainsi, comme sa femme idéale. Elle pensait que cette idée lui était réservée, qu'en aucun cas il ne partageait son opinion, et l'idée qu'ils soient à nouveau si semblables la rendait joyeuse. Cependant, lorsqu'il essaya de se rattraper en lui caressant la joue; elle fit claquer sa main sur la sienne, le rejetant doucement. « Tu n'es pas obligé de te sentir coupable d'être ce que tu es, Ronàn. Si je t'énerve, tu le dis. » « J'ai encore... du mal... » Elle redevint affectueuse, et lui sourit, angélique. « Tu en as le droit. Et tu sais quoi? » Elle jeta comme une enfant impétueuse un baiser sur la joue du jeune homme, et se colla à l'autre bout du canapé, loin de lui, loin de ses yeux et de sa réaction, qu'elle craignait étrange. « Je t'aime, bougre d'idiot. Oui, tu es un idiot – et un bougre. Mais je t'aime quand même. » Elle lui balança un coussin dans la figure, répondant à ses caresses timides – Mélisende aimait bien le rabrouer ainsi, ne voulant pas admettre que chacun de leur contact la rendait heureuse - et repris la télécommande – pour la reposer aussitôt, agacée. Finalement, l'option de la bataille de polochon était acceptable.

Elle se leva et balança avec force son ultime coussin dans la bataille, effaçant ainsi avec habileté les dernières traces de gêne qui flottaient dans l'air, et évitant une situation inconfortable à Ronàn. Elle se jeta sur lui et lança un cri de guerre mémorable – le genre de cri suraigu qui aurait pu écraser un tympan trop sensible. Elle avait certes brisé la fragilité du moment, mais avait aussitôt enchainé sur la taquinerie, la drôlerie. Leur jeu dura quelques minutes, avant qu'elle ne s'affala, épuisée, sur Ronàn. « C'est pas juste. Tu fais vingt centimètres de plus, et aussi trente kilos. C'est déloyal. » Elle attrapa un oreiller, et se mettant à califourchon sur le jeune homme, entama une attaque désespérée. Coup après coup, chacun de ses mouvements se ralentissait, au fur et à mesure que son esprit vagabondait vers d'autres horizons, et que son corps se vidait de toute énergie; elle finit par lâcher le coussin et se coucher sur Ronàn, son visage enfoui dans le cou frais et pâle du roux. « Ronàn... » Sa voix, étouffée par le fait que son visage était collé à la peau de ce dernier, lui parvint comme un grognement. Elle releva brièvement la tête, une figure bien plus morose peinte sur son visage. « Tu ne m'abandonneras pas, n'est-ce pas? [/color]» Lunatique. Melisende l'était sans aucun doute, et c'était aussi ce qui la rendait aussi inaccessible. Difficile à cerner, à comprendre, ses fréquents changements d'humeur en perturbaient beaucoup, en énervait plus d'un. Ronàn, lui, comprenait. Semblable à elle, il pouvait vous adorer et vous détester en une seule journée. Combien de fois avait-elle du essuyer une totale indifférence de sa part, alors que le jour suivant il la chérissait comme son trésor le plus cher ? Non, ils étaient différents. Jusqu'à quel point ? Nul ne le savait.

Immobile, bloquée dans sa position mi-couchée, mi-assise, elle pensait. A quoi ? A des tas de choses. Un visage revenait souvent. Ou plutôt deux. Deux visage, bien différents, qui se mêlaient de manière confuse. « De toute façon, si tu as ne serait-ce que l'idée de m'abandonner... c'est moi qui te brises la nuque. Et tu sais à quel point je peux être violente des fois. »

« C'est pas juste. Tu fais vingt centimètres de plus, et aussi trente kilos. C'est déloyal. » Un léger sourire traversa les lèvres fines de Ronàn tandis que sa main s'attardait dans les cheveux de la jeune femme. Il n'hésitait surement pas à ébouriffer sa tignasse rousse qu'il aimait tant malgré les coups qu'elle lui jetait avec faiblesse. Il avait presque envie d'en rire, mais Melisende était juste une femme faible qui n'avait d'intérêt qu'à vouloir taper ceux qu'elle aime – comme lui par exemple. Il soupira tandis qu'elle se calmait lentement, lasse de toute cette énergie perdue pour rien. Il était clair que Ronàn aimait beaucoup voir Melisende s'agiter ainsi – c'était un peu une façon à elle de montrer qu'elle était là et qu'elle ne serait que plus que là à partir de maintenant. « Ronàn... » Melisende ne devait surement pas se rendre compte qu'elle écrasait un peu trop Ronàn en s'allongeant pratiquement sur lui, comme une masse , mais sans doute s'en fichait-il – lui et ses trente kilos de plus. Son visage enfoui dans le cou de Ronàn, il était étrange qu'il ne se dégagea pas de cette étreinte un peu trop – rapproché, dirons-nous. Ronàn avait du mal, il lui avait dit plus tôt, mais peut-être qu'au fond, Melisende était une cause et une conséquence d'un changement énorme en lui. Il posait sa main doucement sur le haut du crâne de Melisende et jouait avec quelques unes de ses mèches rousses qui roulaient le long de ses épaules dans la lumière du jour de ce samedi chaleureux. « Tu ne m'abandonneras pas, n'est-ce pas? » Il fronça les sourcils doucement quand à la question de sa meilleure amie. Melisende changeait trop d'humeur avec le temps et les minutes qui passaient. Tantôt souriante et frivole, tantôt lunatique et plus froide, plus renfermée. C'était sans doute ce qui définissait Melisende dans toute sa splendeur, Ronàn le savait plus que quiconque sur terre qui connaissait la jeune femme. Il se demandait même si quelqu'un était meilleur que lui dans le rôle de meilleur ami aux côtés de la jeune femme rousse, après tout, elle ne lui avait jamais trop parler d'autres hommes aussi « talentueux » et « bons » que lui. Il échappait un demi rire, pour lui même. Il n'était pas talentueux, ni bon – il était juste Ronàn, c'était ainsi qu'il se définissait et c'était assez pour qu'elle l'aime pour ce qu'il était réellement. Il se demandait juste, pourquoi elle posait cette question, à ce moment précis d'un tel moment de bonheur et de joie – pourquoi soudainement elle décidait de réfléchir. « De toute façon, si tu as ne serait-ce que l'idée de m'abandonner... c'est moi qui te brises la nuque. Et tu sais à quel point je peux être violente des fois. » Il leva les yeux au ciel et passa ses bras autour de la taille de la jeune femme pour la soulever doucement et l'assoir à ses côtés. Il collait son dos au canapé et glissait sur le sol doucement, collant ainsi ses genoux au rebord de la table de salon qui occupait l'espace entre le canapé et la télévision. Il soupira, ferma les yeux et balançait sa tête en arrière pour qu'elle reposa sur le bas des coussins du canapé moelleux qu'il avait quitté.

« Pourquoi voudrais-je t'abandonner.... » Il laissait sa phrase en suspens doucement, les yeux toujours clos. Il inspirait l'air frais de cet appartement qui n'était pas le sien, juste celui de Melisende – sa meilleure amie , son double, son alter-ego. Pourquoi voudrais-je t'abandonner « Parce que tu as rencontré un autre homme et que tu ne trouves pas les mots pour le me dire... ou parce que simplement tu te poses la question subitement sans avoir de raison valable pour le faire ? » Pour la première fois, Ronàn comprenait avec incertitude le comportement de Melisende – il n'était pas sur du tout de ce qu'il annonçait, mais dans un sens ou dans un autre, cela n'avait pas de rapport avec lui – du moins, il croyait. Se tournant à nouveau vers elle, il ne se forçait pas à sourire, comme il l'aurait fait avec sa propre petite soeur – quand bien même si il en avait eu une. Se tournant à nouveau vers elle, ses lèvres s'étiraient en un large sourire. Pourquoi était-il heureux ? Il glissa sa main lentement sur la joue de la jeune femme avant de finir par lui ébouriffer les cheveux d'un geste tendre. « Je suppose que tu restes quand même ma meilleure amie, 'spèce de carotte rapé. » Auparavant, Ronàn n'avait pas eu la force de dire à Melisende qu'elle était comme sa meilleure amie – celle qu'il aurait voulu avoir du moins. Elle n'était pas comme, elle l'était juste devenu au fil du temps – très rapidement certes – mais elle l'était devenue malgré elle. Il n'était pas embarrassé à l'idée de lui dire le fond de sa pensée – il n'était pas embarrassé de lui dire qu'au fond «  il l'aimait » comme une petite soeur. Peut-être qu'il l'aimait un peu plus que cela, après tout, ils étaient liés comme les doigts de la mains depuis presque une longue année – après tout, il avait affirmé que Lee Melisende était le type de femme idéal pour lui – après tout, ils étaient bien trop proches pour n'être que ça. Mais il se refusait sans doute de croire que Melisende lui appartenait, car, il savait – qu'elle avait sans doute trouver chaussure à son pied récemment.

« Pourquoi voudrais-je t'abandonner.... Parce que tu as rencontré un autre homme et que tu ne trouves pas les mots pour le me dire... ou parce que simplement tu te poses la question subitement sans avoir de raison valable pour le faire ? » Il ébouriffa ses cheveux avec tendresse, mais elle était trop troublée pour pouvoir répondre à cet accès de gentillesse. Elle n'avait pas pensé à ça. Juste à Ronàn et elle, et trouvait étrange qu'il ai lu même au delà de ses pensées instantanées. Ça se voyait tant que ça, ou avait-l seulement un don pour la cerner de la sorte ? Elle scruta son visage avec suspicion. « Pourquoi tu dis ça ? C'était une simple question. » Elle mimait parfaitement l'innocence. Elle n'était pas professeur de théâtre pour rien. Mais elle doutait que cela suffise pour le berner.

Curieuse, elle se pencha vers lui. « Qu'est-ce qui te fait croire que j'ai trouvé quelqu'un ? » Etait-il question de simplement découvrir les changements en elle ou de mieux se cerner elle même pour éviter de ses faire découvrir la prochaine fois ? S'il y avait prochaine fois ? Melisende écarta cette idée de son esprit. Elle préférait ne pas penser à cette éventualité, surtout en présence de Ronàn; il semblait impossible qu'elle parle de choses comme ça au premier homme de sa vie. Et puis elle ne pouvait pas décemment parler de ça à un homme. Même avec Ronàn.

Soudain, une image lui revint à l'esprit. Ou plutôt deux images. Tout d'abord, celle de Ronàn. Ce jour là, il avait un œil bleuté et enflé, et sa joue était lacérée à de nombreux endroits. Il boitait – il était bien mal en point. Mais ce jour là était aussi un jour sans: ils ne s'étaient pas adressé la parole et s'étaient ignorés de manière royale, faisant comme si l'autre était un étranger. Et la seconde image, plus innocente, était celle de cette jeune fille, aux traits aussi occidentaux que Melisende, qui avait porté beaucoup d'attention à Ronàn ce jour là, et qui avait un air de continuelle culpabilité sur le visage. Un éclair se forma dans son esprit et elle fit un rapprochement – peut-être idiot, mais peu importait. Une pointe de jalousie attisa sa curiosité naturelle. Elle voulait savoir, quelque soit la réponse. « Et puis tu peux bien te moquer, mais tu n'es pas innocent de ton côté. » Elle haussa ses sourcils avec provocation, cherchant à déstabiliser le jeune homme. Elle aimait bien le rendre gêné – il n'appréciait guère de parler de telles choses. A vrai dire, tout ce qui touchait aux femmes le mettait dans l'embarras, et Melisende n'avait pas encore réussi à lever le mystère. Elle était persuadée qu'il avait quelque chose derrière tout ça. Elle prit un air dramatique, et déclama: « Mon dieu, me faire tromper de la sorte! » Elle porte une main à son front faussement fiévreux, dans un position caricaturale, puis éclata de rire, en portant cette fois ses mains à la gorge de Ronàn, faisant mine de l'étrangler.

« Bon, je suppose qu'on va pas faire les légumes toute la journée. Tu restes ici ? » Elle lui sourit, aussi engageante que possible. Elle aurait même pu mettre son orgueil de côté et le supplier. Ou l'attacher au canapé pour l'empêcher de s'enfuir. Et puis il était d'assez bonne humeur – elle avait envie d'en profiter. Elle ouvrit le placard en dessous de la télé, et en tira deux manettes qu'elle fit tourner à la manière de deux lassos. Elle alluma la console de jeu et jeta un regard malicieux à Ronàn. « Tu choisis le jeu. » Elle avait une vague idée du jeu qu'il allait choisir. Ou plutôt de celui qu'il voudrait choisir. Un jeu de mec, sans aucun doute. Mais par un miracle étonnant, Melisende ne cessait de battre le jeune homme à ce genre d'exercice – sans doute était-ce du au fait qu'elle le poussait de manière totalement involontaire lorsqu'ils entamaient une nouvelle partie.

« Pourquoi tu dis ça ? C'était une simple question. » Un léger sourire pleins de mélancolie traversa les lèvres pincés du garçon qui ne regardait point sa meilleure amie, mais plutôt le plafond blanc qui ornait sa totale délivrance de cette froideur qui faisait de lui le plus machiavélique des professeurs entêtés, recherchant ainsi un problème quelconque dans le monde qui l'entourait pour critiquer et provoquer et se montrer immature auprès de tout et n'importe quoi – quitte à blesser un de ses amis, quitte à se faire insulter, quitte à être le pire des enfoirés. Ronàn était ainsi, depuis toujours, mais depuis que Melisende faisait ainsi partie de sa vie, il n'avait qu'autre choix que de se résigner à vouloir changer – car le visage angélique de la jeune femme lui prouvait que le bonheur ne pouvait être loin de lui, que le bonheur l'attendait gentiment. La seule présence de Melisende réussissait toujours, par on ne sait quel moyen, à faire de lui un homme souriant et aimant son monde – ce qui étrangement ne lui ressemble pas. Appréciait-il seulement la situation – de ne plus être ce garçon que l'on aurait presque considérer comme un cancre tellement sa couleur de cheveux n'était que trop peu approprié dans son ancien pays natal autant que en Corée, maintenant ? Un soupir déchira l'atmosphère tandis qu'il resta silencieux face à la réaction de la jeune femme. Il était sans doute logique qu'elle n'avait pas à s'immiscer dans les affaires des autres – surtout dans celles de Melisende. Elle et ses histoires amoureuses, ce devait être d'un compliqué qu'il n'osait à peine y penser. « Qu'est-ce qui te fait croire que j'ai trouvé quelqu'un ? » Tout, mon pauvre chou. Ronàn savait discerner le faux du vrai très rapidement – et ce, surtout quand il s'agissait de la propre personne qu'était Lee Melisende – non pas qu'il voulut en savoir plus sur une de ses possibles conquêtes de ses derniers temps, mais il ne voulait surtout pas qu'elle soit blessé – dorénavant, il se promettait presque de la protéger jusqu'à sa mort, n'es-ce pas mignon ? On aurait su dire ce qui traversait l'esprit de Ronàn quand il regardait avec attention la jeune femme, mais il fallait avouer que son regard bleuâtre fixé sur elle, glissant de ses épaules dénudées à sa chevelure l'embellissant un peu plus qu'elle n'était, paraissait adsorber par sa contemplation. De toute évidence, Nahm Ronàn cherchait une faille dans l'esprit de Melisende, dans le jeu de Melisende. « Et puis tu peux bien te moquer, mais tu n'es pas innocent de ton côté. » Il fallut bien admettre que Lee Melisende avait plus d'un tour dans son sac et que par inadvertance, elle touchait encore une corde sensible du système immunitaire de Nahm Ronàn. Il était même désolé lui même qu'elle eut à trouver une faille en une simple et si sensible phrase. Il n'était pas innocent de son côté. Il avait entrepris tant de choses peu innocentes dans son passé lointain qu'il n'aurait réellement su de quel image Melisende parlait – l'innocence de s'être fait fracasser la gueule par un ivrogne du bar d'à côté pour avoir oser parler à la serveuse à qui l'ivrogne faisait du gringe ou encore la vraisemblable bonne idée qu'il a eu de se rendre en haut de la tour de séoul à une heure du matin et de s'être retrouver derrière les barreaux du poste de police du coin pour trop d'alcool dans le sang et infraction dans un lieu public fermé. Qu'était-ce dont cette non-innocence donc elle parlait et dont il cherchait le fruit de la pensée de Melisende ? « Mon dieu, me faire tromper de la sorte! » Il explosa de rire – réellement. Il échappait un rire vrai et doux qui présentait ainsi la bonne humeur qu'il était capable de couver au fond de lui. Cette bonne humeur n'allait sans doute pas échapper à Melisende, mais de toute manière, n'était-elle pas la créatrice de toute cette bonne énergie venant de lui ? Bonne humeur, énergie, aura. Que demande le peuple ? Sans doute que Ronàn arrête de jouer la comédie, sans doute que Ronàn s'ouvre au monde et aux bonnes vertus de la vie. « Bon, je suppose qu'on va pas faire les légumes toute la journée. Tu restes ici ? » Il hochait la tête affirmatif. Oui il allait rester. Par contre, il comptait vraiment jouer le légume auprès de Melisende et se faire « chouchouter » ou « réprimander » pour comportement indiscipliné dans la demeure de la jeune femme. Elle sortait deux manettes du placard en dessous de la télévision et il souriait doucement. Sourire en coin qui voulait tout dire. Il savait ce qu'elle préparait. Melisende connaissait par coeur Ronàn et Ronàn connaissait par coeur Melisende. Il soupira et attrapait la manette qu'elle lui tendait. Son geste fade et sans vie. Sa main retombait sur le coté de son corps alors qu'il était toujours assis contre le bas du canapé, adossé nonchalamment. « Tu choisis le jeu.  Il échappait un soupir désespéré. « Je suppose que je n'ai pas le choix entre... les sports que tu détestes et que j'aime... ne? Avoue tu as bloqué les paramètres pour me battre sans arrêt. » Il inclinait sa manette sur le côté et sélectionnait un jeu au hasard sans vraiment regarder lequel il s'agissait. Il savait pertinemment qu'elle gagnerait – comme-ci elle s'entrainait la veille au soir en sachant avec son oeil translucide qu'il allait choisir tel ou tel jeu. Melisende faisait parfois peur mais.. il déposait un léger baiser sur la joue réchauffée de Melisende et annonçait en regardant l'écrant : « Donc. Il s'agit du... Peut importe, semblerait-il que c'est à vous de commencer, chère Melisende. »




(ai baclé la fin, suis creuvé, dodooooooooooo ♥).

« Je suppose que je n'ai pas le choix entre... les sports que tu détestes et que j'aime... ne? Avoue tu as bloqué les paramètres pour me battre sans arrêt. » « Ça, c'est l'astuce du chef, mon cher. J'ai geeké pendant plusieurs mois sur cette console avant de m'imposer totalement. » Simple trait d'humour. Melisende était incapable de hacker quoi que ce soit – les seuls capacités informatiques qu'elle possédait consistaient à rentrer des chiffres dans un tableur et à écrire des programmes de cœur sur un fichier texte. Elle était capable de surfer correctement sur internet. Et le reste relevait de l'inaccessible pour elle. Les technologies, elle ne les côtoyait que peu, et s'en tenait le plus éloigné possible. Son portable était fonctionnel – des appels, quelques SMS, et le tour était joué. Cependant il fallait avouer que les jeux vidéos n'avaient pas de secrets pour elle – malgré le fait que le gente féminine était censée être moins calée que les hommes. Et le pire, c'était que les jeux de sport ne lui résistaient jamais longtemps – surtout le football. Elle maniait la manette avec une dextérité que même ronàn ne pouvait égaler. A défaut de le battre lorsqu'ils se battaient avec les poings, elle retrouvait un semblant de fierté en le battant à plate couture sur la télé.

« Donc. Il s'agit du... Peut importe, semblerait-il que c'est à vous de commencer, chère Melisende. » Elle lui adressa un sourire carnassier, et commença à appuyer frénétiquement sur le joystick. Les parties se succédèrent et Melisende accorda une partie gagnante à son compagnon. Au fur et à mesure que la journée avançait, elle commençait à se lasser. Finalement, elle prit la manette des mains de Ronàn, et la posa en compagnie de la sienne près de la console. « Ça suffit maintenant. Finalement, c'était une bonne idée de faire les légumes toute la journée. » Elle s'assit sur les genoux du grand jeune homme et passa ses bras autour de sa nuque, le sourire aux lèvres, et remit les mèches de cheveux incandescente sur le front de Ronàn en place, et attrapa ses deux joues, et le tordit en un sourire exubérant, éclatant de rire à cette vue. « On devrait se marier je crois. Et puis, Nahm Melisende... ca sonne plutôt bien. Qu'en dis-tu ? Tu trouveras pas femme plus attentionnée que moi. Je te ferais à manger, je te ferais un câlin tous les matins, et je te battrais cordialement à la console tous les weekend. » Elle déposa sa joue sur l'épaule robuste, et poursuivit son récit puéril, qu'une enfant de dix ans aurait pu tenir face à son amoureux. « On aura pleins d'enfants roux aux yeux bleus, qui auront notre beauté et notre intelligence. On habitera dans mon appartement, et on refera la déco, si tu veux. Je suis prête à faire des efforts sur le papier peint. » Elle jeta un coup d'œil distrait à l'horloge au dessus de l'encadrement de la porte du salon, derrière eux. Il était déjà midi moins le quart. Le temps passait toujours plus vite avec lui, s'en était étrange. Elle se perdit dans la contemplation muette des reflets de la lumière dans leurs cheveux qui se mélangeait à cause de leur proximité. Ainsi immobile, des pensées qu'elle pensait oublier en sa compagnie revenaient au galop. Elle lâcha, pensive, plus à elle même qu'à Ronàn: « En plus, se marier règlerait bien des problèmes. » Se ressaisissant soudain comme si un sursaut l'avait secouée, elle se leva avec énergie, sautillant sur place.

« Tu veux manger ? Tu connais mes talents de cuisinière. » A vrai dire, melisende n'était pas particulièrement douée. Elle savait suivre a la lettre les consignes d'une recette et le résultat était toujours à la hauteur des attentes. D'ailleurs, elle mettait du cœur à cet exercice – seuls ses parents et ronàn avaient jusque là bénéficié des repas de la jeune femme. Mais sans recette... elle était tout simplement incapable de cuisiner quoi que ce soit. Elle entraina le jeune homme avec elle dans la cuisine, sortit un cahier de recettes de cuisine d'un tiroir, et le jeta sur la table. « Choisis ton repas, jeune homme. C'est à la carte aujourd'hui. »

Ronàn fixa un instant la jeune femme. Ses yeux bleus glacial planté dans ceux de la jeune femme. Un léger sourire vint s'inscrire sur les lèvres fines du garçon – lèvres qui ne s'étiraient en un large sourire qu'en présence de Melisende, elle-même bien entendu. Avait-elle déjà rêvé un jour qu'elle se retrouverait à jouer les femmes aimantes auprès de son mari ? Ce n'était qu'un simple jeu, mais Ronàn semblait avoir particulièrement de mal avec ce jeu, à ce moment de la journée. Tout ceci ne tournait pas rond, après tout, ils se détestaient il y a encore des mois de cela et voilà qu'ils étaient collés l'un à l'autre comme un couple – mais, le hic étant qu'ils n'étaient que des « frères et soeurs » à leurs propres yeux. Parfois il arrivait que Ronàn nourrisse une soif de plaisir, une façon à lui de se montrer qu'il n'était pas ce cas désespéré que Melisende avait repêché à l'école. Il nourrissait au fond de lui cette avide envie de changer et de devenir meilleur qu'il ne l'a été auparavant. Mais n'es-ce pas un peu stupide de penser qu'au fond il n'était qu'une loque sans avenir qui ne changerait pour rien au monde son mode de vie et ses habitudes d'alcooliques endurci ? Non Ronàn n'est pas alcoolique pour un clou, il s'y fond juste quand le moment et la situation l'en oblige. Un soupir et il regarde le cahier de cuisine de la jeune femme. Il n'a jamais vraiment eu affaire aux talents culinaires de la jeune femme, mais au fond, il semble tout de même nourrir une grande envie de voir ce dont la jeune femme peut être capable avec lui. Il échappe un sourire malicieux et se concentre sur les premières pages avant de relever son nez du cahier et de lui jeter un regard. «  Je ne sais même pas ce que je lis, je n'y connais rien ma pauvre Melisende... mais mais, un jour tu m'apprendras à cuisiner ? Enfin, évaluons déjà. Je prendrais ce que tu veux, fait ceeee que tu veux. » Il donna une tape sur l'épaule de la jeune femme pour l'inciter à faire ses preuves. Il alla s'assoir sur une chaise à quelques mètres d'elle et la fixa, elle et ses ingrédients secrets qu'elle manipulait avec le plus de fluidité que lui n'aurait su le faire. Non, ce n'était surement pas à Ronàn qu'il fallait demander de faire cuire ne serait-ce que 250grammes de pâtes dans de l'eau, il en est tout bonnement incapable. Et pourtant il s'agit des gestes de débutant que tout le monde connait dans le monde. Cela fait beaucoup rire le monde qui entoure Ronàn et qui sait que «  Monsieur n'est pas doué du tout en cuisine alors il ne touche presque jamais à ses casseroles chez lui » Et c'est ainsi qu'il se retrouve à squatter chez Lee Melisende – non pas seulement pour manger et dormir – il nourrissait quand même l'envie de la voir, de l'embêter, de la taquiner et de l'avoir seulement pour lui pour une après-midi seulement, une soirée ou même une matinée. Aujourd'hui n'était pas un jour exceptionnel pour eux – Ronàn avait tellement l'habitude de se retrouver ici, qu'il s'agissait de sa deuxième maison en quelque sorte. Melisende était sans doute trop bonne avec lui, mais il se fichait bien de la bonté ou de la pitié qu'elle pouvait éprouver quand à son état de lassitude. De toute manière, il n'y avait aucune question de pitié ou pas, Ronàn appréciait d'ailleurs Melisende pour sa juste valeur. Elle était tout bonnement la personne qui le comprenait le mieux sur cette terre. Ce fut incroyable d'ailleurs qu'il eut réussi à se confier petit à petit à elle, ce bout de femme si imprévisible qui s'offrait corps et âme à lui pour lui faire comprendre qu'elle était juste là – pour lui. « Femme, j'ai faim. » Il échappait un sourire plus malicieux que le dernier. Le jeu était parfois drôle – le jeu prenait une tournure totalement autre que Ronàn ne pouvait s'empêcher d'apprécier au fond de lui. Toute cette plaisanterie et ce badinage lui permettait au fond de souffler et d'être lui à sa juste valeur. « Sachez que je ne tolèrerais plus un retard ans la préparation du repas à partir d'aujourd'hui, femme, regardez dont vous même il est déjà la demi et nous n'avons pas commencer. » Les talents de comédien de Ronàn se réduisaient généralement à la plaisanterie, mais il s'agissait d'une façon pour lui de s'évader de cette vie « misérable » qu'il eut à supporter jusqu'à maintenant. Un sourire béat sur ses lèvres se dessinait quand le plat préparé avec amour de Melisende se posait face à lui sur la table de la cuisine et qu'il osait se lécher les babines comme un chien affamé en la regardant avec des yeux de chats remerciant sa maitresse. « Semblerait-il que votre repas est appétissant. Je vous pardonne. Mangeons, n'es-ce pas? » Le ton humoristique de Ronàn semblait dérailler quelque peu quand son sourire grandissait à vue d'œil sur son visage enjoué qui révélait ainsi un rire refoulé qu'il tentait de dissimuler au plus profond de son être – ce qui d'après lui, ce midi-là était simplement impossible. « Sortirons nous cette après-midi ? Avez vous envie de... bouger ? Marcher ? Courir ? Voulez vous apprendre à chanter à tue-tête dans les ruelles les plus étroitesse de la ville ? Saviez vous que l'autre jour, j'y ai rencontré un fort bon jeune homme, pas plus haut que trois pommes, il vendait des limonades et je peux ainsi vous dire qu'il était drôle d'y voir des spécimens aussi spéciaux. Saviez vous que les coréens de nos jours sont... hm.. comment dire... » il fallait sans doute arrêter de jouer. Il fallait sans doute laisser tomber le masque. « Je rigole. Je... Parle. Dis quelque chose. »

« Je ne sais même pas ce que je lis, je n'y connais rien ma pauvre Melisende... mais mais, un jour tu m'apprendras à cuisiner ? Enfin, évaluons déjà. Je prendrais ce que tu veux, fait ceeee que tu veux. » Melisende fit un petit saut de joie avant se s'affairer à trouver les ingrédients qui lui convenaient. Elle voulait lui préparer sa recette fétiche, et surement la seule qu'elle était capable d'exécuter sans l'appuie d'un livre. Elle bondissait d'un plan de travail à un autre, excitée comme une puce, et finit par présenter un plat agréablement odorant à Ronàn. « Femme, j'ai faim. Sachez que je ne tolèrerais plus un retard ans la préparation du repas à partir d'aujourd'hui, femme, regardez dont vous même il est déjà la demi et nous n'avons pas commencer. » Elle lui tira la langue, puérile, et s'assit à son tour, après avoir préalablement déposé des assiettes et des couverts sur la table vierge. « Mangez avant que votre plat ne refroidisse. » Elle ramena ses genoux contre sa poitrine, ne touchant pas à son assiette et observant les réactions de son roux préféré. Elle accueillit avec un sourire ravi son expression d'envie muette face au plat qui s'était présenté à lui, accueillit avec tout autant de joie ses délibérations étranges sur la Corée. « Je rigole. Je... Parle. Dis quelque chose. » Elle s'assit sur ses genoux et posa sa joue sur la large épaule du jeune homme, enfouissant à son tour son visage dans la fraicheur de son cou. Elle entoura sa nuque a lui de ses doigts, et étouffa un léger rire. « C'est comme ça que font les couples, non ? » Elle prit une mèche de ses cheveux, en pris une de Ronàn, et observa les différents chatoiements dus au soleil. Sa chevelure a lui était plus rayonnante, plus claire. Son roux à elle était plus mat, et plus nuancé. Mais il était accompagné de milliers de taches de rousseurs que lui ne possédait pas. Elle passa une main dans ses longs cheveux, les rejetant brievement en arrière.

« A vrai dire... je n'ai pas vraiment envie de bouger. Je crois que j'ai juste envie d'être avec toi, et de te regarder. » Elle frotta le bout de son nez contre sa mâchoire, comme un félin. « J'en profite. Peut-être que demain... on s'ignorera. Alors je préfère... » Elle fut soudain coupée par la sonnerie de son téléphone. Elle se précipita vers le buffet ou elle l'avait posé, et jeta un coup d'œil à son écran. Elle rougit en lisant le message, et cacha rapidement le portable, gênée. Mais Ronàn n'eut pas le temps d'enchaîner et de se montrer curieux, car le sien sonna à son tour – et cette fois, ce fut Melisende la plus rapide. Elle se mit derrière lui et lu par dessus son épaule, et ce qu'elle lu la fit écarquiller les yeux. C'était sans aucun doute possible un sms venant d'une élève. Et même si elle se trouvait incapable de faire quelque remarque que ce soit – elle venait elle même de recevoir un sms de Lloyd, qui avait, par un moyen inconnu, réussi à obtenir son numéro – elle songea que Ronàn n'était effectivement pas si innocent que ça et qu'il risquait de tomber dans un cercle dont il était impossible de s'échapper; tout comme elle. « C'est quoi, c'est quoi, c'est quoiiiiiii? » Elle sautillait derrière le siège, et tenta de dérober le portable à Ronàn qui esquiva. Il se leva, et elle agrippa son tee-shirt de ses mains, lui adressant un regard de chien battu. « Steuuuplaiiiit... » Remarquant la mine grognon de son compagnon, elle choisit un nouvel argument, abandonnant ses idées de séduction par la pitié. « Si tu me dis qui est cette fille... je te dis qui est le garçon qui m'a envoyé un sms. »

Devant sa mine toujours peu encline à jouer à ce petit jeu, elle se sépara de lui, et pris son portable d'un air parfaitement détaché, une moue cependant taquine sur les lèvres. « Très bien. Tu ne sauras pas qui est ce jeune homme... et je t'abandonnerais une fois qu'il m'aura demandé en mariage. Adieu les bons petits plats, les câlins et les bisous... » Elle enfonça le portable dans la poche de son pantalon, et se rassit dignement sur sa chaise, mimant une indifférence royale. Elle savait qu'il n'ignorait pas qu'elle jouait, seulement, et qu'elle n'était pas du tout indifférente. Jalouse ? Elle l'était peut-être un peu. Mélisende était naturellement possessive, et elle se sentait un peu mal de se dire qu'un jour, Ronàn ne serait plus totalement à elle, mais aussi à un autre. D'un autre côté, elle ne lui souhaitait que le meilleur – même si le meilleur signifiait s'éloigner d'elle. Elle aussi, un jour, elle devrait s'éloigner de lui, même si elle préférait ne pas penser à cette éventualité.

« Très bien. Tu ne sauras pas qui est ce jeune homme... et je t'abandonnerais une fois qu'il m'aura demandé en mariage. Adieu les bons petits plats, les câlins et les bisous... » Un léger sourire se dessinait sur les coins de ses lèvres minces, tandis qu'il levait les yeux au ciel – presque pas agacé qu'elle ne lui fasse pas un tant soit peu confiance. Le message qu'il eut recu n'était rien d'autre que celui de Muze. Une fille. Comme une autre. Ou pas. Une élève en fait. Dernière année. Musique. C'était ce qui résumait la jeune femme dans l'esprit contradictoire de Ronàn. Ce professeur n'avait rien d'attirant. Ce professeur n'avait rien de gentil et d'attentionné. Mais la gamine s'obstinait presque à vouloir savoir si « il allait bien » ou pas. Ronàn ne va jamais bien – sauf quand il se trouve en face de Melisende. Il est bien obligé de sourire, rire, manger, boire, danser, chanter, agir comme un homme « normal ». Ronàn n'a jamais vraiment été dans un état de spontanéité qui lui venait par lui même. Tout venait souvent de ce que Melisende désirait ou quand elle lui forçait la main aussi, cela marche toujours. Elle est toujours comme une petite soeur. Elle sera toujours comme une grande soeur. Il ne pouvait délibérément pas parler de Muze comme étant une « amoureuse transi qu'il se fut trouver en la sauvant de pervers sur un parking ». Il ne pouvait pas auprès de Melisende surtout. Il se le refusait catégoriquement à présent. « C'est rien du tout. RIEN-DU-TOUT. » Les yeux de chien battu de Melisende quelques secondes avant qu'elle se rassoit indifférente restaient gravé dans le coeur du jeune homme. Il fallut bien qu'il avoue qu'il ne pouvait pas garder le secret éternellement face à Melisende, c'était tout bonnement impossible. Mais qu'elle parle donc de ce jeune homme dont elle parle, elle-même et on verra après. Ronàn n'aime déjà pas savoir qu'elle puisse fréquenter d'autres garçons que lui – sa possessivité le rend parfois trop jaloux, sans doute. Il soupira. Il fallait reconnaître aussi que Melisende était une bonne comédienne – ce n'était d'ailleurs pas pour rien qu'elle exerçait le métier qui les fit se rencontrer par un énorme hasard destiné à les rapprocher. « Erm... C'est... compliqué ? J'ai pas envie de passer des heures à te parler de ça alors que tu ne me dis même pas qui est le ténébreux garçon qui fait brûler ton coeur. Ouaaais, j'te vois déjà à des kilomètres, tu vas te marier avec lui et m'abandonner. Fait donc. J'ai d'autres n'amies moi aussi. » Il lui tira la langue avant de faire une moue légère et baisser son regard sur son assiette à peine entamé. Le repas était sans doute déjà froid, mais au diable le repas, la conversation était disons... devenue plutôt intéressante si on en croit leurs renfrognements mutuelles à ne pas vouloir parler et dévoiler l'indévoilable. Était-il courtois d'être attirer par son élève ? Était-il normal de la sauver à plusieurs reprises d'une mort certaine ? Etait-il normal qu'il soit si obnubilé par elle alors que son caractère buté n'arrive même pas à retenir ses gestes affectifs qu'il éprouve envers elle dès qu'ils se croisent ? Cela lui rappelait vaguement leur dernière entrevue, dans son bureau, quand elle avait pris un malin plaisir à le torturer en s'asseyant dans le sien devant lui, quand elle pris un malin plaisir à torturer tout ses sens. Muze est une enfant douée de méchanceté et de malice, mais cela ne l'empêche en rien de se foutre dans des situations grotesques et embarrassantes. Muze est trop naïve aux yeux de Ronàn, mais pourquoi cette naïveté l'attire tellement ? Muze est douce et frêle à ses yeux, comme cette gamine aux cheveux blonds chatoyants qu'il eut rencontré quand il se trouvait encore en Europe avec son meilleur ami schizophrène. C'était sa soeur. Et d'ailleurs Ronàn l'avait longtemps considéré comme telle, même si ses yeux se posaient sans arrêt sur cette magnifique silhouette qu'il apercevait à des kilomètres à la ronde. Ronàn est obnubilé par la beauté des femmes – Ronàn est obnubilé par la naiveté et la douceur des jeunes femmes. Non pas qu'il soit pédophile ou complètement fou, mais il nourrit une profonde envie de se rapprocher de Muze – il essaye d'ailleurs de se prouver qu'il n'a pas besoin d'elle, qu'il ne doit vraiment pas l'approcher. Il n'oserait la toucher. Il n'oserait lui faire du mal. Mais Ronàn est trop fier – il a trop peur – il réfléchit trop. « Disons que.. je lui ai sauvé la vie, en grand preux chevalier que je suis. Cette étiquette ne me va pas du tout. Franchement, tu t'imagines, Nahm Ronàn, chevalier servant sur son cheval blanc ? Ca sonne très faux. Je m'égare, ne? Mais... Mel... Parle moi de ton « ami » plutôt. Muz.. erm... elle n'est pas intéressante cette fille. » Un léger sourire s'étirait sur son visage sans vraiment d'expression. Il fallait vraiment admettre que Melisende devait être mise au courant de cette situation. Il fallait qu'il lui en parle et qu'elle l'empêche de commettre un faux pas – lui était professeur – elle était élève. Il fallait que ça en reste seulement là. Sans doute, Ronàn ne s'était jamais posé la question de ce qui impliquerait si une élève fricotait avec un professeur – qu'es-ce que ca peut changer de deux élèves normaux ? Un soupir et il relève son regard vers Melisende doucement.

« Erm... C'est... compliqué ? J'ai pas envie de passer des heures à te parler de ça alors que tu ne me dis même pas qui est le ténébreux garçon qui fait brûler ton coeur. Ouaaais, j'te vois déjà à des kilomètres, tu vas te marier avec lui et m'abandonner. Fait donc. J'ai d'autres n'amies moi aussi. » Sa bouche s'ouvrit en un 'o' parfait qui lui donna un air de surprise intense. Elle se mit à taper le jeune homme avec un bouquin de cuisine, ponctuant chacun de ses coups d'un mot qu'elle soufflait avec une fausse colère: « Tu... n'as pas... d'autres... amies... que moi.... BABO ! » Melisende était possessive et jalouse, et ces traits de caractères comptaient aussi pour Ronàn. Tant qu'elle pouvait se vanter d'être la seule femme dans sa vie, elle comptait bien le lui faire comprendre. Et le jour ou elle ne serait plus la seule, elle s'en irait discrètement – non sans avoir fait un examen précis de la personne qui devrait la remplacer. « Disons que.. je lui ai sauvé la vie, en grand preux chevalier que je suis. Cette étiquette ne me va pas du tout. Franchement, tu t'imagines, Nahm Ronàn, chevalier servant sur son cheval blanc ? Ça sonne très faux. Je m'égare, ne? Mais... Mel... Parle moi de ton « ami » plutôt. Muz.. erm... elle n'est pas intéressante cette fille. » Melisende écarquilla encore plus les yeux. « Muze..? MUZE ?! » Elle lacha un petit cri de surprise, levant un doigts vers le plafond comme soulevée d'un éclair de génie. Muze... ce nom lui disait vaguement quelque chose. Et en un flash, tout lui revint. C'était une élève de l'académie. Une élève qui avait des traits occidentaux – tout comme Ronàn et elle. Elle serra ses mains entre elle et mit une tape amicale sur l'épaule du jeune homme. « Mais c'est une élève ! » Contrairement à ce qu'il attendait surement d'elle, un sourire se peignit sur ses lèvres, et elle fut soulevée d'un rire incontrôlable. « Mais en fait, tu es un véritable tombeur ! Une élève... Elle est comment ? Elle est en quelle année ? Elle est jolie, non ? » Oui, Melisende est curieuse; Surtout en ce qui concerne Ronàn. Tout ce qui touche de près ou de loin à lui l'intéresse au plus haut point, pour le grand malheur de celui-ci.

Soudain, comme il restait silencieux et l'observait avec force, elle se tut, et se mit à gigoter nerveusement. Elle ne savait pas vraiment comme mettre le sujet 'Lloyd' sur le tapis. Si elle avait désormais comme argument de défense sa relation avec cette jeune élève. Mais elle craignait une réaction violente de la part du jeune homme – il lui arrivait parfois d'être très protecteur envers elle. Et Ronàn pouvait aussi avoir certains élèves dans son collimateur. Il ne lui restait plus qu'à espérer que lloyd ne faisait pas parti de ceux là. Elle se rapprocha donc du jeune homme, quelque peu embarrassée. « Eh bien... tu promets de ne pas te mettre en colère, hein ? » Certes, c'était la meilleure manière de l'angoisser et de le mettre en colère. Mais elle voulait s'assurer qu'elle aurait sa promesse avant de prononcer quoi que ce soit de nouveau. Une fois qu'il eut acquiescé, elle continua sur sa lancée. « En fait... c'est moi aussi un élève. » Voyant la mine effarée de son interlocuteur, elle s'empressa de préciser: « Tu as promis de ne pas t'énerver !! » Elle passa une main nerveuse dans ses longs cheveux encore quelque peu humides, puis posa un doigts sur les lèvres de Ronàn, espérant l'empêcher de réagir trop violemment. « Tu le connais forcement, je sais qu'il est censé avoir cours d'anglais avec toi. Il s'appelle Lloyd... Jung Lloyd. » C'était bon, elle l'avait dit. Elle avait réussi à prononcer tout son discours presque sans discontinuer et sans bafouiller, bien qu'une rougeur soit montée à ses joues lorsqu'elle avait prononcé le nom de l'effronté qui l'avait faite défaillir.

La réaction de Ronàn lui tira une moue surprise, et elle cacha ses yeux derrière ses mains criblées de taches de rousseur, reculant jusqu'au plan de travail derrière elle, attendant la sentence finale. Les paupières toujours fermées, elle pointa un doigts vers la silhouette de Ronàn – ou du moins vers l'endroit ou elle pensait qu'il se trouvait, ne pouvant l'affirmer, ayant les yeux clos – et chuchota d'une voix incertaine: « Tu peux rien me dire. Toi aussi tu flirt avec une élève. Alors épargne moi les discours moralisateurs, s'il-te plait. »

Pourquoi la surprise ne se rependait pas sur le visage de Ronàn quand elle lui annonçait cette « dompteuse » nouvelle que voilà ? Pourquoi il n'était pas certain d'avoir bien entendu ? Jung Lloyd. Le sécheur de cours attitré. Il déglutissait difficilement, restant silencieux face aux paroles si étranges soient-elles de Melisende. D'habitude, même quand Melisende avouait une faute grave à Ronàn, celui-ci réagissait avec exactitude et sérénité, mais là, il s'agissait d'un extrême courage de sa part ne pas hurler en courant partout tellement la nouvelle paraissait stupide, idiote, folle, et complètement désarçonnant oui. Il se levait doucement tandis qu'elle rétorquait que lui aussi était dans le même cas, que lui aussi « flirtait » avec une élève, que lui aussi était un terrible inconscient qui brûlait les règles avec passion. Non ce n'était pas le cas. Ronàn n'avait pas toucher Muze. Ronàn n'avait pas embrasser Muze. Ronàn l'avait juste sauver d'une mort certaine, point, barre, saut de ligne. Il l'a fixa un instant. Ses yeux fermés. Ses yeux cachés. Son comportement montrait particulièrement l'angoisse de Melisende quand à dévoiler autant d'informations en une phrase quelconque. « Cours d'anglais. » - « connaître. » - « Lloyd. » et c'était totalement suffisant pour attiser la rage et l'anxiété de Ronàn. Elle avait tout les droits : de s'approcher d'un élève, de flirter, d'embrasser qui elle veut, mais Jung Lloyd – pourquoi ce gamin sans cervelle qui ne faisait qu'accroitre la colère et la rage de Ronàn à chaque cours en arrivant en retard avec un sourire aux lèvres ou même croiser Ronàn en riant bêtement. Ronàn se retenait presque de la secouer de toutes ses forces. Ronàn se retenait presque de partir, de fuir ses paroles. Il n'aimait juste pas ça. Il n'aimait juste pas croire qu'il serait légèrement délaissé face à ce crétin d'enfant. Lloyd était un enfant. Lloyd était encore trop jeune. Lloyd n'était pas fait pour elle. Pas lui du moins. Ronàn aurai accepté n'importe quel gamin de l'âge de Jung Lloyd, mais pas lui. Mais c'était définitivement trop tard. Il ne pouvait strictement rien changer. Melisende semblait « amoureuse » - c'était sans doute ça le pire. C'était ca qui provoquait la hargne, la rage, l'anxiété, la peur, la colère et la destruction mentale de Nahm Ronàn. « Très bien. » Il se levait doucement de sa chaise et faisait quelques pas, glissant sa main sur le rebord de la table puis en posant celle-ci sur les mains de Melisende cachant ses yeux rieurs et angoissés à l'idée de voir « sa » réaction. Mais Ronàn ne réagit jamais. Mais Ronàn est un gars statique, qui ne fait rien quand il faut et quand il fait tout quand il ne faut pas. Un énorme soupir traversa les lèvres pincés du garçon. Ses lèvres qui souriaient encore quelques minutes avant cette « désastreuse » révélation. Mais elle n'était pas si horrible, si catastrophique – cette révélation – elle montrait ainsi la véritable valeur de la vie à Ronàn et il savait pertinemment qu'elle ne serait pas rester jusqu'à sa mort à ses côtés – peut-être que si, mais beaucoup moins qu'il l'avait espéré au fond de lui. Il était livré à lui même – il était livré à tant de choses – et Melisende s'était révélé toujours là pour lui, jusqu'à aujourd'hui, où les roles sont cédés à leurs « amours » pour d'autres. « Je suppose que tu dois être heureuse. Naon. Je te souhaite d'être heureuse. » Le ton froid qu'employait Ronàn ne montrait que définitivement trop bien sa peur, sa fermeté à être têtu et possessif. Non, il n'était pas jaloux de Lloyd – ca non, il n'avait pas le droit, pas d'un gamin comme lui. Ronàn connaissait bien Melisende – au fond il lui faisait confiance, mais pas à Lloyd. Il avait peur qu'il lui brise le coeur. Il avait peur de devoir retrouver Melisende en mille morceaux dans quelques jours, mois, années – mais encore depuis combien de temps cela dure ? Depuis combien de temps elle lui cache cette liaison dangereuse ? Même lui, qui ne « flirt » pas avec Muze, est attiré, mais il se retient, il se projette dans l'avenir et la voit dans ses bras, il se force à ne pas l'approcher, il se force à ne pas lui céder. Muze est une teigne. Muze est une gamine froide et charmeuse qui désire tellement de choses. Ronàn l'a bien compris. Ronàn l'évite pour le mieux. Mais Melisende n'a pas fait la même chose – elle a plongé, tête baissé, il le sait. Un deuxième soupir s'échappait de ses lèvres. Sa main retombait le long de son corps et il s'éloignait dans le salon, en quête d'une réflexion plus assidue que de savoir « pourquoi ? Comment ? Quand ? Où ? » mais pour lui, la question restait réellement en suspend. « Et lui, allait-elle l'oublier ? Et lui, pourquoi il était au courant que maintenant ? Et lui... il ne comptait pas ? » Ronàn comprenait ainsi son attachement pour Melisende. Plus encore qu'il ne l'aurait cru, il aimait réellement Melisende comme sa petite soeur et ce jour-là, il réagissait simplement comme un frère à sa soeur, un père à sa fille. Il était juste perturbé et devait juste digérer la révélation comme tout être apprenant une difficile chose inexplicable qu'on aimerait vraiment comprendre – en vain.


(ma dernière phrase est incompréhensible je sais. et il parle pas beaucoup le p'tit ronàn. ♥)

« Très bien. » Melisende dévoila ses yeux, à une vitesse proche de l'immobilité. Melisende avait peur de la réaction de Ronàn. Et le fait qu'il ne dise rien, qu'il soit impassible, la faisait d'autant plus souffrir – cela démontrait qu'il devait avoir un énorme contrôle de lui même, que la nouvelle était assez horrible pour qu'il juge nécessaire de se ferme comme un huitre. Elle se leva à sa suite, tenta de le retenir – il n'en eut cure. Il lui semblait qu'elle n'était plus qu'une ombre dans cette pièce et qu'il tentait de l'occulter. Elle ne le supporterait pas. Ronàn faisait parti d'elle – comme sa famille, comme le frère qu'elle aurait pu avoir. Il faisait plus parti d'elle que nombre de ses anciens petits-copains. Il était plus important que quiconque – Lloyd excepté, désormais, quoique la différence de durée de relation entre ces deux là la rende plus proche de Ronàn. « Je suppose que tu dois être heureuse. Naon. Je te souhaite d'être heureuse. » « C'est ça. Vas-y. Crache ton venin. » Elle s'était postée devant lui, ayant bloquée toute avancée, les mains sur les hanches à la manière d'une mère sévère – ce qu'elle pouvait aisément devenir en sa compagnie. Une mine proche de la fureur peignait les traits de la jeune femme, encore joyeux il y avait quelques secondes, mais ils se radoucirent légèrement à la vue du visage impassible de Ronàn qui témoignait d'un certain trouble, d'une certaine douleur. Elle se rapprocha doucement de lui, posa une main délicate sur la joue du jeune homme, qu'elle caressa avec tendresse. « Je ne peux pas être heureuse si tu fais cette tête, babo. Je ne sais pas vraiment ce qui se passe dans ta tête en ce moment – je n'en ai qu'une vague idée. Mais j'ai plusieurs choses à te dire. » Elle déposa, lentement, un baiser sur la joue de son ami. « Premièrement. Je sais que je suis imprudente. Et inconsciente. Ce genre de relation est interdite mais... A vrai dire, je n'ai plus vraiment le choix. Je ne sais pas si je vais souffrir. C'est possible. Mais je ne peux plus faire marche arrière. Deuxièmement. Ce n'est pas parce que je sors avec quelqu'un que tu ne comptes plus pour moi. Qui que ce soit, quelle que soit la relation, je t'aime, tu m'entends ? Et ça, personne ne pourra me l'enlever. Et je serais toujours – absolument toujours – là pour toi. Et ça, c'est quelque chose d'inéluctable et irrévocable. Et tu auras toujours ta dose de câlin quotidien. Tu sais que je suis incapable de m'en passer. » Au fur et a mesure de ce qu'elle énonçait, elle comptabilisait ses différentes 'premièrement' et 'deuxièmement' sur ses longs doigts blêmes. « Troisièmement, je t'interdis d'aller toucher à un seul de ses cheveux. Tu as déjà assez de soucis comment ça. Quatrièmement... » Un sourire espiègle se peignit sur ses lèvres. « Arrête de faire cette tête d'enterrement. Oublions tout ça, d'accord ? »

Elle le tira par la main comme un enfant, le ramenant avec cette même autorité dans la cuisine, et l'obligeant à se rasseoir, se posa elle même sur les genoux du jeune homme comme une grande gamine. Elle voulait effacer ce moment de gêne et de colère, qui faisait vibrer encore quelque peu les prunelles cobalt de Ronàn. Elle prit son portable ainsi que celui du jeune homme, et partit un instant afin de les poser sur la commode, après les avoir soigneusement éteints. « En fait... tu as entendu parlé du bal d'Halloween ? » Un rictus se dessina sur les lèvres de la jeune rousse. Le bal d'Halloween de Kirin consistait en un bal masqué, où tous les déguisements étaient évidemment permis. Si cette idée tirait une moue amusée à melisende, c'était parce qu'elle connaissait d'or et déjà la réponse de Ronàn: 'hors de question que j'aille à ce bal ridicule.' Mais Melisende possédait un fort pouvoir de persuasion, surtout en compagnie de Ronàn, et elle était tout a fait capable d'obliger le jeune homme réticent à venir à ce fameux 'bal ridicule'. Elle avait pour sa part déjà préparé son costume, et elle serait présente – il fallait de toutes façon plusieurs professeurs, afin de surveiller la fête et les élèves. Elle aimait bien ce genre de festivités, mais cette dernière serait bien plus agréable si elle savait Ronàn près d'elle – comme pour tout, d'ailleurs. Elle s'était déjà résignée à l'idée qu'il faudrait se contenter de sa part d'un costard classique – qui lui allait d'ailleurs à merveille malgré le fait qu'il n'aimait pas porter ce genre d'atours. Les costumes donnaient la migraine à Ronàn.